Eqiom teste le transport fluvial de ciments entre Rouen et Paris

Frédéric Gluzicki
12/12/2019
Modifié le 23/04/2021 à 12:32

Eqiom vient de mener un test de transport par voie d’eau de ciments en conteneurs. Ceci, en utilisant une navette fluviale régulière entre Rouen et Paris.

Chargement du conteneur cimentier Eqiom sur la barge de transport fluvial. [©Haropa]
Chargement du conteneur cimentier Eqiom sur la barge de transport fluvial. [©Haropa]

Peu polluant, le transport fluvial consomme cinq fois moins de carburant que le transport routier et émet donc jusqu’à cinq fois moins de CO2 à la tonne transportée. Il réduit aussi les nuisances liées à la problématique de congestion routière… 

A Grand-Couronne, près de Rouen (76), Eqiom dispose d’un centre de broyage, qui assure la fabrication finale de ciments. Une bonne partie de cette production est aujourd’hui acheminée par la route en direction de l’Ile-de-France. Elle représente jusqu’à 25 conteneurs de ciment vrac par semaine… Durant l’automne dernier, le cimentier a choisi de tester une alternative à ce transport routier. Ceci, en profitant d’une navette régulière fluviale« Et non pas en mettant en place un transport spécifique par voie d’eau », précise Jérôme Bécamel, directeur de la logistique Eqiom. Exploitée par GreenModal Transport, branche “Opérateur de transport combiné” du Groupe Charles André (GCA), cette navette consiste en une barge propulsée sur l’eau par un bateau-pousseur. Elle relie par la Seine le Havre au port francilien de Gennevilliers (92) et à sa plate-forme multimodale.

Evaluer la faisabilité technique

Zone portuaire de Rouen. [©Haropa]
Zone portuaire de Rouen. [©Haropa]

A travers ce test, Eqiom souhaite diversifier sa supply chain, en transférant vers le mode fluvial une partie de ses livraisons aujourd’hui réalisées par la route. L’industriel estime un potentiel annuel de report vers la voie d’eau de l’ordre de 35 500 t de ciment. Soit l’équivalent de 1 800 semi-remorques en mois sur la route et l’économie de près de 150 t de CO2/an.

La navette fluviale relie régulièrement les ports du Havre, de Rouen et de Paris. [©Haropa]
La navette fluviale relie régulièrement les ports du Havre, de Rouen et de Paris. [©Haropa]

D’une durée de trois semaines, le test a permis d’évaluer l’économie et la faisabilité technique du projet. De manière précise, le transport fluvial du ciment a été opéré entre le port de Rouen et celui de Gennevilliers. Tous deux sont exploités par Haropa, entité réunissant aussi les ports du Havre et ceux de Paris, en faisant le 5e ensemble portuaire Nord-européen. De leurs côtés, le pré- et le post-acheminement sur les premiers et derniers kilomètres étaient réalisés par la route. Oissel Trans (76) et Girault Lor (Ile-de-France), deux filiales de GCA, assuraient cette prestation. Il s’agissait d’acheminer le ciment depuis le centre de broyage jusqu’au port de Rouen. Puis, du port de Gennevilliers jusqu’au client final. Pour ce projet, GCA et Haropa ont apporté leur expertise du transport fluvial et de solutions multimodales alternatives. GCA a aussi fourni les conteneurs spécifiques au transport de ciment, d’une longueur de 30 pieds pour une capacité de l’ordre de 27 t. Enfin, Voies Navigables de France a apporté son soutien financier à l’expérimentation. L’établissement public en charge de la gestion des canaux, rivières et fleuves navigables l’a fait dans le cadre de son Plan d’aide au report modal.

Assurer un minimum de stock

Chargement du conteneur cimentier Eqiom pour le transport routier final. [©Haropa]
Chargement du conteneur cimentier Eqiom pour le transport routier final. [©Haropa]

Outre l’aspect économique, Eqiom vise trois enjeux à travers ce test. « Nous cherchons une complémentarité avec le transport par la route,reprend Jérôme Bécamel. Le fluvial permet d’anticiper les problématiques de logistiques en zones urbaines denses. Enfin, il est un facteur positif sur la baisse de nos émissions de carbone. » Action qui s’inscrit dans les programmes comme Fret 21 ou TK’Blue

Déchargement du ciment en centrale à béton, chez le client final. [©Haropa]
Déchargement du ciment en centrale à béton, chez le client final. [©Haropa]

Le bilan de ce premier test montre qu’une logistique intégrant plusieurs ruptures de charge fait grimper les coûts. « Sans les aléas, cette solution est plus chère de l’ordre de 30 %. » Les ruptures de charge se situent au niveau du chargement des conteneurs sur la barge et à leur déchargement sur le port de Gennevilliers. L’autre aspect concerne l’anticipation nécessaire. En effet, les clients passent souvent leurs commandes tardivement, mais demandent un approvisionnement au plus vite. Seule, la souplesse d’un transport routier permet de répondre à cette attente. « Si nous voulons opter pour la voie fluviale, nous devons assurer un minimum de stock sur le port de Gennevilliers », indique Jérôme Bécamel. C’est aussi un des enseignements de ce test. Quelques conteneurs suffiront… « Nous proposerons un seul de type de ciments, le plus couramment demandé. »

Jugées positives de manière globale, les études seront poursuivies en 2020. Eqiom et ses partenaires vont continuer à travailler à la mise en place durable de cette solution logistique alternative.

Frédéric Gluzicki