Isolation pratique : Les combles perdus par soufflage

Rédaction
11/03/2020
Modifié le 20/08/2020 à 23:39

L’AQC, en partenariat avec le Pôle énergie Franche-Comté a publié un rapport sur les bonnes pratiques à adopter pour une bonne isolation des combles perdus par soufflage.

L’AQC a publié un rapport sur les 12 enseignements majeurs pour une bonne isolation des combles perdus par soufflage. [©AQC]
L’AQC a publié un rapport sur les 12 enseignements majeurs pour une bonne isolation des combles perdus par soufflage. [©AQC]

L’AQC, en partenariat avec le Pôle énergie Franche-Comté vient de publier un rapport sur les bonnes pratiques à adopter pour une bonne isolation des combles perdus par soufflage. Afin de tirer les 12 enseignements majeurs à respecter pour cette discipline, l’organisme s’est appuyé sur les retours d’expériences récoltés via son dispositif Rex Bâtiments performants1. Si l’AQC s’est intéressé au sujet, ce n’est pas par hasard. En effet, dans un bâtiment, les planchers hauts peuvent représenter jusqu’à 30 % de déperditions thermiques. Si une isolation des combles par soufflage présente de nombreux avantages, elle peut être inefficace si elle n’est pas réalisée dans les règles de l’art. Dans son rapport, l’AQC aborde alors 12 bonnes pratiques, en y précisant, leurs natures, leurs impacts, leurs origines, leurs solutions correctives et les moyens de les anticiper. En bilan de ce rapport, lAQC réaffirme la nécessité d’anticiper la préparation du chantier. La visite technique avant d’intervenir est indispensable. L’agence alerte aussi sur l’importance de la mise en sécurité et la garantie des bonnes distances entre l’isolant et les équipements électriques ou encore des conduits de cheminée. La continuité de l’étanchéité à l’air et de l’isolation, ainsi que l’accessibilité après travaux restent des points de surveillance majeurs.

1 – Faire place nette avant d’intervenir

Les combles peuvent être un lieu de stockage dans les logements. Il arrive que, malgré la présence d’objets, l’isolant soit soufflé dans l’intégralité de l’espace. Cette situation entraine un problème de continuité de l’isolation à la surface du plancher du comble. Cela génère des ponts thermiques et pourrait dégrader l’isolant. Dans le cas où les travaux se sont réalisés dans de telles conditions, il faut enlever les objets encombrants et compléter de façon propre l’isolation.
Les bonnes pratiques de l’AQC :
– Faire un devis pour une prestation pour vider le comble avant l’intervention.
– Prévoir une clause d’intervention facturée si l’évacuation n’est pas réalisée le jour de l’intervention dans le cas où le client devait prendre ce travail à sa charge.

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Il arrive que, malgré la présence d’objets, l’isolant soit soufflé dans l’intégralité de l’espace. [©AQC]

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Une plate-forme technique a été aménagée pour stocker les tuiles sans altérer l’isolant. [©AQC]

2 – Sécuriser les équipements électriques

La mise en sécurité des équipements électriques, comme les boîtiers de dérivation suspendus aux éléments de charpente par des fils, est une phase importante. En effet, sans cela, la réalisation des travaux peut engendrer l’arrachement des fils ou encore un risque de départ de feu. Si le chantier s’est fait sans tenir compte de cette étape, un élément rigide peut être ajouté pour soutenir les boîtiers électriques.
Les bonnes pratiques de l’AQC :
– Fixer les boîtiers sur un support rigide.
– Vérifier la bonne fermeture des boîtiers déjà en place.
– Rendre étanches les boîtiers, qui ne peuvent être déplacés et qui se retrouveront dans l’isolant.
– Indiquer sur la fiche de chantier le nombre de boîtes de dérivation présentes dans l’isolant.

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Le support rigide ajouté n’est pas dimensionné en conséquence pour supporter le boîtier de façon durable. [©AQC]

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Fixation du boîtier électrique sur un élément rigide de la charpente. [©AQC]

3 – Quid de l’étanchéité à l’air ?

Le manque de sensibilisation des entreprises sur les enjeux de l’étanchéité à l’air peut entraîner le non-traitement de cette problématique avant travaux. Pourtant, si l’isolant est soufflé tel quel, cela peut engendrer des déperditions thermiques de l’enveloppe ou des risques de condensation dans la masse.
Les bonnes pratiques de l’AQC :
– S’assurer que le plancher n’est pas ventilé en sous-face par de l’air extérieur. Cela nuirait à l’efficacité de l’isolant.

Prêt à recevoir l’isolant, ce plancher n’est pas étanche à l’air. [©AQC]
Prêt à recevoir l’isolant, ce plancher n’est pas étanche à l’air. [©AQC]

4 – La ventilation contre la condensation

Dans les combles, le risque de condensation augmente si aucun dispositif pérenne de ventilation n’a été mis en œuvre. Une problématique qui peut favoriser le développement de champignons lignivores et ainsi, le pourrissement des éléments de charpentes. Afin de corriger le non-respect de cette étape, il faut retirer l’isolant dans les zones concernées, et mettre un dispositif de retenue de l’isolant et conserver des passages d’air.
Les bonnes pratiques de l’AQC :
– Mettre en place des déflecteurs pour ne pas obstruer les entrées d’air et contenir l’isolant soufflé.

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Cette entrée d’air n’est ni adaptée, ni durable. [©AQC]

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Pose de déflecteurs en bas de toiture afin de maintenir la continuité de la lame d’air ventilée sous les tuiles. [©AQC]

5 – La place des arrêtoirs rigides

En périphérie des zones isolées, l’absence d’arrêtoirs ou le fait de ne pas avoir une hauteur constante de l’isolant peuvent entraîner des ponts thermiques et un mauvais maintien dans le temps. Si par méconnaissance des règles de l’art ou le manque d’anticipation peut conduire, de tels travaux peuvent être corrigés par la mise en place de rehausses périphériques. Et compléter l’isolant manquant.
Les bonnes pratiques de l’AQC :
– Mettre en place un dispositif pour contenir l’isolant soufflé en périphérie de la zone à isoler : déflecteur, membrane, planche ou encore étrésillon…
– Prévoir une hauteur de retenue 20 % supérieure à l’épaisseur de l’isolant.

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L’isolant n’est pas contenu en périphérie du pourtour de la zone isolée. Il se déverse. [©AQC]

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Une plaque verticale vient contenir l’isolant. [©AQC]

6 et 7 – La gestion des trappes d’accès

Si les trappes d’accès ne sont pas bien gérées durant les travaux, lors de leur ouverture, l’isolant peut s’enlever. Générant ainsi une absence de maintien dans le temps de ce dernier et la création de ponts thermiques.
Les bonnes pratiques de l’AQC :
– Réaliser un coffrage rigide sur le pourtour de la trappe d’accès au comble.
– Prévoir une marge de 20 % par rapport à la hauteur de l’isolant et mettre un repère visuel matérialisant la hauteur finie d’isolant.
– Mettre en œuvre une trappe d’accès isolée et étanche à l’air.
– Traiter l’interface entre la trappe et le coffrage périphérique pour assurer une continuité de l’isolation et de l’étanchéité à l’air.

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La trappe d’accès aux combles ne dispose pas de maintien de l’isolant sur son pourtour. [©AQC]

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Réalisation d’un coffrage périphérique au niveau de la trappe. [©AQC]

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Le châssis vitré n’est pas adapté à une bonne isolation thermique. [©AQC]

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Un coffrage autour de la trappe d’accès vient maintenir l’isolant. [©AQC]

8 – Autour des conduits de cheminée

En cas de non-respect des règles de l’art, les isolants combustibles peuvent se retrouver au contact de conduit de cheminée. Si ce cas de figure n’est pas corrigé par un dégagement de l’espace autour de l’élément, il y a un risque de départ de feu.
Les bonnes pratiques de l’AQC :
– Identifier lors de l’état des lieux du comble, la classe de température du conduit de fumée et sa résistance thermique Ru pour déterminer la distance de sécurité à respecter.
– Respecter une distance de sécurité de 18 cm par défaut pour les matériaux combustibles, lorsque la nature du conduit n’est pas connue.
– Réaliser un coffrage avec des matériaux rigides pour dépasser la hauteur d’isolant de 10 cm.
– Isoler l’espace créé autour du conduit par un isolant non-combustible de classement de réaction au feu au moins M1 ou A2-s2, d0 dans le cas où le conduit de fumée utilisé est connu et que la solution proposée par le fabricant du conduit de fumée est visée par un Avis technique pour cet usage.

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Le contact direct de l’isolant et du conduit de cheminée peut être une cause de départ de feu. [©AQC]

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Un coffrage rempli d’un isolant incombustible permet de maintenir la continuité de l’isolation. [©AQC]

9 – Garantir des chemins d’accès

Les allées et venues dans les combles peuvent engendrer des pertes de performances de l’isolation ou des risques de passer à travers le plancher si on ne sait pas où mettre les pieds !
Les bonnes pratiques de l’AQC :
– Mettre en place un cheminement technique isolé, permettant un contrôle visuel de la toiture et l’accès aux équipements techniques. Attention au choix des matériaux pour ne pas piéger la vapeur d’eau dans ce dispositif.
– Déplacer et regrouper les équipements techniques à visiter au plus proche du point d’accès au comble dans la mesure du possible.

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Isolant endommagé après inspection. [©AQC]

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Mise en place de cheminements techniques. [©AQC]

10 – Protéger les éclairages

Une mauvaise préparation du chantier peut amener à mal protéger les spots encastrés disposés dans les combles. Leur durée de vie peut être raccourcie et des surchauffes peuvent survenir entraînant des départs de feu.
Les bonnes pratiques de l’AQC :
– Mettre en place des capots de protection avec les caractéristiques adaptées, lors de la préparation du chantier, en veillant à préserver l’étanchéité à l’air lors de leur pose.
– Aménager un plénum en sous-face du plancher et installer les éclairages encastrés dans cet espace.

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Des tubes en PVC remplis de laine de verre font office de protection. [©AQC]

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Capot de protection adapté. [©AQC]

11 – Faire des repères

Après des travaux d’isolation des combles, comment retrouver les boîtiers électriques recouverts ? Partir à leur recherche peut endommager les isolants si aucun dispositif n’a été mis en place.
Les bonnes pratiques de l’AQC :
– Mettre en place un repère sur un élément de charpente à l’aplomb de l’équipement électrique à signaler.
– Fixer sur le plancher un repère ponctuel, dépassant de l’isolant, si aucun élément structurel ne se trouve à proximité de l’équipement électrique à signaler.

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Ici, il est impossible de repérer les gaines et les boîtes de dérivation sécurisées. [©AQC]

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Affiche de repérage. [©AQC]

12 – Contrôler la hauteur d’isolant à souffler

Lors de la réalisation du soufflage, l’isolant doit être disposé de manière homogène, afin de garantir et d’atteindre la résistance thermique voulue.
Les bonnes pratiques de l’AQC :
– Préparer le chantier, en indiquant la hauteur d’isolant à souffler à l’aide de repères visibles (piges, marquage à la bombe, faisceau laser…).
– Prendre en compte le tassement pour définir la hauteur d’isolant à souffler. Cette valeur est renseignée dans l’Avis technique ou le Document technique d’application de chaque matériau.

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Repérage à la bombe pour le contrôle de l’épaisseur d’isolant. [©AQC]

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Repérage ponctuel de la hauteur à l’aide d’une pige. [©AQC]

Retrouvez l’ensemble du rapport de l’AQC —> ici

1Le dispositif de l’AQC consiste à récolter, étudier et diffuser des retours d’expériences in situ sur des bâtiments avant-gardistes en matière d’environnement et de performances énergétiques.