Pare-vapeur ou frein-vapeur ?

Yann Butillon
04/07/2022

La régulation de l’humidité dans le bâti implique de concevoir des systèmes d’isolation et de circulation de l’air, qui se répondent et qui se correspondent. Au cœur de cette réflexion, se situe le débat entre pare-vapeur et frein-vapeur.

Article initialement publié dans Bâti & Isolation n°32

De l’intérieur vers l’extérieur, un sous-plafond en mélèze est posé sur chevrons. Il est ensuite recouvert d’un pare-vapeur. S’en suit la mise en place de deux couches de chevrons croisés, qui intègrent un total de 28 cm de laine de verre. L’ensemble est enfin recouvert de panneaux jointifs en OSB, accueillant le film d’étanchéité. Un lattage, cloué sur les panneaux en OSB, permet la fixation des bardeaux en mélèze. [©Lombard et Vasina]
De l’intérieur vers l’extérieur, un sous-plafond en mélèze est posé sur chevrons. Il est ensuite recouvert d’un pare-vapeur. [©Lombard et Vasina]

Pare-vapeur et frein-vapeur, derrière ces deux mots se cachent deux techniques inhérentes à l’isolation et à l’étanchéité. Ils peuvent se confondre sans peine. Pourtant avec ce duel lexical, c’est un duel technique, qui est illustré. Pour les différencier, partons de la réglementation. Dans le vocabulaire officiel du bâtiment, qui englobe les DTU, les règles de l’art et tous les textes réglementaires, le terme “frein-vapeur” stricto sensu n’existe… tout simplement pas, la solution n’étant pas considérée comme suffisamment imperméable à la vapeur d’eau.

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Pour protéger le bâti et barrer la route de l’humidité, seul le pare-vapeur est reconnu comme efficace. On notera au passage que ses performances sont évaluées avec la résistance à la diffusion de vapeur d’eau, nommée Sd. Elle est aussi appelée perméabilité à la vapeur d’eau. La valeur Sd se calcule de la manière suivante : Sd = μ x d(m). Dans laquelle d est l’épaisseur du matériau exprimée en mètres. Plus Sd est proche de 0, plus la membrane laisse passer la vapeur d’eau.

Etanche à l’air

Le pare-vapeur est donc étanche à l’air et bloque de manière totale la vapeur d’eau. Bien sûr, cette étanchéité permet d’atténuer la circulation de l’air et donc les pertes thermiques. Et ainsi de limiter la surconsommation d’énergie. Mais ce système pose des problèmes, lorsque la vapeur pénètre les murs et que ces derniers sont enduits.

La vapeur est alors piégée entre l’enduit et le pare-vapeur, pile où se situe l’isolant, qui risque alors de se détériorer. Autre problème possible, si la ventilation de la maison est mal conçue. L’humidité va alors stagner à l’intérieur du bâti, engendrant là aussi des détériorations avec des moisissures. Pour éviter ces désagréments, il est donc très important de réfléchir à l’utilisation du pare-vapeur, en fonction de la conception du bâti, et surtout, des matériaux des murs et de la ventilation.

Régulation de l’humidité

A l’inverse, le frein-vapeur est perméable à l’air et permet de réguler le passage de l’humidité. Les problèmes de conception, dont le pare-vapeur peut être victime, est de ce fait éliminé. Mais l’efficacité, quant à la réduction des déperditions énergétiques, est aussi plus limité. Pour comparaison, il fonctionne exactement comme un textile pour sportif, qui permet de se protéger de la pluie. Tout en évacuant la vapeur.

Réfléchir aux associations

Alors lequel choisir ? Une question à laquelle il est impossible de répondre, de manière définitive. Deux situations sont simplifiées par la réglementation : les zones climatiques très froides et sous les combles. Dans les deux cas, le pare-vapeur est obligatoire. Il est aussi très conseillé pour les maisons à ossature bois. C’est l’Avis technique du revêtement extérieur, qui précise alors les conditions de mise en œuvre et le type de PV requis. Reste les constructions maçonnées ou en béton.

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Le choix doit se faire en fonction de la nature de l’isolant. Les isolants dits “naturels” doivent respirer et ne surtout pas être emprisonnés dans la paroi. Ils se dégraderaient alors, plus ou moins rapidement. Il est donc recommandé de faire correspondre à ce type d’isolant, un frein-vapeur, qui engendrera une circulation de l’air. D’une façon générale, le choix du complexe de gestion de la vapeur doit se faire en réfléchissant, au préalable, à son association avec l’isolant et avec le système de circulation de l’air.