La Fib dresse un bilan mitigé de l’industrie du béton

Arnaud Le Brun
30/06/2025
Modifié le 30/06/2025 à 17:43

Entre recul dans le bâtiment et légère reprise pour les TP, la Fib dresse un bilan contrasté de l’activité béton début 2025 et dévoile ses perspectives pour la suite.

De gauche à droite : Alberto Arena, président de la Commission technique de la Fib, Jacques Plattard, président, Marie Dedieu, présidente de la Commission RSE, et Benoît Hennaut, vice-président. [©ACPresse]
De gauche à droite : Alberto Arena, président de la Commission technique de la Fib, Jacques Plattard, président, Marie Dedieu, présidente de la Commission RSE, et Benoît Hennaut, vice-président. [©ACPresse]

A l’occasion de sa conférence de presse tenue, le 23 juin, au Medef à Paris, la Fédération de l’industrie du béton (Fib) a levé le voile sur sa feuille de route pour les mois à venir. Trois jours après son assemblée générale à Strasbourg, elle dresse un constat mitigé de l’industrie du béton. Entre baisse d’activité et reprise incertaine…, les inquiétudes demeurent. Et les 4 premiers mois de l’année 2025 confirment cela. En effet, l’évolution des produits en béton est contrastée, en comparaison à la même période de l’année précédente. Ceux destinés au bâtiment affichent une baisse de 9,4 %. Les entrevous (- 14,3 %), les poutrelles (- 13,5 %) et les blocs béton (- 9,4 %) enregistrent les plus fortes chutes. Seules, les dalles de planchers béton (+ 1,9 %) et les prédalles (+ 2,2 %) connaissent une légère hausse. L’activité reste pénalisée par une tendance baissière continue depuis plus de deux ans. En effet, comparée à fin avril 2019 sur 12 mois, la baisse dépasse les 30 %.

L’activité des travaux publics tient le choc

En revanche, du côté des travaux publics, la tendance est plus positive (+ 8,2 %). En effet, l’activité de certains éléments en béton progresse. Tel est le cas des bordures (+ 17,1 %) et des pavés (+ 9,9 %). En revanche, les regards ou les dalles de voirie connaissent respectivement des baisses en volume de l’ordre de – 3,6 % et de – 5,2 %. L’activité est portée, en majorité, par les produits d’aménagement en raison de la période pré-électorale des collectivités locales. Mais par rapport à fin avril 2019 sur 12 mois, le repli est de 11,9 %.

Une reprise tardive pour le bâtiment

Quant aux perspectives 2025 pour l’industrie du béton, la situation reste préoccupante. « Dans le bâtiment, la reprise tarde, souligne Benoît Hennaut, vice-président de la Fib. Les premiers signes pour notre industrie devraient être tangibles d’ici la fin de l’année, voire en 2026. » En ce qui concerne les ventes de bâtiments résidentiels collectifs, la baisse se poursuit. La reprise pourrait n’intervenir qu’en 2026, voire 2027. « Compte tenu de ces constats et des variations mensuelles irrégulières des produits préfabriqués en béton, l’activité devrait reculer de – 4 %. Cela concerne l’ensemble des produits destinés au bâtiment, sur l’ensemble du territoire français. »

Un léger repli pour les TP

Pour ce qui est des travaux publics, le repli devrait être modéré. « La fin du cycle pré-électoral approche. Les travaux engagés devraient s’achever d’ici septembre. En parallèle, les ressources des collectivités locales diminuent. Ces deux facteurs auront un impact sur l’activité des travaux publics. » Les données actuelles sur les produits préfabriqués en béton pour les travaux publics confirment cette tendance. Un ralentissement de l’activité est attendu, autour de – 2 %. De manière générale, l’industrie de la préfabrication béton pourrait connaître un recul de – 3 % cette année. « Ces prévisions n’intègrent pas les conséquences éventuelles des conflits internationaux. Ces tensions géopolitiques pourraient, d’ailleurs, influer de manière négative sur l’économie mondiale et par ricochet sur celle française. »

La décarbonation des ouvrages, un enjeu majeur

Face à ces défis, la filière mise sur l’innovation et en particulier sur la décarbonation des ouvrages. Pour y parvenir, l’utilisation de solutions préfabriquées semble le meilleur remède. « Ce mode constructif diminue l’impact carbone jusqu’à 75 %. Les économies de matière peuvent atteindre, quant à elles, les – 50 %. De plus, tous  les produits préfabriqués peuvent intégrer des granulats recyclés. La préfabrication offre, qui plus est, un gain de 40 % de mise en œuvre sur chantier. Et la production de ces solutions fonctionne en circuit court. En France, 700 sites sont répartis sur l’ensemble du territoire. Et 90 % de ces systèmes sont couverts par une Fdes. »

Evolution de la norme EN 206/CN 2025

En ce qui concerne l’environnement, la norme béton EN 206/CN sera révisée au premier semestre 2025. Une évolution qui vise à intégrer une stratégie “impact carbone réduit” dans le référentiel normatif français. Elle s’accompagnera de la parution de nouveaux fascicules de documentation. « Des valeurs de base ont été définies pour chaque classe d’exposition et de résistance. Mais la réponse à ces prescriptions s’évalue à l’échelle de l’unité fonctionnelle. Cette dernière permettra de mesurer l’empreinte environnementale d’un ouvrage. Mais aussi de prendre en compte les matériaux utilisés, les quantités mises en œuvre, leur durée de vie et leur usage. » En contribuant aux travaux “Solutions bas carbone” de la commission P18B, le Cérib joue un rôle clef dans l’évolution de la norme. Ceci, afin de faciliter une adoption plus large des bétons bas carbone, tout en maintenant la performance des ouvrages.

Le “Manifeste RSE” de la préfabrication béton

Enfin, la Fib lance un “Manifeste RSE” qui affirme ses engagements pour l’environnement, la sécurité, l’ancrage local et l’innovation. D’ici 2030, la Fédération souhaite impliquer 75 % de ses PME dans une démarche RSE. « L’objectif de ce manifeste est d’intégrer 10 % de matériaux recyclés dans les bétons à l’horizon 2030. Les efforts de décarbonation se poursuivent aussi, souligne Marie Dedieu, présidente de la Commission RSE de la Fib. A ce jour, des solutions préfabriquées possèdent un empreinte carbone réduite entre 15 et 70 %. En parallèle, ces produits associent une économie de matières de l’ordre de 15 à 40 %. Les industriels poursuivent ainsi leurs efforts pour réduire l’impact carbone de leurs éléments en béton et de leurs process. »

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