Léon Grosse : Une histoire du BTP

Rédaction
11/10/2018
Modifié le 06/04/2020 à 15:55

Il est des dirigeants de société, dont on se souvient, qui ont marqué l’histoire de la construction. Le savoyard Léon Grosse (1925-2014) est de ceux-là. Retour sur cette figure emblématique et charismatique du BTP.

1-grosse-portraitIl est des dirigeants de société, dont on se souvient, qui ont marqué l’histoire de la construction. Le savoyard Léon Grosse (1925-2014) est de ceux-là. Retour sur cette figure emblématique et charismatique du BTP.

L’histoire de l’entreprise générale Léon Grosse commence en 1881, à Aix-les-Bains (73). Son fondateur, Léon Grosse, le grand-père de notre Léon, élargit très vite les activités de son entreprise de plâtrerie-peinture à la maçonnerie, puis aux travaux publics, en acquérant la concession du procédé Hennebique pour le béton armé. Dans un marché en rapide expansion, il réalise notamment un pont en arc de 95 m franchissant le Rhône entre les communes de Peyrieu (01) et de La Balme (73) et développe plusieurs projets hydro-électriques dans les Alpes, en Maurienne, en Tarentaise et dans la Romanche, avant de s’illustrer à Paris, où il construit la salle Pleyel.

En 1950, dès sa sortie de l’ESTP, Léon Grosse, son petit-fils, rejoint l’entreprise, qui, après une période d’essor continu, a subi les contrecoups de la crise de 1929, du Front populaire, puis de la Seconde Guerre mondiale. Il débute comme conducteur de travaux. Pendant cinq ans, il se confronte aux réalités du terrain, avant de prendre la direction de l’agence de Paris. Nommé directeur général en 1962, il succède en 1968 à son père, Jean Grosse, à la présidence du groupe. Avec la complicité de son frère Bruno, vice-président directeur général, il met tout en œuvre pour développer l’affaire familiale en surfant sur la croissance des Trente Glorieuses. En moins de 50 ans, Léon Grosse en a incarné les plus belles étapes du développement, multipliant son chiffre d’affaires par 62, et l’a hissée dans le sillage des majors du BTP, tout en préservant son indépendance.

Une empreinte toujours visible

Dans toute la France, des bâtiments portent la signature “Léon Grosse” et témoignent des évolutions successives de l’entreprise. Grâce à l’anneau de patinage de vitesse construit en 1966 à l’occasion des Jeux Olympiques de Grenoble (38), l’entreprise marque l’histoire du bâtiment en réalisant la première surface sans joint de dilatation. En accompagnant la croissance du groupe Nouvelles Galeries-Uniprix à travers toute la France, elle a conduit son bureau d’études à résoudre des problèmes de génie civil complexes. Et s’est illustrée, en 1969, avec “Cap 3000”, le plus grand centre commercial d’Europe de son époque, à Saint-Laurent-du-Var (06), d’une surface de plancher de 55 000 m2. En 1970, on retrouve le chantier de la tour Super-Italie, à Paris, un bâtiment de 112 m de haut conçu par l’architecte Maurice Novarina. En 1980, en réalisant pour EDF l’usine de l’Eau d’Olle, près de Grenoble, Léon Grosse a scellé la renaissance du département “TP”. A partir de 1990, les capacités financières de l’entreprise lui permettent de concurrencer les grands groupes. L’hôpital Robert-Debré, la construction de la couverture des quais de la gare TGV de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry sur les plans de l’architecte Santiago Calatrava en 1994 et celle de la tour du Parlement européen de Strasbourg en 1997 ont marqué l’histoire de la société. Autres belles références, le centre pénitentiaire de Saint-Denis-de-La-Réunion l’a aidée, en 2012, à remporter le concours en conception-réalisation du centre de détention de Polynésie française. L’entreprise s’est également illustrée en réalisant le stade Jean Bouin, à Paris. Véritable concentré d’innovations, cet équipement, conçu par l’architecte Rudy Ricciotti, est couvert d’une enveloppe en résille de béton fibré à ultra hautes performances, qui a permis à Léon Grosse de faire preuve d’une grande audace technique, comme l’avait fait son grand-père, 100 ans plus tôt, en adoptant le procédé Hennebique.

M. C.

2-grosse-super-italieEn 1970, on retrouve le chantier de la tour Super-Italie, à Paris.

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Conçu par l’architecte Rudy Ricciotti, le parc Jean Bouin est couvert d’une enveloppe en résille de béton fibré à ultra hautes performances.