Le béton de chanvre consomme très peu d’énergie

Muriel Carbonnet
08/06/2021
Modifié le 09/06/2021 à 14:25

Une étude a montré que les transferts couplés de chaleur et d’humidité dans les murs en béton de chanvre permettent de réduire jusqu’à 70 % le besoin en chauffage. Ceci, dans le cas d’un bâtiment très performant thermiquement.

Dans l’étude réalisée par le Cerema, pour le compte de Construire en Chanvre Ile-de-France, les simulations ont été faites au moyen du logiciel Wufi Plus sur un bâtiment R+1 fictif de 100 m2. [©Cerema – Etienne Gourlay]
Dans l’étude réalisée par le Cerema, pour le compte de Construire en Chanvre Ile-de-France, les simulations ont été faites au moyen du logiciel Wufi Plus sur un bâtiment R+1 fictif de 100 m2. [©Cerema – Etienne Gourlay]

On sait aujourd’hui que le béton de chanvre permet de stocker durablement du carbone. Ainsi, un complexe structure bois-remplissage béton de chanvre de 26 cm d’épaisseur permet d’emmengasiner jusqu’à plus de 35 kg de CO2/m2de mur mis en œuvre sur une durée de vie de de l’enveloppe. Soit 50 ans, voire 100 ans. Cette caractéristique sera valorisée dans les années à venir avec la mise en place de la RE 2020. En revanche, les performances thermiques du béton de chanvre sont à l’heure actuelle encore sous-estimées.

Caractéristiques du béton de chanvre

En effet, les échanges de vapeur d’eau contenue dans l’air avec le béton de chanvre permettent d’amortir, très sensiblement et de manière passive, les variations quotidiennes de température et d’hygrométrie dans un bâtiment. La conséquence de ces échanges est de réduire les consommations énergétiques et d’améliorer grandement le confort thermique et hydrique au sein des logements. Ces phénomènes internes de changement d’état de l’eau (vaporisation et condensation) ne sont pas pris en compte dans le moteur de calcul réglementaire actuel. L’épaisseur de béton de chanvre mise en œuvre pour respecter la RT 2012 est alors supérieure à celle nécessaire pour viser une consommation énergétique donnée. Cela conduit donc à des surcoûts de construction. Et, par conséquent, à une moindre compétitivité du béton de chanvre vis-à-vis d’autres matériaux.

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Une étude du Cerema

Une étude a donc été réalisée par le Cerema, pour le compte de Construire en Chanvre Ile-de-France. Dans cette étude, les simulations réalisées au moyen du logiciel Wufi Plus sur un bâtiment R+1 fictif de 100 m2, dont les parois sont isolées par 30 cm de béton de chanvre, ont permis de mettre en évidence que les transferts couplés de chaleur et d’humidité au sein des murs en béton de chanvre permettent de réduire de 20 kWh/m2/an le besoin en chauffage du bâtiment, lorsque celui-ci est bien isolé par ailleurs (dalle, toiture…). Les 30 cm de béton de chanvre se comportent alors “énergétiquement” comme 22 cm de laine de chanvre. Le point important à retenir de cette étude exploratoire est que les transferts hygrothermiques au sein du béton de chanvre modifient sensiblement les besoins en chauffage du bâtiment. 

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« Cependant, bien que la physique des phénomènes mis en jeu à l’échelle du béton de chanvre soit aujourd’hui bien connue et maîtrisée, il apparaît que leur traduction en termes d’économies d’énergie engendrées constitue un verrou scientifique assez difficile à lever, notamment sur la question des besoins en refroidissement qui reste en suspens au terme de cette étude », peut-on lire dans le communiqué de presse. Des travaux complémentaires au moyen du logiciel Wufi Plus et d’un autre logiciel seront menés dans les prochains mois par le Cerema pour croiser les résultats et élargir les hypothèses des cas d’études.