FFB : 2021 sera entre chien et loup

Frédéric Gluzicki
15/12/2020
Modifié le 23/04/2021 à 12:50

L’année 2020 s’achève sur un score meilleur que prévu. Et 2021 s’annonce déjà comme délicate : - 5,6 % attendu en comparaison à 2019...

L’année 2021 sera celle de grands bouleversements, normatifs et réglementaires. La construction devra s’y adapter...
L’année 2021 sera celle de grands bouleversements, normatifs et réglementaires. La construction devra s’y adapter…

Le bâtiment ne pouvait échapper à la crise. Toutefois, l’année 2020 se solde sur un score moins mauvais que prévu. Certes, l’activité des entreprises du secteur affiche – 15 % en volume. Mais les deux tiers de ce recul correspondent à l’arrêt durant le premier confinement, compensé dans une large part par les mesures de soutien immédiat. C’est ce qui explique que les entreprises de bâtiment soient toujours là et que l’emploi tienne : la baisse se trouve limitée à 0,8 %, soit 10 000 postes de moins, sur un an.

Plus en détail, on relève une dégringolade en construction neuve : – 22 % dans le logement et – 23 % dans le non résidentiel. C’est la conséquence de l’arrêt des chantiers pendant le confinement et de la difficile reprise de l’instruction des permis et de la commande publique. Ainsi, côté logement, l’année 2020 affiche un repli de 8 % des mises en chantier et une chute de 15 % des autorisations. Côté non résidentiel, ces deux indicateurs s’effondrent de 15 % et de 18 %. Quant à l’amélioration-entretien, elle limite la casse, à – 9 %.

Une année 2021 en demi-teinte

Dans ce contexte, les perspectives 2021 s’annoncent en demi-teinte. La Fédération française du bâtiment (FFB) prévoit une hausse globale d’activité de 11 % en volume. Cette bonne nouvelle correspond en réalité à un simple rebond. Et ce ressaut ne permet pas de compenser l’effondrement de 2020. Ainsi, rapportée à l’activité de 2019, la prévision 2021 ressort en recul de 5,6 %… Certes, les prolongations du PTZ et du Pinel, bienvenues, mais sans “coup de pouce” ne peuvent s’assimiler à des mesures de relance. D’autant que les recommandations relatives aux conditions d’octroi du crédit pèsent sur les primo-accédants. Quant au non résidentiel, l’habituel attentisme des donneurs d’ordres privés en temps de crise risque de se trouver complété par un nouveau repli de la commande publique. 

En résumé, les mises en chantier s’afficheraient en baisses respectives de 12,6 % en logement et de 6 % en non résidentiel. Ceci, pour tendre vers 328 000 unités et 22,2 Mm² sortis de terre. Quant aux permis, ils fléchiraient encore d’environ 9 % en logement et 3 % dans le non résidentiel. Seul, le segment de l’amélioration-entretien ressortirait en hausse de près de 10 % en 2021, solde de deux mouvements contraires (chute 2020 et rebond en 2021). 

Un renchérissement de la construction de 4 à 8 %

En 2021, les mises en chantier s’afficheraient en baisse de 12,6 % en logement. [©ACPresse]
En 2021, les mises en chantier s’afficheraient en baisse de 12,6 % en logement. [©ACPresse]

Pour ne rien arranger, l’année 2021 sera celle de grands bouleversements, avec l’entrée en vigueur de nouvelles normes et règles s’appliquant à la construction. Telles que la gestion des déchets sur chantier (passant de cinq à sept flux à trier). Ou la généralisation des douches sans ressaut (sans marche), les études de sol préalables et mesures parasismiques. Ou encore le pré-équipement des places de parking en bornes de recharge électrique et le doublement des espaces de stationnement des vélos. Autant de contraintes qui vont obliger à revoir certains projets, en retarder d’autres et à renchérir la construction. Sans compter l’arrivée de la RE 2020.

D’une manière globale, le gouvernement, optimiste, chiffre le surcoût construction associé à environ 4 %. La profession, pessimiste, l’estime à plus du double ! Ce sera donc entre 4 et 8 % en plus… « La légitimité de chacune de ces avancées n’est pas contestable,concède Olivier Salleron, président de la FFBEn revanche, leur accumulation en si peu de temps et l’absence de toute mesure de compensation se transformeront en nouveau choc pour la construction neuve, faute de pouvoir faire supporter ces surcoûts à tous nos donneurs d’ordres potentiels. »

Enfin, l’expérience passée montre que sortir d’une crise du secteur prend trois ou quatre ans. La FFB propose trois mesures de relance pour le logement. Tout d’abord, la mise en place d’un crédit d’impôt transitoire à la primo-accession dans le neuf. Ensuite, un complément au crédit d’impôt pour accompagner l’arrivée de la RE 2020. Et comme troisième mesure, elle souhaite voir majorer le Pinel pour les logements “labellisés RE 2020”. Ces propositions seront-elles suivies d’effets ? Réponse dans les mois qui viennent.