Existe-t-il une école artistique du béton à Toulouse ?

Haute-Garonne. C’est dans le vibrant quartier de la Daurade, au cœur de la Ville rose, que s’élève un espace novateur : Inessential Space. Sous l’impulsion de l’artiste toulousain Damien Aspe, ce lieu unique se veut un véritable carrefour de créativité, réunissant artistes, expositions et résidences. Pour célébrer son inauguration, Damien Apse propose une première exposition audacieuse intitulée “Laisse Béton”. Cette dernière rassemble quatre talents émergents de la scène contemporaine toulousaine : Nicolas Daubanes, Jean Denant, Rémi Groussin et Lucie Laflorentie. Ensemble, ils transforment le béton en un langage poétique, politique et économique.

L’art et (la matière)…

Pourquoi un tel titre ? Juste une petite référence à la célèbre chanson de Renaud ? Non, ici, “Laisse Béton”, c’est l’art (et la matière !) de s’interroger sur la place accordée aux artistes par notre société et sur la place du béton dans la création contemporaine. C’est aussi un lieu de “révolte” contre le concept de « non essentiel » attribué à l’art durant la pandémie du Covid 19. « Pendant la pandémie, on a beaucoup entendu que le métier le moins essentiel était celui de l’artiste. Je me suis dit que si la culture était déconsidérée, on serait les premiers touchés… »

“Laisse Béton” fait donc résonner un message à la fois revendicatif et symbolique. Les œuvres des artistes se répondent et se confrontent, mêlant nature, architecture, mémoire urbaine et histoire collective. Tout en affirmant la vitalité et l’excellence de la scène artistique toulousaine. Dans un monde où l’art est parfois perçu comme accessoire, ces artistes se battent pour le mettre en lumière.

L’émergence d’une école de Toulouse ?

Rémi Groussin, P.O.V. l’œil rouge (néon de récupération et structure métallique recouverts de ciment). [©Damien Apse]

Les quatre artistes transforment le béton en un langage poétique, politique et économique. [©Damien Apse]

Le béton chargé de sucre de Nicolas Daubanes est inspiré du geste vain des résistants pendant la seconde guerre mondiale pour saboter les constructions du Mur de l’Atlantique. Temporaire et fugitif. [©Damien Apse]

De gauche à droite : peinture ciment de Jean Denant et sculpture de Lucie Laflorentie (buse en béton, bois, bottes). [©Damien Apse]

De gauche à droite : Le Panthéon de Rome de Nicolas Daubanes, Sur les toits au fond des corps (béton et poudre de marbre) de Lucie Laflorentie et Sabotage (béton sucré) de Nicolas Daubanes. [©Damien Apse]

Avec leurs œuvres, ils révèlent la richesse et les contradictions du béton : un matériau brut, mais aussi un vecteur d’émotions et de réflexions. Lucie Laflorentie et Jean Denant explorent la réconciliation entre nature et architecture. Sous une forme très poétique pour la première et avec des réponses brutalistes et puissantes pour le second. Tandis que Rémi Groussin et Nicolas Daubanes, avec son béton “sucré”, plongent dans les histoires urbaines et les mémoires collectives.

Alors nous sommes en droit de nous poser une question simple : existe-t-il une école du béton à Toulouse ? Damien Aspe en est sûr : « Beaucoup d’artistes toulousains sont désormais reconnus, parfois à l’international, tandis que les jeunes générations en région manquent de visibilité. Avec cet espace, je voulais donner la chance aux jeunes artistes de rencontrer la scène internationale ». Et de montrer que Toulouse n’est pas en manque de talents.

Véritable laboratoire artistique, Inessential Space se nourrit d’un esprit d’échange et de collaboration. Et le soutien de l’entreprise locale Garrouste Béton souligne l’importance des alliances entre artistes et acteurs économiques.

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