RE 2020 reportée de 6 mois

Rédaction
18/02/2021
Modifié le 01/10/2021 à 16:56

Réunie avec les grandes fédérations de la construction et du bâtiment, Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, a annoncé le report de 6 mois de la RE 2020.

Le gouvernement a rappelé vouloir favoriser la mixité des matériaux. [©ACPresse]
Le gouvernement a rappelé vouloir favoriser la mixité des matériaux. [©ACPresse]

Réunie avec les grandes fédérations de la construction, Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, a fait de nouvelles annonces autour de la RE 2020. En effet, la mise en place de la réglementation environnementale reste très tendue. Entre critiques et incompréhensions, de nombreux professionnels du secteur font entendre leur voix depuis plusieurs mois.

Ainsi, la ministre a indiqué le report de l’application de la RE 2020. Elle est désormais prévue le 1er janvier 2022. Une nouvelle échéance qui implique aussi un décalage des seuils de réduction d’émissions de CO2 (- 30 % à terme) portés à 2025, puis 2028 et enfin, 2031. Par ailleurs, un observatoire, piloté par la DHUP avec le CSCEE, sera créé, afin d’étudier l’impact et le suivi de la réglementation. Une façon d’intégrer une clause de revoyure pour d’éventuels ajustements des paliers de 2028 et 2031. « Nous souhaitons maintenir les exigences de départ, tout en continuant à travailler sur les méthodes et leur appropriation », explique Emmanuelle Wargon. Gros sujet de discorde, l’ACV dynamique simplifiée est toujours à l’ordre du jour !

La crainte des surcoûts exprimée

« L’ACV dynamique est conservée comme méthode, détaille Guillem Canneva, directeur du cabinet adjoint. Nous allons porter sa normalisation à l’échelle française et européenne à l’occasion de la présidence de l’Union européenne de la France. Il y aura une phase de consultation avec des ajustements, si besoin… » Sur la question de l’indicateur Bbio, les objectifs restent inchangés : – 30 % par rapport à la RT 2012. « C’est une moyenne qui est amenée à moduler en fonction de la situation géographique et de la surface de la réalisation pour éviter les surcoûts. »

Parmi les professionnels présents, Jean Passini, président de la commission environnement et construction durable de la FFB « salue l’ambition et l’audace de la RE 2020 ». Si la fédération est satisfaite du report de l’entrée en vigueur et de la clause de revoyure, elle maintient ses craintes autour des surcoûts. « Il faudra s’assurer de mesures d’accompagnement suffisantes pour permettre à nos clients de supporter les surcoûts associés à cette nouvelle marche, explique Olivier Salleron, président de la FFB. Mais aussi, à nos entreprises de se structurer, se former et s’équiper en conséquence. »

Un changement de système d’exploitation

De son côté, Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH, rappelle l’importance de ce travail de consultation et d’échanges avec la profession. « Les concertations ont été menées à l’envers et ont amené des tensions. Les bailleurs sociaux partagent les ambitions et la volonté d’aller vers le bas carbone. Mais si la RE 2020 est trop technocratique, quid des usagers ? Nous avons un doute majeur sur notre capacité à tenir financièrement cette réglementation. » Un avis partagé par Alexis Rouque, délégué général de la Fédération des promoteurs immobiliers. « Nous avons du mal à évaluer les surcoûts. La RT 2012 était comme un changement de logiciel. Avec la RE 2020, nous sommes sur un changement de système d’exploitation ! Il faut de la soutenabilité financière et administrative. Nous ne souhaitons pas non plus nous enfermer dans des solutions techniques. » Il rappelle ainsi l’exemple de la voiture Diesel qui fut encouragée, puis sanctionnée ! « Il y a beaucoup de marge d’incertitudes. »

A ces craintes, Emmanuelle Wargon estime que la nouvelle réglementation répond à des ambitions « écologiques et sociales ». Et que « la qualité des logements reste une priorité ». Le gouvernement a aussi rappelé vouloir favoriser la mixité des matériaux. Concernant les surcoûts, il compte sur « l’effet d’apprentissage des filières ». Et Guillem Canneva, directeur du cabinet adjoint, de conclure : « La préoccupation est plutôt sur les surcoûts immédiats. Mais selon les études, ces derniers sont estimés de + 3 % à + 4 %. »