Modifié le 01/10/2021 à 16:56

Chute de la construction neuve, emplois fragilisés, hausse du prix des matériaux… La FFB alerte et propose des solutions pour redresser la barre.

Olivier Salleron, président de la FFB. [©ACPresse]
Olivier Salleron, président de la FFB. [©ACPresse]

Depuis le début de la crise sanitaire, les différents syndicats professionnels du bâtiment alertent sur la santé de la construction neuve. Le 23 mars dernier, la Fédération française du bâtiment (FFB) a réitéré ses inquiétudes et demandé des actions concrètes de la part des pouvoirs publics. En effet, le nombre de mises en chantier est descendu à 351 000 logements en 2020. Soit 10 000 de moins que la moyenne et un chiffre équivalent à l’entrée en crise du début des années 1990. « Et les évolutions à fin janvier ne rassurent pas, avec des permis encore en recul de 9 % en glissement annuel sur trois mois, après – 15 % en 2020, détaille Olivier Salleron, président de la FFB. Sans relance puissante et rapide, la barre des 300 000 logements commencés sera très probablement enfoncée au tournant 2021-2022. »

Le non résidentiel neuf semble être encore plus atteint et cela ne devrait pas aller en s’arrangeant… Ainsi, les surfaces commencées chutent de 16 % en 2020. Tandis que, les surfaces autorisées enregistrent une baisse de – 19 % en 2020 et – 16 % en glissement annuel sur trois mois à la fin de janvier 2021. « L’année 2021 risque donc de se révéler la pire jamais observée depuis 1986, en termes de surfaces commencées. D’autant que tous les segments du non résidentiel participent de ce mouvement, y compris en commande publique. » De son côté, le secteur de l’amélioration-entretien reprend doucement.

La pire crise de la construction neuve depuis 1986

Pour la FFB, les effets de MaPrimeRénov’ et des mesures prévues par France Relance commencent à avoir un impact. « Le bilan 2020 ne le révèle pas tout à fait pour l’ensemble, puisqu’au sens de la facturation, l’activité du quatrième trimestre s’inscrit encore en baisse de 2 % sur un an, hors effet de prix. » Toutefois, cette tendance ne permettra pas de compenser la précipitation de la construction neuve.

Même constat en ce qui concerne l’emploi dans le bâtiment. « La dynamique de la rénovation énergétique permettra d’atténuer le choc, mais pas de l’empêcher. » Sachant que certains métiers du gros œuvre ne trouveront pas de passerelles avec la rénovation. L’année 2020 a enregistré une perte de 2 900 postes, soit – 0,2 %, principalement dans l’intérim. Un chiffre à nuancer selon la FFB. « Avec 44 000 logements commencés en moins en 2021 et un ratio de 1,6 emploi mobilisé dans l’ensemble de la filière par logement construit, 70 000 emplois se trouveront très fragilisés à l’horizon 2022. Et ce, au regard des délais de production. En tenant compte de la chute du non résidentiel neuf, aux environs de 100 000 emplois seront menacés. »

La hausse des prix des matériaux, une conséquence de la pandémie

Autre conséquence de la crise sanitaire : la hausse des prix des matériaux. Un phénomène remarqué depuis la fin 2020. L’augmentation a tout d’abord été observée sur les produits en acier et en cuivre, puis sur le bois de construction et les autres métaux non ferreux. « Le mouvement a gagné plus récemment les plastiques, le polyuréthane et le polystyrène. Il n’est pas rare de recevoir des annonces à + 30 %, voire plus encore, sur les produits du bâtiment. Les craintes se portent maintenant vers des équipements plus techniques, dotés de puces électroniques ou autres composantes en silicium. » Cet effet est renforcé par une difficulté d’approvisionnement et par conséquent de réalisation de chantier. « Or, force est de constater que la plupart des marchés restent signés à prix ferme, non actualisables, ni révisables. Et prévoient des pénalités de retard. Ces chantiers risquent donc de se révéler systématiquement à perte. »

Face à ces différents constats, la FFB a formulé plusieurs propositions, afin de lever les blocages et accompagner les donneurs d’ordres. Ainsi, la fédération en appelle aux collectivités locales, afin d’accélérer la délivrance des permis de construire. De plus, elle demande, une fois de plus, la mise en place d’un “permis déclaratif” pour toutes les opérations réalisées sous permis d’aménager ou en zone d’aménagement concerté.

Un appel au gouvernement et aux collectivités locales

« Nous alertons aussi sur le risque que la loi Climat et Résilience ne débouche sur une politique foncière axée sur le seul objectif de lutte contre l’artificialisation des sols, aux contours mal maîtrisés. Sans prise en compte des besoins socio-économiques sur les territoires visés. » Par ailleurs, la FFB considère que le nouveau protocole engageant Action Logement, l’Etat et l’USH1 en faveur du logement social va dans bon sens. Mais, il faut aller plus loin… Elle propose de créer un crédit d’impôt sur les cinq premières annuités d’emprunt des primo-accédants. « Quant à l’investissement locatif, la FFB rappelle son souhait de voir majorer transitoirement la réduction d’impôt “Pinel”. »

Concernant la RE 2020, la fédération continue de militer pour l’annonce rapide d’un accompagnement financier couvrant les surcoûts associés. « Enfin, pour permettre au secteur de tenir, il faut s’assurer que les surcoûts liés aux matériaux soient partagés des industriels jusqu’au client final. La FFB demande donc que soient réactivées, pour quelques mois, les ordonnances du printemps 2020. Ces dernières avaient transitoirement gelé les pénalités de retard. » La fédération demande aussi que le gouvernement « communique fortement en faveur de l’indexation des marchés ».

1Union sociale pour l’habitat