Modifié le 23/04/2021 à 12:48

Sur saisine du gouvernement, le Haut conseil pour le climat s’est penché sur la rénovation énergétique des bâtiments. Il remet aujourd’hui son état des lieux et plusieurs recommandations.

Le Haut conseil pour le climat remet ses recommandations en termes de rénovation énergétique. [©<a href='https://fr.freepik.com/photos/maison'>Maison photo créé par welcomia - fr.freepik.com</a>]
Le Haut conseil pour le climat remet ses recommandations en termes de rénovation énergétique. [©Maison photo créé par welcomia – fr.freepik.com]

Sur saisine du gouvernement, le Haut conseil pour le climat a mené une analyse comparative entre la France et d’autres pays européens, en termes d’actions en faveur de l’environnement. En premier lieu, l’entité s’est intéressée à la rénovation énergétique des bâtiments pour laquelle elle a rendu un rapport de constat et de recommandations.

Le Haut conseil pour le climat estime que la France enregistre « un retard important sur la trajectoire de la Stratégie bas carbone – SNBC – ». Avec notamment un dépassement du premier budget carbone de 11 % sur la période 2015-2018. « Le rythme de réduction des émissions demeure plus de deux fois inférieur au rythme fixé par la SNBC, explique le rapport. Et le nombre de rénovations performantes stagne, avec un rythme de 0,2 %/an en moyenne. » La France est ainsi à la traîne par rapport à la Suède, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Elle se situe aussi en bout de course concernant les émissions directes de CO2 de son parc de bâtiments tertiaires. L’étude du Haut conseil met en avant plusieurs freins liés à la rénovation énergétique pouvant expliquer ce décalage. A l’image des politiques et mesures inadaptées aux besoins de rénovation profonde, aux différents délais de travaux et à la structuration de la filière. Ou encore, la faible capacité de financement des ménages, le manque d’incitation et d’accompagnement dans le résidentiel, mais aussi, le tertiaire. Et le défaut de maîtrise des solutions techniques, et le déficit d’information.

La France à la traîne

Le Haut conseil pour le climat estime que « ces blocages freinent la mise en place des changements structurels nécessaires à la réduction des émissions. Et se retrouvent à des degrés divers dans les quatre pays du parangonnage. La rénovation énergétique reste en effet un défi majeur pour les pays étudiés dans ce rapport. Qui connaissent tous des rythmes de rénovation inférieurs à leurs objectifs. » Cependant le rapport souligne que les politiques du secteur dans les pays voisins ou leurs déconvenues peuvent donner des pistes d’amélioration. « L’exemple de la Suède, le seul pays ayant réussi une décarbonation quasi totale du secteur des bâtiments, montre que le succès repose sur un effort massif de long terme axé sur trois piliers techniques. » Le rapport énumère :

– Une bonne efficacité énergétique, en particulier via une construction neuve performante.
– La décarbonation des vecteurs énergétiques pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire. Notamment par le développement massif et continu des réseaux de chaleur en milieu urbain et péri-urbain.
– La décarbonation de l’énergie primaire : production d’électricité et de chaleur.

Le financement de la rénovation énergétique

Cependant, il semble peu probable de pouvoir répliquer à l’identique les mesures suédoises au sein de l’Hexagone. « De plus, le poids de la rénovation énergétique est à relativiser, peut-on lire dans le rapport. La construction neuve performante jouant un rôle important dans la performance moyenne des deux parcs. » La mise en place de la décarbonation du monde du bâtiment induit naturellement la question de l’investissement financier. Actuellement estimé à 1,3 Md€, le Haut conseil pour le climat considère qu’il faudrait le multiplier au moins par deux en quelques années. « Pour soutenir cet effort, les dispositifs de soutien public, de l’ordre de 4 Md€, devront être quadruplés. Les annonces du plan de relance, où une enveloppe de 7,9 Md€ est dédiée à la rénovation énergétique, vont dans le bon sens. Il s’agit de concrétiser et d’amplifier cette dynamique et d’envoyer un message univoque aux acteurs du marché. Et ce, en planifiant l’accroissement de la dépense publique tout au long de la décennie. Les bénéfices attendus en matière d’emplois, d’activité économique et de réduction de la facture énergétique, sont autant d’arguments additionnels à un rehaussement de l’effort financier des pouvoirs publics. »

Une réponse plus forte et pérenne

En prenant tous ces paramètres en compte, ainsi que les actions menées à travers les pays européens étudiés, le Haut conseil pour le climat a pu formuler plusieurs recommandations [Retrouver le détail des recommandations -> ici] :

– La massification de la rénovation énergétique,
– La mise en œuvre d’obligations de rénovation,
– L’intégration progressive et systématique des vecteurs énergétiques dans les stratégies de rénovation,
– La rénovation des bâtiments publics,
– Le suivi et l’évaluation des politiques de rénovation.

Dans tous les cas, la réponse politique pour atteindre les objectifs de la SNBC doit être plus forte et plus installée dans le temps. Elle ne pourra pas non plus épouser le sujet sans prendre en compte les impacts environnementaux et socio-économiques de la question. Deux thématiques qui, en ces temps de crise, vont être de plus en plus intimement liées. Les entreprises et professionnels du bâtiment se tiennent prêts à cette transition et les Français par l’intermédiaire de la Convention citoyenne pour le Climat en ont formulé la volonté. Le levier étatique reste important pour impulser et accélérer les choses. Si entre temps le plan France Relance s’est aussi emparé du sujet, la France va-t-elle enfin réussir à suivre ses engagements dans ce défi climatique ?

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  1. Gérard Guérit

    ” les Français par l’intermédiaire de la Convention citoyenne pour le Climat en ont formulé la volonté”. Non, la convention citoyenne est une mascarade. Elle réunit 150 personnes très orientées “écolo”, sans pour autant être de véritables écologistes. Elle ne représente en aucun cas le point de vue des Français. Pour cela, il faudrait organiser un référendum, et le résultat serait évidemment très différent.