David Umemoto : Mi-architecture mi-sculpture tout en béton

Muriel Carbonnet
22/11/1970
Modifié le 24/11/2023 à 12:45

L’artiste David Umemoto réalise des sculptures mini-format en béton depuis le Canada, à mi-chemin entre architecture et design

[©Célia Umemoto]
L’artiste David Umemoto dans son atelier canadien.[©Célia Umemoto]

Le travail du Canadien David Umemoto se situe quelque part entre l’architecture, l’art et le design. Ses œuvres en béton se présentent comme des études sur les volumes. Ses sculptures miniatures renvoient à ce qui est primitif et éphémère, malgré le caractère solide et moderne du médium. En voyant ses réalisations architecturales, on pense au complexe moderniste de Brasilia d’Oscar Niemeyer, perdu dans la jungle amazonienne. Ou à celui de Chandigarh par Le Corbusier, au cœur de l’Inde. Des murs qui se dressent vers nulle part, des courbes qui se heurtent à des plafonds. Et des escaliers qui débouchent sur le vide peuvent aussi faire penser aux “Prisons imaginaires” de Giovanni Battista Piranèse1.

Des sculptures abstraites

[©David-Umemoto]

[©David-Umemoto]

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[©David-Umemoto]

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Diplômé d’architecture dans les années 1990, « Je pense que ma pratique actuelle est pourtant toujours très orientée vers l’art. Mais il se peut que je me remette à faire de la “vraie” architecture. Après 15 ans d’activité dans le domaine de l’architecture, cette dernière s’est inscrite dans mon ADN et elle ne peut plus en sortir. Je me vois plus en “constructeur” qu’en “sculpteur”. Et j’aime utiliser le mot “structure” au lieu de “sculpture”. » L’artiste a travaillé avec l’aluminium poli, le plâtre et la céramique. Mais il a eu un coup de cœur pour le béton il y a une dizaine d’années, surtout pour sa qualité plastique. Ce matériau est fortement lié à l’architecture moderne et contemporaine. Et présente des connotations industrielles fortes, domaine de prédilection de l’artiste. De plus, il capte la lumière d’une manière unique. David Umemoto aime son aspect brut et ses imperfections. « Je m’inspire beaucoup de l’art primitif, très géométrique, très épuré. J’extrais les formes : les arches, les cercles, les carrés…, en les répétant. Je pars de réflexions formelles et de fil en aiguille, je les transforme. Mes sculptures perdent ainsi leurs côtés utilitaires. Elles deviennent abstraites, industrielles, plutôt que classiques. Elles n’ont plus d’échelle. »

Un mélange tenu secret

[©David-Umemoto]

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« Je ne prétends en aucun cas être un expert en béton, car je n’ai aucune formation technique particulière dans ce domaine. Ce médium parle de lui-même. Mes œuvres sont le résultat de mes propres expérimentations, réalisées de manière empirique, avec une méthodologie d’essai et d’erreur sur la manière, dont je coule le béton. Pour ma part, j’utilise donc des sacs de béton pré-mélangé. Lequel choisir, me direz-vous ? Eh bien, je vais garder mon secret de fabrication (…), mais je suggérerais de chercher quelque chose comme un mélange “pour comptoir”. »

David Umemoto est représenté par la galerie Modern Shapes, à Anvers, en Belgique et la galerie Art Mûr, à Montréal, au Canada.

1Les Prisons imaginaires sont une série d’estampes de Giovanni Battista Piranesi, publiée pour la première fois en 1750. Elles mettent en scène des vues architecturales de prisons souterraines imaginaires. Dans un espace fermé et nocturne, on peut distinguer des voûtes aux proportions monumentales, des ouvertures remplies de barreaux, des escaliers en spirale, des passerelles suspendues ne menant nulle part, des gibets et des roues immenses, des cordages accrochés à des poulies évoquant d’étranges tortures.

Muriel Carbonnet