Béton auto-cicatrisant : Le réveil des bactéries

Rédaction
06/02/2020
Modifié le 16/12/2020 à 15:50

Le microbiologiste Hendrik Marius Jonkers, en collaboration avec l’Université technologique de Delft, a développé un additif pour la formulation de béton auto-cicatrisant. Cette solution s’est concrétisée sous la bannière de la start-up Basilisk.

Le microbiologiste Hendrik Marius Jonkers, en collaboration avec l’Université technologique de Delft, a développé un additif pour la formulation de béton auto-cicatrisant. [©Basilisk]
Le microbiologiste Hendrik Marius Jonkers, en collaboration avec l’Université technologique de Delft, a développé un additif pour la formulation de béton auto-cicatrisant. [©Basilisk]

Aux Pays-Bas, le microbiologiste Hendrik Marius Jonkers s’est intéressé à la fissuration des bétons. Et plus particulièrement, comment ce matériau peut panser ses propres plaies… En effet, si certaines fissures sont inévitables dans le béton et non nocives, d’autres peuvent menacer sa durabilité, corroder les armatures et entraîner de graves dégâts [Lire notre article à ce sujet]. « Dans la nature, il existe des plantes et des animaux qui s’auto-soignent. Nous nous sommes donc inspirés de ce principe. » Le scientifique a ainsi développé et breveté, en collaboration avec l’Université technologique de Delft, une solution pour créer des bétons auto-cicatrisants. Et c’est de là qu’est née la start-up Basilisk. L’entité fait par ailleurs partie du programme LH Accelerator. Pour permettre au béton de combler lui-même ses fissures, Hendrik Marius Jonkers a fait appel à une ressource naturelle et biosourcée : les bactéries. Ces dernières peuvent se trouver dans la nature, en particulier dans la pierre volcanique.

Un additif respectueux de l’homme et l’environnement

La solution de Basilisk se présente sous la forme d’un additif qui se mélange à la formulation du béton. Il se compose de particules qui contiennent des bactéries dormantes et des nutriments pour celles-ci. Lorsque des fissures se forment dans le béton, il suffit que les bactéries soient en contact de l’eau pour se “réveiller”. En se nourrissant des nutriments présents dans la solution de Basilisk, elles vont combler les fissures, en créant du calcaire. La start-up estime que les fissures peuvent se remplir ainsi en 3 semaines. Peu importe leur longueur, mais pour une largeur allant jusqu’à 0,8 mm. Le produit développé par Hendrik Marius Jonkers et Basilisk permet de prolonger la vie de la construction en béton, mais limite aussi les risques d’infiltration d’eaux. Sans nocivité pour l’homme, les bactéries isolées dans la solution peuvent rester à l’état “dormant” durant près de 2 000 ans.

Une version pour les bétons déjà existants

L’additif de Basilisk peut être utilisé dans la formulation de béton dédié à la fabrication de voussoirs, de réservoirs d’eau, ou encore de ponts et dallages… La start-up propose aussi une solution spécifique pour les fissures déjà existantes : Basilisk Liquid Repair System ER7. Le produit s’adapte aux petites fissures, qui ne peuvent pas être traitées avec un mortier. Après l’application – une passe si la fissure fait entre 0,2 et 0,4 mm de largeur et 2 ou 3 passes jusqu’à 0,8 mm – le liquide forme un gel qui la remplit. Les bactéries convertissent ensuite le gel en calcaire pour une étanchéité permanente.

Basilisk compte déjà plusieurs projets à son actif, à l’image d’un bassin de rétention d’eau au port de Rotterdam ou encore l’extension du Het Loo Palace à Apeldoorn, toujours aux Pays-Bas.