Jérémy Gobé, en résidence chez Saint-Gobain Weber

Muriel Carbonnet
17/09/2019
Modifié le 20/09/2021 à 17:48

Jérémy Gobé, 33 ans, est la meilleure illustration d'une nouvelle approche de l'art contemporain, qui investit le champ des savoir-faire auxquels il redonne une certaine poésie. Sa résidence d'artiste au sein du site de Saint-Gobain Weber, à Servas dans l'Ain, en est le parfait exemple.

D'octobre 2018 à août 2019, le site de Servas (Ain) de Saint-Gobain Weber a accueilli l’artiste plasticien Jérémy Gobé en résidence.  [©Weber]
D’octobre 2018 à août 2019, le site de Servas (Ain) de Saint-Gobain Weber a accueilli l’artiste plasticien Jérémy Gobé en résidence. [©Weber]

D’octobre 2018 à août 2019, le site de Servas (Ain) de Saint-Gobain Weber a accueilli l’artiste plasticien Jérémy Gobé en résidence. Et ce, afin « de créer une dynamique nouvelle et originale tournée vers la co-créativité et la rencontre inattendue de deux mondes : l’un industriel et l’autre artistique », peut-on lire dans un communiqué de presse. Saint-Gobain Weber a ainsi fédéré 80 collaborateurs dans cette aventure artistique, avec, en fil rouge, la notion d’apport mutuel. Comment l’artiste insuffle sa liberté et son inventivité dans un environnement industriel très normé ? Et comment des process stricts de fabrication lui permettent, en retour, de s’inspirer et créer des œuvres uniques ? « Le site de Servas n’a pas été choisi au hasard, on pourrait presque évoquer une mise en abyme1. S’y côtoient un pôle R&D et une unité de production : les “créatifs”, d’un côté et les “productifs” de l’autre en quelque sorte ». Jérémy Gobé a passé un tiers de son immersion auprès des équipes de production et le reste de son temps avec l’équipe R&D où il a mieux appréhendé l’ensemble des produits Weber. Il a marqué un intérêt pour les enduits de façade, les techniques de matriçage terranova.print et la richesse de la variété des pigments développés, des plus classiques aux irisés et métallisés. 

Lors de la Biennale d’art contemporain de Lyon

Test de matriçage sur façade à Servas avec l’artiste Jérémy Gobé.  [©Weber]
Test de matriçage sur façade à Servas avec l’artiste Jérémy Gobé. [©Weber]

Passionné par la matière, Jérémy Gobé a su s’inspirer des matériaux de construction conçus par Saint-Gobain Weber. Il a élaboré des “Témoins”, à partir de mortiers et d’enduits, amenés à quitter le site industriel où ils ont été réalisés. En effet, ses œuvres seront à découvrir dans le cadre de l’exposition associée à la Biennale d’art contemporain de Lyon, du 18 septembre 2019 au 5 janvier 2020. Elles seront exposés au sein d’un lieu de patrimoine et d’histoire : le monastère royal de Brou, à Bourg-en-Bresse (01). Et un haut lieu de création contemporaine : la Fondation Bullukian, à Lyon (69). L’artiste a aussi habillé la façade de cette dernière, avec une installation matricée, dont il a créé le motif exclusif. «Ces œuvres in situ symbolisent la rencontre de deux univers de production -artistique et industrielle – a priori éloignés, et deviennent les témoignages d’une expérience commune. De cette rencontre, est née une énergie créatrice insoupçonnée, qui nourrit la capacité d’innovation de Saint-GobainWeber, tout en renforçant notre ancrage territorial. Une aventure humaine incroyable ! », explique Charlotte Famy, directrice générale de Saint-Gobain Weber France, à l’origine de cette résidence d’artiste.

“Témoins” recouverts d'une patine irisée, créée tout spécialement. [©Weber]
“Témoins” recouverts d’une patine irisée, créée tout spécialement. [©Weber]

Comme les artistes Olafur Eliasson ou Mark Dion, Jérémy Gobé s’intéresse de très près à l’écologie. Par les matériaux et différents médias utilisés, il interroge notre environnement et son évolution, au niveau industriel quand il s’approprie et reinterprète le geste de l’ouvrier. Il est connu pour habiller les meubles de tissu et façonner des coraux en laine, ses sculptures créant des formes esthétiques et poétiques.

Démoulage des “Témoins”. [©Weber]
Démoulage des “Témoins”. [©Weber]

M. C.

1La “mise en abyme” — également orthographiée “mise en abîme” ou plus rarement “mise en abysme” — est un procédé consistant à représenter une œuvre dans une œuvre similaire. Par exemple, dans les phénomènes de “film dans un film”, ou encore en incrustant dans une image cette image elle-même.