Les changements de réglementation thermique font la chasse à la moindre déperdition. Une situation qui a fait du pont thermique l’ennemi public numéro 1. Portrait-robot du coupable idéal.
Commençons par sortir nos dictionnaires. Selon le Larousse, un pont thermique est une partie de l’enveloppe d’un bâtiment, dont la résistance thermique, par ailleurs uniforme sur le reste du bâti, est modifiée. Pour faire simple, c’est un point où la barrière isolante est rompue. Ce phénomène est dû à la conduction thermique de certains matériaux.
Pour comprendre l’effet, rien de plus simple. Prenez une tige métallique, placez-la au-dessus d’une flamme et attendez… Non ! Ne le faites pas ! La tige va chauffer et vous brûler même si vos mains sont loin de la flamme. La chaleur se diffuse, car le métal est très conducteur, c’est la conduction thermique. Et c’est par ce biais que le pont thermique annihile les efforts d’isolation d’un bâtiment. Derrière ce principe se cachent deux types de pont : les ponts thermiques de liaison (PTL) et les ponts thermiques intégrés (PTI).
Les PTL ou ponts thermiques 2D sont causés par l’interruption de l’isolation au niveau des planchers hauts et bas, des refends, des fenêtres, portes-fenêtres, portes extérieures et des balcons. En résumé, tous les éléments qui sont à la fois en contact avec l’air extérieur et l’air intérieur. On parle alors de ponts thermiques des liaisons, qui sont caractérisés par un coefficient (Ψ) exprimé en W/(m.K). Ce coefficient représente la transmission linéique de la chaleur, ramenée à un écart d’un Kelvin entre l’ambiance intérieure et extérieure.
Les ponts thermiques ponctuels, aussi appelés ponts 3D, sont provoqués par la pénétration totale ou partielle de l’enveloppe du bâtiment par des matériaux ayant une conductivité thermique différente. Les ponts thermiques ponctuels sont caractérisés par un coefficient ponctuel (χ) exprimé en W/K. Ce coefficient représente la déperdition due à une perturbation ponctuelle de l’isolation pour une différence de température d’un Kelvin entre l’ambiance intérieure et extérieure. Typiquement, percer une structure pour y faire passer des gaines, va créer un pont thermique 3D. Pour repérer les ponts 2D et 3D, il faut se munir des plans pour les bâtiments à construire, en évitant les points de contact. Pour les bâtiments en rénovation, il faudra se munir d’une caméra infrarouge.
Une fois repéré, il ne reste plus qu’à éliminer l’ennemi public. Il y a trois solutions. L’isolation par l’intérieur est la moins onéreuse pour réduire les ponts thermiques et autres parois froides. Il s’agit de placer un isolant sur l’élément en cause (mur, plafond). Par exemple, une plaque de plâtre avec une couche de polystyrène entre le mur et la plaque. Ce type d’isolation est rapide à mettre en œuvre. Mais il pallie les symptômes de la “maladie“, sans en traiter les causes. C’est la solution majoritairement utilisée pour la rénovation.
Les phénomènes de pont thermique se rencontrent le plus souvent au niveau de la jonction entre un mur extérieur et une dalle (sol, plafond). Le froid ou le chaud se transmettent alors du mur jusqu’à la dalle par conduction. Pour limiter ces effets de bord, les industriels ont développé des rupteurs de ponts thermiques. Ce dispositif simple est positionné en bout de dalle qui permet d’avoir une isolation continue. Il est composé d’un isolant et il relie le mur extérieur au plancher grâce à des aciers de structure. Cependant, il est structurel et ne peut donc pas être utilisé en rénovation.
Reste enfin l’isolation par l’extérieur, ou ITE. Sans doute la solution la plus efficace, mais aussi la plus coûteuse. Il s’agit tout simplement d’habiller un bâtiment avec des isolants sur les façades extérieures.