Les industriels du polystyrène expansé, représentés par l’Afipeb, se retrouvent dans une impasse. La base Inies refuse de prendre en compte leurs Fdes, lorsque leurs produits intègrent de la matière certifiée “Mass Balance”.
Les industriels du polystyrène expansé, représentés par l’Association française de l’isolation en polystyrène expansé dans le bâtiment (Afipeb), s’emploient à diminuer l’empreinte carbone de leur production. Cependant, ils se retrouvent aujourd’hui dans une impasse. La base Inies refuse de prendre en compte leurs Fdes, lorsque leurs produits intègrent de la matière certifiée “Mass Balance”. C’est-à-dire lorsque le polystyrène expansible, puis les panneaux isolants qui en sont issus, recourent au principe d’allocation de ressource renouvelable.
Une nouvelle génération de PSE bas carbone
L’industrie des panneaux d’isolation en polystyrène expansé (PSE) s’est mobilisée depuis quelques années pour trouver des solutions, afin de s’inscrire dans la construction bas carbone. Et ainsi réduire son impact sur l’environnement. Cette approche consiste à repenser la chimie basée sur des ressources fossiles, pour y substituer des ressources renouvelables. Les industriels misent notamment sur les biogaz, en cassant des molécules de gaz provenant de la décomposition des végétaux. « Pour tous les industriels du secteur, produire du PSE avec des déchets de végétaux, c’est clairement l’avenir. Ces déchets existent et ne demandent qu’à être valorisés. Pour la filière, les enjeux sont considérables, en permettant notamment de réduire l’impact carbone des produits concernés. Et de répondre aux objectifs de la transition progressive vers des constructions bas carbone », affirme Amaury Omnès, président de l’Afipeb. l’affirme.
Une technologie déjà reconnue
Des panneaux PSE recourant à cette technologie existent déjà. Néanmoins, c’est une technologie naissante et les quantités de matière première sont encore limitées. Aujourd’hui, l’industrie du PSE ne peut pas produire à 100 % du PSE bas carbone à partir de la biomasse. Pour y remédier, elle a fait le choix de mélanger sa matière première issue de la biomasse et celle issue du pétrole pour fabriquer les différentes molécules servant aux productions en aval.
Cette évolution n’impacte pas le processus industriel. Que ce soit chez les producteurs de matière première ou chez les fabricants d’isolants en polystyrène expansé, la fabrication de ces isolants PSE bas carbone exploite les installations standards. De fait, pour les industriels, l’enjeu principal réside sur le principe d’allocation de la biomasse dans le produit de base et final. Ainsi que sur les processus de traçabilité visant à la justifier.
Pour cela, ils ont décidé d’utiliser le principe de la Crédit Method de l’approche “Mass Balance” décrite par la norme ISO 22095 “Chaîne de contrôle – Terminologie générale et modèles. « Cette méthode consiste à la mise en place d’une chaîne de contrôle, à toutes les étapes de production, pour allouer la quantité initiale issue de la biomasse à une partie des matières produites. Cette norme établit qu’il existe un lien entre le flux documenté administrativement et le flux physique des matériaux et des produits », détaille Joaquim Correia, vice-président de l’Afipeb. Des organismes indépendants expérimentés contrôlent cette allocation de crédit “Mass Balance” et délivrent une certification attestant qu’elle est exacte. Cette certification s’étend jusqu’au bout de la chaîne. C’est-à-dire jusqu’aux produits finis, les isolants en polystyrène expansé.
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Blocage de la base Inies
En France comme en Europe, l’approche “Mass Balance” est utilisée depuis longtemps dans d’autres filières et elle est même acceptée dans la certification du bois durable. Son recours dans les nouvelles technologies pour une transition écologique et circulaire efficace, a été reconnue par plusieurs ONG de renom, telles que WWF et la Fondation Ellen Mc Arthur. Pourtant, Amaury Omnès constate que « nous avons lancé des produits, nous avons élaboré des Fdes qui ont été vérifiées par des vérificateurs indépendants habilités. Cela montre bien que tout est sous contrôle, car la partie “Mass Balance” est, elle aussi, vérifiée par des acteurs indépendants.
Et, après avoir publié des premières Fdes, il se trouve qu’en mars 2021, la base Inies a édicté une nouvelle règle interdisant l’utilisation de “Mass Balance” ». Cette dernière fonde sa décision sur une interprétation des normes que les industriels du PSE contestent. « C’est une décision unilatérale qui n’est pas appliquée en Allemagne par l’homologue de la base Inies (Ibu), qui reconnaît cette approche pour les produits de construction. Les pouvoirs publics refusent d’en discuter », se désole Joaquim Correia. Cette décision met en difficulté les industriels concernés qui n’ont plus la possibilité de publier des Fdes utilisant le principe “Mass Balance”. Autrement dit, leurs produits bas carbone ne sont pas reconnus et ne peuvent pas participer à la transition progressive vers des constructions bas carbone.
Et Joaquim Correia, de conclure : « Refuser la Crédit Method Mass Balance, c’est se priver d’un outil précieux pour faire avancer les filières dans la bonne direction. Cette approche que nous défendons intéresse tous les produits de construction intégrant des matières différentes, issues du recyclage ou encore de la biomasse et qui vont en avoir besoin pour démarrer leur transition ». A suivre…