Afipeb : « La filière se concentre sur la recherche autour de la dépolymérisation »

Rédaction
10/09/2019
Modifié le 17/09/2019 à 16:26

Le PSE représente plus de 65 Mm2/an d’isolants posés en France. La filière concentre une partie de ses efforts sur le recyclage et la valorisation. Echange avec Amaury Omnès, président de l’Association française de l’isolation en polystyrène expansé dans le bâtiment (Afipeb).

Président de l’Afipeb
Président de l’Afipeb, Amaury Omnès est aussi directeur général BU PSE de Placoplâtre. [©ACPresse]

Comment se porte le secteur de l’isolation en PSE, en France, en ce moment ? Et quelles sont les perspectives économiques pour les mois qui viennent ?

Amaury Omnès : Le marché de l’isolation représente près de 240 Mm2/an et est en croissance. Le PSE détient plus de 27 % de part de marché . Dans le détail, l’ITI oscille entre 25 et 30 Mm2/an et l’ITE pèse 9 à 10 Mm2/an. Ces chiffres sont stables depuis des années. Il faut dire que le marché s’est amélioré, en particulier au niveau de la rénovation. Ceci, du fait de l’évolution des lois, des réglementations, des certifications énergétiques… Nous sommes aussi confiants pour l’avenir.

Qu’attendez-vous de la réglementation E+C ? Quelles sont les réponses que vous apportez ? 

Nous sommes favorables à ce qu’il y ait des exigences sur les performances des produits. L’E+Cva dans ce sens.  L’Afipeb a fait réaliser un outil destiné à estimer les performances de divers types de bâtiments isolés selon différentes configurations. Cet outil montre que le PSE aura toute sa place à jouer dans la RE 2020. 

Toutes les filières de la construction parlent de recyclage. Qu’en est-il de la filière PSE ? 

Il est important de le rappeler en toute occasion : le PSE est recyclable à l’infini ! Nous le recyclons à hauteur de 15 % selon les applications.

A l’heure actuelle, c’est surtout le recyclage de chutes de production et de déchets de chantier de construction, qui est pratiqué… Toutefois, la filière participe au consortium européen PS Loop, qui se concentre sur la recherche autour de la dépolymérisation et permettra la récupération de chantiers de déconstruction, ce qui deviendra un enjeu majeur dans les prochaines années. Ce procédé permet de retransformer le PSE en matière première initiale. Il s’agit là d’une véritable voie d’avenir, car la dépolymérisation assure la séparation de tous les constituants présents dans le PSE. On repart en quelque sorte à zéro. Il n’y a donc aucune dégradation des performances des nouveaux produits fabriqués à partir de ces recyclats. PS Loop est piloté par les Pays-Bas, mais une fois le projet abouti, le déploiement de la technologie se fera sur l’ensemble de l’Europe. 

Recycler signifie aussi collecter. C’est là un autre aspect très important du processus de valorisation. Ainsi, nous menons des actions transversales avec la filière de l’emballage, car nous avons des intérêts communs. L’idée est développer un système de collectes efficace. Mais aussi de travailler à mieux informer les citoyens. 

Enfin, le dernier point est plus délicat, car il concerne le devenir même de notre filière. En France, le mot “industrie” reste trop souvent tabou. Mais il ne faut pas oublier que ce sont des emplois locaux et des taxes pour la collectivité. Il est important de sauvegarder les outils de la filière au plus près des utilisateurs pour limiter les transports inutiles et les impacts carbone. Et, faut-il le rappeler, s’il n’y a plus d’industries en France, il n’y aura pas non plus de recyclage…

Les fabricants de blocs coffrants en PSE sont peu présents au sein de votre syndicat. Est-ce une branche à développer ? 

Nous avons des contacts, sachant que nous avons vocation à accueillir chaque acteur concerné par le PSE. L’Afipeb pèse plus de 90 % du PSE en France et souhaite être le représentant de tous les marchés. Avec la filière “emballage”, nous avons en commun le sujet “recyclage”. Avec le Sipev1et le SNMI2, nous collaborons sur les notions de sécurité incendie. Enfin, nous avons travaillé avec le Cérib3et la Fib4sur la résistance sismique des bâtiments.  

Propos recueillis par Frédéric Gluzicki

1Syndicat de l’industrie des peintures, enduits et vernis.
2Syndicat national des mortiers industriels.
3Centre d’études et de recherches de l’industrie du béton.
4Fédération de l’industrie du béton.

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