Lafarge teste la toupie hybride Cifa sur la Côte d’Azur

Rédaction
13/04/2018
Modifié le 11/08/2020 à 14:23

Décorée par l’artiste de Street Art Faben avec, pour slogan, “Roulez Vert… l’avenir”, la première toupie hybride de Lafarge France livre, sans bruit, ses bétons dans la ville de Nice. Retour d’expérience avec William de Lumley, directeur de l’agence Côte d’Azur.

Quitte à innover autant que cela se sache ! La toupie hydrique de Lafarge arbore un décor signé par l’artiste de Street Art niçois Faben. [©Cyrille Maury]

Quitte à innover autant que cela se sache ! La toupie hydrique de Lafarge arbore un décor signé par l’artiste de Street Art niçois Faben. [©Cyrille Maury]

Outre qu’elle est, sans doute, la plus belle et la plus verte, la nouvelle centrale à béton niçoise de Lafarge France a un autre atout dans sa manche : compter dans sa flotte le premier camion-malaxeur hybride du groupe. Une intégration réalisée dans le cadre d’un contrat exclusif de location avec le transporteur Jacky Perrenot. Ainsi, sur un porteur Mercedes Arocs à motorisation Diesel prend place la toupie Energya E9 à entraînement électrique de marque Cifa. Pour faire tourner la cuve d’une capacité de 9 m3 de la toupie, le moteur à induction est alimenté par 88 batteries au lithium indépendantes, lui assurant 6 h d’autonomie. Le système se recharge en roulant et au freinage par récupération d’énergie avec, en appui, une prise d’alimentation pour un complément de charge à la centrale ou sur le chantier, si nécessaire. Par sécurité, le camion embarque aussi deux moteurs thermiques de 75 ch et 10 ch, permettant de faire tourner la cuve en cas de panne électrique ou de dysfonctionnement. A noter que le poids des batteries – 1 t – a nécessité une dérogation pour l’homologation du véhicule. 

Il faut que jeunesse se fasse…
Le véhicule intervient sur Nice et dans sa proche périphérie depuis l’automne 2017. Le temps d’identifier ses points faibles. « Nous avons eu quelques déboires, dont un blocage complet de la toupie une dizaine de jours après sa mise en service, reconnaît William de Lumley, à la tête de l’agence Côte d’Azur de Lafarge France. Rien d’insurmontable, mais ces soucis techniques, liés à la connaissance du matériel, nous ont permis de mieux appréhender le potentiel de la technologie et ses limites. En clair, il faut plutôt rester sur des bétons fluides, le moteur électrique ayant plus de mal avec des bétons fermes, lourds ou particuliers… »
Par contre, aucune différence sur les aspects opérationnels : même temps de remplissage et de déchargement, le bruit du moteur du porteur en moins. Un changement appréciable pour les riverains, mais aussi pour les opérateurs, qui entendent le bruit du sable et des matériaux se mélangeant dans la cuve.
Côté maintenance, si la résistance à l’usure nécessite une étude approfondie sur un cycle d’une année, les gains s’annoncent importants avec une moindre usure du moteur thermique et très peu d’entretien pour la partie “toupie électrique”. « Nous sommes aussi en train de quantifier les gains en économie de carburant et de C02, qui s’annoncent positifs et très encourageants », reprend William de Lumley.

Superbe et joyeuse, la peinture a été réalisée en 3 j, dans les ateliers du transporteur Jacky Perrenot, en faisant tourner la cuve, centimètre par centimètre… [©Cyrille Maury]

Superbe et joyeuse, la peinture a été réalisée en 3 j, dans les ateliers du transporteur Jacky Perrenot, en faisant tourner la cuve, centimètre par centimètre… [©Cyrille Maury]

Déploiement par étapes.
Avec une signature écologique améliorée en termes d’énergie, de nuisances sonores et de qualité de l’air, cette toupie hybride apporte énormément, en particulier en fin de journée et la nuit, lors du coulage d’ouvrages de voirie. Pour mémoire, sur chantier, la délivrance du béton se fait moteur du porteur coupé. Fort de cette première expérience, Lafarge entend déployer la technologie à son rythme et en étudiant toutes les pistes. « Sur Nice, le maillage des stations de GNV était insuffisant pour envisager un porteur fonctionnant au gaz naturel, mais l’idée est bien d’utiliser la solution la plus efficace en fonction du tissu urbain et de la disponibilité des sources d’énergie. » Une stratégie liée aussi au prix du camion hybride, de 30 % à 40 % supérieur à un véhicule thermique. « Les industriels montrent la voie, mais le développement de cette technologie vertueuse mérite un soutien des collectivités, le temps que ce surcoût dû à l’innovation et à une fabrication encore semi-artisanale s’atténue », conclut William de Lumley.

Cyrille Maury

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