Entreprises d’isolation : « La filière se meurt »

Rédaction
05/07/2022

Le Syndicat national de l’isolation demande un plan de sauvegarde d’urgence pour une filière qui « se meurt ».

Le conditionnement en vrac est bien adapté à l’isolation des combles perdus. [©Isonat]
[©Isonat]

Le 1er juillet 2022 a sonné la fin des coups de pouce CEE pour le monde de la rénovation énergétique. Compte tenu de la situation, le Syndicat national de l’isolation (SNI) a rédigé un courrier à l’encontre de la Première ministre. L’objectif ? Attirer l’attention sur la précarité de la filière isolation et demander un plan de sauvetage d’urgence.

« L’administration nous avait promis de la stabilité, de la régularité, de la simplification et une stratégie basée sur le long terme. “Terminé les effets yoyo”, nous avait-elle assurés concernant la politique liée aux aides à la rénovation énergétique des bâtiments, celles des CEE en particulier. » Le SNI dénonce ainsi des discours et des actions contradictoires.

Une politique trop fluctuante

En effet, le syndicat estime que les entreprises du bâtiment spécialisées dans les travaux d’isolation se sont largement investies pour répondre à la demande de rénovation générée par les aides et dispositifs mis en place par le gouvernement. Et ce, en embauchant, en renouvelant leurs matériels et autres outils, en se restructurant et en mettant en place des garde-fous pour lutter contre l’éco-délinquance. Mais, selon le SNI, le rabotage des aides met en péril la survie des entreprises.

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« Les ménages précaires sont devenus des ménages génétiques. Les zones H1, H2 et H3 sont réintroduites au détriment des entreprises qui subissent une injustice selon le secteur géographique de leur implantation. » De plus, avec la situation actuelle qui touche de nombreux secteurs d’activité, le coût des matériaux, le prix de la main-d’œuvre et de l’énergie ont explosé. « Sans qu’aucun ajustement tarifaire ne soit proposé par l’administration. » Enfin, pour le syndicat, les estimations du stock “caché” des CEE/Obligés (finalement évalué à 1 000 TWhc) a porté un coup fatal aux métiers de l’isolation et aux ménages. Le reste à charge des travaux étant trop élevé.

20 à 25 % des entreprises d’isolation ont déposé le bilan

« Nous demandons un plan de sauvetage d’urgence, car si 20 à 25 % des sociétés d’isolation ont déjà déposé le bilan, 40 % sont aussi prêtes à le faire. Les autres 35 à 40 % restantes sont en grande difficulté, leur chiffre d’affaires a diminué de 60 à 80 %. Alors que les mensualités liées à la dette, elles, n’ont pas diminué. »

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Parmi les revendications, le SNI demande, entre autres, d’annualiser les obligations des “obligés” pour ne pas subir les fluctuations. De mettre le kWhc/m2 des zones H1 sur toutes les zones. Mais aussi, la rehausse des plafonds de revenus pour bénéficier des aides d’Etat et une politique stable et claire dans le domaine… « Les promesses et les agissements de l’administration ont ruiné les sociétés d’isolation dignes de ce nom. Leur savoir-faire disparaît avec les licenciements. Seuls les éco-délinquants – aujourd’hui disparus de notre métier – renaîtront rapidement de leurs cendres. Nous ne croyons pas que cela soit dans l’intérêt des ménages, ni de l’administration, ni de nos entreprises historiques… »