Sandrine Mansoutre : “L’expérimentartiste”

Rédaction
23/11/2017
Modifié le 11/08/2020 à 19:10

Sandrine Mansoutre “expérimentartiste” du béton veut réhabiliter l’aspect “féminin” de ce matériau, très connoté masculin. Rencontre...

Dans son ancien atelier de Lyon, Sandrine Mansoutre monte des colliers de perles en béton. Ses lieux d’expérimentation se sont succédés au gré de ses expatriations, de Casablanca, Bergame, Lyon et enfin, Paris depuis 2017. [©Photos Tutti Concreti]

Dans son ancien atelier de Lyon, Sandrine Mansoutre monte des colliers de perles en béton. Ses lieux d’expérimentation se sont succédés au gré de ses expatriations, de Casablanca, Bergame, Lyon et enfin, Paris depuis 2017. [©Photos Tutti Concreti]

De Bouygues Construction à l’Ecole française du béton, en passant par Italcementi et Vicat, de docteure-ingénieure en sciences des matériaux à “expérimentartiste” du béton, comme elle se décrit elle-même, ce n’est, en somme, qu’une question de créativité. Sandrine Mansoutre nous le prouve à travers ses réalisations.

En créant la marque “Tutti Concreti”, dont le logo, imaginé par Patrick Aveillan, met en lumière « le mélange des matières et des couleurs, tout comme dans mon travail sur les bétons », Sandrine Mansoutre pose les bases de ses expérimentations artistiques. Puis, en déposant “Le Béton au féminin”, elle poursuit toujours plus loin ses investigations autour du béton, « au service de l’art, en direction de l’art ». Sandrine Mansoutre veut réhabiliter l’aspect “féminin” de ce matériau, très connoté masculin. « Mais c’est sans compter sur sa sensualité, sa générosité et sa chaleur. Je crois au “coming out” féminin du béton. Ce matériau a un énorme potentiel au niveau de la créativité et du design à venir. » De là à présumer qu’elle soit tombée dans le béton dès le plus jeune âge, il n’y a qu’un pas… Peut-être pas tout à fait… Il se trouve quand même qu’à la sortie de son école d’ingénieurs dans les années 1990, Sandrine Mansoutre se retrouve “nez-à-nez” avec les Bfup développés à la direction scientifique de la division construction de Bouygues, dirigée alors par Pierre Richard. Elle intègre ensuite le laboratoire d’Italcementi (racheté depuis par HeidelbergCement). Et enchaîne sa thèse de doctorat sur les adjuvants et les modifications de rhéologie de bétons sous la direction de Henri Van Damme (éminent professeur, scientifique et chercheur). Sa carrière professionnelle la destinait donc à côtoyer les bétons, elle aurait pu s’en tenir à cela… Mais non, elle en a fait aussi un épanouissement personnel et artistique. Une série de voyages et de rencontres seront décisifs. Partie à Casablanca, d’abord pour développer Axim Maroc, puis l’innovation chez Ciments du Maroc (filiales d’Italcementi), Sandrine Mansoutre croise le chemin “créatif” de Jamila Diani, une collègue de travail, alors directrice de la communication de Ciments du Maroc, qui crée des bijoux avec des perles berbères qu’elle trouve lors de ses déambulations dans les souks. A son tour, Sandrine Mansoutre se met à faire des colliers de perles… Mais en béton, teintées dans la masse. D’autres pérégrinations professionnelles la conduisent à Bergame, en Italie. Et une nouvelle rencontre, avec Maria Rita Cimiero, qui lui ouvre son atelier et sa galerie d’art. Des tendances ethniques très colorées, Sandrine Mansoutre passe alors à une conception plus épurée. Retour en France, à Lyon et déjà une première exposition en 2013, au pôle “bijoux” de Baccarat (54). Toujours en parallèle à son activité professionnelle, elle organise des ateliers, constitués notamment de femmes, avec l’idée d’un développement personnel autour du thème du talisman. Chacune des participantes a réalisé le sien, après l’avoir modelé avec cette matière béton, sensuelle et généreuse… Véritable bijou de peau. Sandrine Mansoutre rejoint l’atelier de la plate-forme collaborative YouFactory de Villeurbanne. Et s’entoure d’un designer et d’une doreuse, développant ainsi des lampes en Bfup sur plaques gravées au laser. Revenue sur Paris, enfin, Sandrine Mansoutre installe, courant 2017, son atelier dans sa maison de campagne appelée “La petite source”, à Nemours (77). Qui bientôt accueillera de nouvelles expérimentations créatrices, à suivre dans les mois prochains… Et pour bien boucler la boucle… enfin pour le moment, « car, tout reste encore à créer », elle est désormais directrice de l’Ecole française du béton, qui favorise le dialogue entre le monde des professionnels du béton et celui de l’Enseignement académique.

Muriel Carbonnet

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