La RE 2020 entre avis favorable et critiques structurelles

Rédaction
28/01/2021
Modifié le 23/04/2021 à 12:52

Le CSCEE rend un avis favorable avec 13 amendements au projet de RE 2020. Malgré tout, les critiques et revendications ne cessent de retentir chez les professionnels du secteur de la construction.

L’année 2021 sera celle de grands bouleversements, normatifs et réglementaires. La construction devra s’y adapter...
L’année 2021 sera celle de grands bouleversements, normatifs et réglementaires. La construction devra s’y adapter… [©ACPresse]

Après une première concertation sans issue le 12 janvier dernier, le CSCEE1, réuni en plénière, a rendu un avis favorable au projet portant sur la RE 2020, ce mardi 26 janvier 2021. Entre l’envie de faire avancer la construction vers une transition environnementale plus ambitieuse et les oppositions de la profession, l’incertitude planait sur le résultat de cette rencontre. En cause, plusieurs sujets de discorde. Différents syndicats et fédérations contestent la date d’entrée en vigueur de la RE 2020, l’utilisation de l’ACV dynamique simplifiée ou encore les seuils du Bbio. Si l’avis comporte 13 amendements qui reprennent certaines de ces demandes, l’opposition reste forte.

Le vote a ainsi recueilli 13 voix favorables, 11 défavorables et 2 abstentions. Sachant que l’avis du conseil reste consultatif, la balle est désormais dans le camp du gouvernement, qui devra tabler sur les recommandations et inquiétudes des professionnels du secteur de la construction. Cette mission reste toutefois délicate à opérer. En effet, plusieurs revendications font grand bruit. En simultané avec le vote, huit organisations ont diffusé une communication à charge. Ainsi l’USH, le FPI, le Pôle Habitat FFB, la FFB, la Fédération Scop BTP, la Capeb, l’Unsfa et l’Untec appellent à « une RE 2020 véritablement ambitieuse, humaine, abordable et durable ».

Les “huit” vent debout

En effet, pour ces “huit”, « le projet présenté par le gouvernement mi-décembre ne réunit pas les conditions d’une adhésion massive de la filière construction ». En cause : le manque de concertation « suffisamment aboutie », des analyses « contradictoires » et « de sérieuses zones d’ombre ». De plus, les organisations estiment que « le modèle et les seuils retenus risquent d’exclure à court terme des filières entières de production, qu’il s’agisse de la construction en maçonnerie ou de celle de l’acier. Avec le projet proposé, il est certain que l’usager continuera à subir un inconfort d’été. Il est certain que de nombreuses opérations se trouveront condamnées par le poids carbone des infrastructures imposées par les PLU. Et qu’il en ira de même pour les opérations prévues sur des terrains présentant des contraintes de sol ou d’orientation. Il est aussi certain qu’il en sera fini du recours au gaz ou aux radiateurs électriques performants, fût-ce en appoint ».

De son côté, l’AIMCC considère l’avis comme globalement équilibré. Tout en rappelant « qu’il ne s’agit pas d’un vote positif au texte actuel de la RE 2020 et qu’elle sera particulièrement vigilante sur la demande partagée par tous, d’un retour à l’ACV normalisée, telle que pratiquée dans l’expérimentation E+C-. L’AIMCC restera aussi attentive à ce que le texte ne favorise pas une filière ou une technologie face à une autre et au maintien de l’ambition sur le Bbio. Sachant que les industriels de la construction sont toujours dans une démarche de progrès et d’ambition pour le secteur. »

Une unanimité sur l’ACV dynamique

A l’instar de l’AIMCC, la Filière Béton salue le vote du CSCEE. Le collectif demande le respect des observations formulées par le Conseil et met l’accent sur le retrait de l’ACV dynamique. « Parmi la quinzaine d’amendements listés dans l’avis […], celui qui consiste à revenir à l’ACV normée a fait l’objet, lors des discussions, d’un consensus de toutes les parties. Une unanimité logique, car l’ACV dynamique simplifiée telle qu’elle est proposée, exposerait à un risque environnemental inconsidéré. Tout en rendant inutile toute réflexion sur la manière de construire “intelligemment” les bâtiments de demain. » La Filière Béton exprime aussi son soutien aux engagements de décarbonation de la réglementation. Elle confirme ainsi qu’elle s’inscrira dans cette trajectoire avec comme objectifs – 35 % et – 40 % de réduction de l’empreinte carbone des bâtiments pour 2030. « La Filière réclame enfin une véritable cohérence, aussi bien avec la Stratégie nationale bas carbone qu’avec le plan de relance et les actions de décarbonation des filières industrielles. »

Les différents arbitrages ministériels autour de la RE 2020 devront aboutir à un nouveau texte en février. Reste à savoir si le gouvernement cédera aux multiples revendications.

1Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique.