C’est au sommet de La Cité radieuse à Marseille que s’est installé le Mamo Audi Talents Awards créé par le designer Ora Ito. Quand la passion pour Le Corbusier devient tremplin de la création artistique contemporaine.
En 2010, le designer Ora Ito apprend par un ami avocat que le gymnase, édifié sur la terrasse de La Cité radieuse construite par Le Corbusier entre 1945 et 1952, est à vendre. Cette salle n’a jamais été restaurée. Le site est à couper le souffle avec son un toit-terrasse, véritable pont de navire en plein ciel (à 56 m d’altitude), le regard y embrase le paysage à 360°. Mais des constructions parasites en dénaturent le point de vue. Ces dernières ont été classées aux Monuments historiques avec l’ensemble du bâtiment en 1984, donc impossible de les détruire.

©Sébastien Véronèse
Avec l’appui de la Fondation Le Corbusier qui veut redonner au lieu son aspect d’origine, puis avec le soutien de l’ensemble de la copropriété de la Cité, les obstacles sont levés. Un espace d’art contemporain voit le jour. L’idée du projet d’Ora Ito se base sur le fait que ce lieu était à l’origine dédié au festival d’art d’Avant-garde avec Tinguely, Klein, Béjart… Il faut dire que la passion pour Le Corbusier a débuté très tôt chez le designer, vers 7 ans. « Le Corbusier, architecte intelligent, se réinvente au fil du temps », explique Ora Ito. En installant ce centre d’art sur la terrasse, il reprend ainsi à son compte la philosophie corbuséenne de l’accueil et du partage.
Ora Ito vend sa collection d’art contemporain et les travaux commencent, dont le montant s’élèvera à plusieurs millions d’euros. Un long travail de recherche effectué par des experts de la Fondation Le Corbusier débute pour rendre au site sa coque de béton originelle. Voilà chose faite depuis 2013. « Le béton est pour moi une matière extraordinaire, qui me plaît par sa minéralité, son intégration, sa brutalité… », conclut Ora Ito.
- Paquebot de béton entre terre et ciel, La Cité Radieuse s’orne d’un toit-terrasse qui est devenu un lieu d’exposition, le Mamo pour “Marseille Modulor”. Le terme de “Modulor” faisant référence à la réflexion sur le comportement de l’homme, sur l’équilibre des volumes, de leurs dimensions et proportions qui amène Le Corbusier à établir une grille de mesures s’appuyant sur le “Nombre d’Or”. Il construit sa grille par rapport aux différentes parties du corps humain et l’appelle “le Modulor”. « Nous avons baptisé notre galerie Mamo, pour faire la nique au Moma de New York », sourit Ora Ito. Ici, l’exposition Daniel Buren. ©Sébastien Véronèse
- Le Sika ComfortFloor Pro, système de revêtement de sol à usage piétonnier à base de résine polyuréthane coulée sur sous-couche manufacturée collée, a été mis en œuvre dans le gymnase. ©Sika
- Ora Ito (né en 1977) est “l’enfant terrible du design”. Passionné par Le Corbusier qu’il a découvert très jeune et qu’il a collectionné, une fois adulte, Ora Ito a choisi l’architecte comme totem. Il a acheté ce rêve d’enfant qu’était La Cité radieuse qu’il avait visitée à l’âge de 12 ans, avec pour seule ambition « de restaurer, maintenir et perpétuer l’œuvre de Le Corbusier ». ©Mathieu Colin
- « La problématique des façades en béton de La Cité radieuse a duré 10 ans. La façade Ouest a d’abord été rénovée, puis ont suivi l’étanchéité de la terrasse, enfin en 2012 (suite à un incendie), la reconstruction de 12 appartements. Pour la façade Sud avec sa grande baie, il fallait lui redonner son aspect originel, l’esprit corbuséen. Les murs ont été refaits à l’identique, dans le respect des anciens plans. Les bétons coffrés l’ont été avec le même type de bois », explique François Botton, architecte du Patrimoine et des Monuments historiques.
- « Aujourd’hui, je pousse la collectionnite jusqu’à acquérir toutes les cuisines que Le Corbusier avait dessinées pour La Cité radieuse et que je stocke à l’abri. Sa pluridisciplinarité – il était designer, peintre, poète et architecte -, son travail des couleurs, sa rigueur m’inspirent […] Il a livré une œuvre intemporelle, qui caractérise l’essence même du design et de l’architecture. » ©Fondation Le Corbusier