VIDÉO – Le Mur de Berlin. Un monde divisé

Muriel Carbonnet
28/05/2025
Modifié le 28/05/2025 à 18:10

L’exposition “Le Mur de Berlin. Un monde divisé” fait revivre la “cicatrice bétonnée” qui coupa en deux la capitale allemande pendant 28 ans. Tout en rappelant l’actualité brûlante des murs qui se dressent encore dans le monde.

Construit en 1961 pour empêcher l’exode des Allemands de l’Est vers l’Ouest, le Mur de Berlin reste le symbolise de la Guerre froide. Et des antagonismes entre communisme et capitalisme. L’exposition “Le Mur de Berlin. Un monde divisé”, présentée à la Cité de l’architecture et du patrimoine, à Paris, jusqu’au 28 septembre 2025, retrace la vie des Berlinois des deux côtés. Mais aussi les stratagèmes pour contourner la séparation. Et enfin, les évènements ayant mené à sa chute en 1989. Et ce, à travers un parcours dans une atmosphère feutrée. Grâce à des artefacts inédits et des témoignages poignants, provenant de 40 institutions internationales, qui ont marqué cette époque. L’exposition propose ainsi une exploration des conséquences mondiales de la division berlinoise, jusqu’à la réunification allemande et à la fin de la Guerre froide.

Conçue par Musealia

“Les filles disent non aux bombes”. [©Muselia]
“Les filles disent non aux bombes”. [©Muselia]

“Le Mur de Berlin. Un monde divisé” offre une immersion émouvate dans l’histoire de la Guerre froide. Elle a été conçue par Musealia en collaboration avec la Fondation du Mur de Berlin. Quarante ans après la nuit du 9 novembre 1989, l’exposition fait ainsi revivre la “cicatrice bétonnée” qui coupa en deux la capitale allemande pendant 28 ans. Tout en rappelant l’actualité brûlante des murs qui se dressent encore dans le monde. L’exposition ne se limite pas à une présentation factuelle. Elle invite à une réflexion sur les valeurs universelles de liberté et de démocratie.

Dense, émouvante et très bien documentée, “Le Mur de Berlin. Un monde divisé” réussit l’équilibre entre rigueur historique et mise en scène immersive. Elle s’impose comme un rendez-vous incontournable pour quiconque souhaite mesurer l’héritage encore vif de la Guerre froide. Et pour réfléchir aux murs, visibles ou invisibles, qui nous séparent toujours. A ce sujet, vous pouvez retrouver sur toutes les plates-formes d’écoute et notre site Internet notre dernière chronique sur le béton, arme de guerre et de résistance.

Le mot de Luis Ferreiro, curateur

Dès l’entrée sur le Trocadéro, six segments authentiques du Mur accueillent les visiteurs, les immergeant dans la réalité d’un Berlin fracturé. Chaque bloc mesurait 3,5 m de haut et pesait 2,6 t. [©Muselia]
Dès l’entrée sur le Trocadéro, six segments authentiques du Mur accueillent les visiteurs, les immergeant dans la réalité d’un Berlin fracturé. Chaque bloc mesurait 3,5 m de haut et pesait 2,6 t. [©Muselia]

« Ce que l’exposition essaie d’expliquer, c’est l’histoire du Mur de Berlin dans le contexte de la Guerre froide. D’aider les gens à comprendre pourquoi il y avait un mur qui divisait Berlin. Et pour comprendre que cela faisait partie d’une division plus grande, qui était la division du monde, d’Europe en premier, avec le rideau de fer, et ensuite, bien sûr, du monde, avec la Guerre froide », résume Luis Ferreiro, directeur de Musealia et curateur de l’exposition. Et, de préciser : « Ce que nous essayons de faire ici, c’est de présenter les faits, d’expliquer à travers l’authenticité des artefacts ce qui s’est passé, comment ça s’est passé, qui a fait quoi. Et ce que cela signifie pour les gens qui vivaient à Berlin et ailleurs dans le monde ».

Une immersion immédiate

Photo montrant John F. Kennedy rencontrant le leader soviétique Nikita Khrouchtchev à Vienne, en Autriche, les 3 et 4 juin 1961. [©Muselia]
Photo montrant John F. Kennedy rencontrant le leader soviétique Nikita Khrouchtchev à Vienne, en Autriche, les 3 et 4 juin 1961. [©Muselia]

Dès le parvis du Trocadéro, six segments authentiques du mur — soit plus de 10 m de béton graffé — donnent le ton et plongent le visiteur dans l’atmosphère d’un Berlin fracturé. A l’intérieur, d’autres fragments jalonnent le parcours et rappellent la violence très matérielle de la séparation.

Parmi les objets exposés, on trouve des radios Est-allemandes, des affiches de propagande, des caméras espions, des briques du Mur brisées à coups de marteau…

Souvent empreints d’émotion, ces éléments permettent de saisir la réalité quotidienne des Berlinois confrontés à la séparation. A la fin du parcours, l’exposition s’ouvre sur une réflexion autour de la paix. En Europe et dans le monde, soulignant à quel point celle-ci demeure fragile. A travers une sélection de tableaux, de photographies, de films et même de dessins animés, cette séquence met en lumière les héritages encore présents de la Guerre froide et des conflits qu’elle a engendrés. Une manière de rappeler que ces fractures géopolitiques, loin d’appartenir au passé, continuent de résonner dans notre présent.

Au-delà du béton : Une réflexion contemporaine

Scooter urbain Pitty original produit en Allemagne de l'Est au lendemain du soulèvement de 1953. [©Association des amis de l'histoire de l'industrie de Ludwigsfelde /Muselia]
Scooter urbain Pitty original produit en Allemagne de l’Est au lendemain du soulèvement de 1953. [©Association des amis de l’histoire de l’industrie de Ludwigsfelde /Muselia]

L’exposition ne s’arrête pas à 1989. Un dispositif interactif met en regard la frontière berlinoise et les murs qui, de la Cisjordanie au Rio Grande, continuent de balafrer notre planète. Sans discours moralisateur, la Cité de l’architecture invite chacun à s’interroger sur la fragilité des acquis démocratiques. Mais aussi sur la récurrence des logiques de séparation. Paris sert de point de départ à une série d’escales internationales prévues ces prochaines années. Preuve que les histoires locales peuvent résonner à l’échelle globale.

Muriel Carbonnet-Villenave et Ludivine Morales

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Fragments du Mur de Berlin. [©Muselia]

Dès l’entrée sur le Trocadéro, six segments authentiques du Mur accueillent les visiteurs, les immergeant dans la réalité d’un Berlin fracturé. Chaque bloc mesurait 3,5 m de haut et pesait 2,6 t. [©Muselia]

Marteau et burin (1989) de Cornelia Thiele. [©Muselia]

Le Mur de Berlin est érigé en pleine ville dans la nuit du 12 au 13 août 1961 par la République démocratique allemande (RDA), d’abord sous la forme de rideau de fils de fer barbelé, au cours du mois d’août et de septembre 1961. Puis, sous la forme d’un mur en béton et en briques, selon les emplacements, à compter d’octobre 1961. [©Muselia]

Carte d’identité du site d’essai du Nevada, aux Etas-Unis, lunettes de protection et détecteur de radiations portable pendant la Guerre froide, en provenance de l’Atomic Museum, Las Vegas. [©Muselia]