Fabricant historique de coffrages métalliques, Outinord est aujourd’hui au bord du précipice. Un Plan de sauvegarde de l’emploi est en cours et la production s’apprête à rejoindre l’usine de Sateco.
![Usine Outinord de Saint-Amand-les-Eaux. [©ACPresse]](https://www.acpresse.fr/wp-content/uploads/2025/09/2-Outinord-Print-1024x685.jpg)
Nord. L’évènement aurait dû être festif : 70 ans est censé marquer les esprits. Et c’est bien ce qui s’est passé au sein de l’usine Outinord de Saint-Amand-les-Eaux (59). Alors même que l’iconique marque française de coffrages métalliques célébrait cet anniversaire, le couperet est tombé. En effet, Outinord subit de plein fouet la crise de la construction de logements neufs. L’usine ne tourne qu’à 25 % de ses capacités de production et accumule les pertes. L’industriel n’est plus en mesure de faire face à ses créanciers dans un marché en cirse et sans reprise à l’horizon…
Résultat, la direction d’Outinord a été contrainte d’ouvrir une procédure d’information consultation en vue de lancer une réorganisation de ses activités. Et de mettre en place d’un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Le projet présenté vise à arrêter la production des banches-outils et de transférer, via une démarche de sous-traitance, cette activité à Mirebeau, dans la Vienne, au sein des ateliers Sateco… Là, un petit retour en arrière s’avère utile.
Outinord et Sateco dans le même groupe
En 2019, le fonds Skena opère l’acquisition de l’industriel viennois de coffrages. Puis, absorbe Outinord, en 2021. Deux marques qui devaient poursuivre leur co-existence dans un cadre d’une saine concurrence, comme l’expliquait à l’époque un des anciens présidents du groupe Skena. « A aucun moment, il n’a été question d’une quelconque fusion. Il était essentiel de laisser vivre Outinord, d’un côté, et Sateco, de l’autre, avec chacun leurs spécificités et leurs spécialités » [Lire l’article “Sateco – Outinord : un même groupe, mais deux stratégies [Lire l’article : Sateco – Outinord : un même groupe, mais deux stratégies]. Et c’est bien ce qui a eu lieu et qui devrait perdurer. Le transfert de production n’a pas vocation à faire disparaître la marque Outinord. Mais bel et bien à la pérenniser, en profitant d’un outil de production à la pointe de la technologie.
En revanche, le projet comprend un volet plus délicat : la suppression de 119 emplois et le maintien de seulement 23 postes sur le site de Saint-Amand-les-Eaux. L’objectif est de conserver une activité commerciale et de bureau d’études. Et de conforter et renforcer la location de matériels et les ventes d’occasion.
Outinord regrette le refus de l’accord
Dès l’initiation du projet, Outinord a mis en place une cellule d’écoute et un accompagnement au reclassement, permettant à tout salarié trouvant une activité de suspendre son contrat de travail, tout en conservant les bénéfices du PSE. Et s’est efforcé d’identifier le maximum de postes de reclassement au sein du groupe (22 postes en CDI à fin août). En parallèle, l’industriel a mandaté un cabinet pour donner une seconde vie active au site. Une bonne démarche à l’heure de la volonté de l’Etat de réindustrialiser la France et d’en faire un leader dans bons nombres de domaines… Dans ce contexte, la direction générale d’Outinord « regrette que les salariés aient refusé l’accord ». Et de rappeler : « Nous sommes sous contrainte financière, avec des pertes importantes. Nous nous résignons à une procédure unilatérale. »
Outinord entre les mains de la justice
Pour sa part, le groupe Skena ne peut que constater « le refus des représentants d’Outinord de signer un accord d’entreprise sur le projet de PSE. C’est regrettable pour les salariés. Notre projet vise à préparer l’avenir. Outinord a organisé un dialogue social respectueux et à l’écoute des demandes des salariés. Aujourd’hui, nous n’avons pas d’alternative pour protéger la pérennité même du groupe Skena, d’Outinord et de Sateco ».
Enfin, Skena et Outinord regrettent la juridicialisation des procédures annexes, dont le corollaire est la hausse des charges, l’allongement du calendrier et l’impact négatif sur les moyens affectés au PSE. Ainsi, aujourd’hui, le dossier est entre les mains du Tribunal de grande instance de Valenciennes. Et son jugement est attendu le 7 octobre prochain. Une affaire à suivre…