Jérôme Durand : Balise n° 115 à la carrière Prigent

Rédaction
10/01/2019
Modifié le 21/09/2021 à 15:49

Pour la carrière de Prigent, à Guipavas (29), Jérôme Durand a réalisé une planisphère des Antipodes et placé une balise, la n°115, dans le front de taille. Découverte.

Planisphère des Antipodes en béton désactivé, mesurant 4 m de diamètre pour un poids de 6 t.
Planisphère des Antipodes en béton désactivé, mesurant 4 m de diamètre pour un poids de 6 t.

De ces années aux Beaux-Arts à Brest, lui est resté le Land Art. En effet, dans son œuvre, l’artiste breton Jérôme Durand s’interroge depuis 20 ans sur la notion de territoire, sur son appropriation à la fois poétique et artistique. Il installe des balises en bronze dans les différents territoires qu’il traverse. Cette notion est fondamentale dans son travail et les cartes sont là pour situer géographiquement un lieu précis de la planète. Il crée ainsi ses propres plans par rapport à une balise posée. En réalisant ses planisphères, il forme des anamorphoses, des doublements, des recréations de continents, de pays.

Dans la carrière Prigent, performance et installation

 Le 21 septembre 2018, près de 1 t d’explosifs ont implosé dans le front de taille à 53 m sous le niveau de la mer.
Le 21 septembre 2018, près de 1 t d’explosifs ont implosé dans le front de taille à 53 m sous le niveau de la mer.


Ainsi, lorsque le groupe Lagadec, propriétaire de la carrière Prigent de Guipavas (29), lui propose une installation sur son site, Jérôme Durand n’hésite pas, tombant amoureux des lieux. Il réalise alors un planisphère des Antipodes en béton désactivé, qui mesure 4 m de diamètre pour un poids de 6 t. Le groupe Lagadec lui a ouvert les portes de ses ateliers (assistance, centrale à béton, techniciens…). Pourquoi les Antipodes ? Eh bien, parce que « Il est en effet intéressant de se dire que, si l’on poursuivait à la verticale les forages effectués pour poser les charges explosives (à 15 m de profondeur), on arriverait de l’autre côté de la terre, aux Antipodes très exactement. » L’artiste dresse la carte d’un monde inattendu, d’un continent perdu ou inconnu, qui surgit occasionnellement telles des îles éphémères.
En plus de cette exposition, cela a donné lieu à une performance. Le 21 septembre 2018, près de 1 t d’explosifs a implosé dans le front de taille à 53 m sous le niveau de la mer. Créant ainsi un amas de 15 000 t de roche, au cœur duquel se trouve sa balise, portant le numéro 115 et d’une taille de 31 mm x 60 mm, en bronze. Le hasard la conduira « peut-être en Norvège, au Japon ou au fond de la Bretagne » et que l’on pourra retrouver dans 2 000 ou  3 000 ans… Une archéologie du futur. Du Land Art moderne. Aucun système de détection ne permettra de localiser sa balise. «Elle va simplement suivre les chemins empruntés par les matériaux de la carrière, pour finir dans la pile d’un pont ou dans les fondations d’une autoroute. Et peut-être qu’on ne la retrouvera jamais», sourit l’artiste, préférant la “poésie” aux certitudes.

Muriel Carbonnet

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