Egypte : Transformer Alexandrie avec le métro

Article paru dans Béton[s] le Magazine n° 116.

Jamais au grand jamais, Alexandre Le Grand n’aurait pu imaginer, lorsqu’il fonda la ville d’Alexandrie, en 331 av J.C., en Egypte, que la cité serait un jour peuplée de 6,1 M d’habitants. Que sa bibliothèque et son phare marqueraient l’histoire. Et que la circulation moderne y serait un cauchemar…

En effet, Alexandrie est l’une de ces villes antiques qui se sont transformées au XX^e siècle en mégapole et dont l’organisation des transports était devenue quelque peu anarchique et vieillissante. Pour y remédier, l’Egypte a lancé un large plan de modernisation de ses infrastructures de transport, avec notamment la construction d’un métro à Alexandrie. Evalué à 1,39 Md$ (1,83 Md€), ce projet doit transformer en totalité le réseau ferroviaire existant en un système de métro moderne. Celui-ci va s’étendre sur 21,7 km et sera doté de 20 stations, stratégiquement situées entre le centre de la cité et la ville d’Abu Qir, au Nord-Est. L’ambition est de réaliser la transition vers un système de transport urbain efficace, rapide et durable. Le tout financé, entre autres, par des institutions internationales, telles que la Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) et l’Agence française de développement (AFD).

Des stations au sol, en l’air, sous terre

Le métro d’Alexandrie comprendra des stations surélevées, de surface et souterraines. Ce qui lui permettra de s’adapter aux besoins de la ville et de minimiser l’impact sur le trafic urbain dense. Dans la première phase, le métro s’étendra sur 21,7 km, offrant un accès rapide et direct entre les zones clefs. Les 20 stations prévues seront conçues pour optimiser le flux de passagers, avec plusieurs stations surélevées qui compléteront les arrêts de surface et d’autres, souterraines. De quoi assurer une plus grande connectivité au réseau existant de transports publics. Cette première phase de travaux devrait être achevée en 2026.

Pour les phases futures, la construction d’un tunnel de 13,2 km est prévue, ce qui augmentera la vitesse opérationnelle et réduira les temps de trajet. Cette section enterrée sera essentielle pour offrir une plus grande efficacité et durabilité, car elle diminuera la congestion et favorisera l’utilisation des transports publics comme alternative écologique.

Un groupement entre Orascom Construction et Colas Rail.

A la manœuvre, un groupement entre l’acteur local Orascom Construction et le Français Colas Rail, accompagnés d’autres entreprises tricolores comme Thalès ou Egis. Côté bétons, outre les équipes d’Orascom Construction, le chantier s’appuie sur le savoir-faire de l’Espagnol Moldtech. L’industriel, spécialiste des équipements pour la préfabrication a fourni une usine conçue pour la production de poutres en auge (en “U”) précontraintes. Cette dernière est composée de deux lignes de production complètes et autoportantes, qui optimisent la fabrication des poutres en auge précontraintes.

Ces deux lignes de production de poutres précontraintes sont constituées de linteaux actifs et de linteaux passifs. Situés aux extrémités de la structure autoporteuse correspondante. Ce système permet de réaliser des poutres précontraintes de dimensions importantes avec une grande précision. Pour obtenir des poutres en auge au format et aux propriétés mécaniques requises, les deux lignes Moldtech utilisent des jeux de moules spécifiques qui définissent la forme des pièces.

Une unité de détente hydraulique spécifique

L’usine de préfabrication s’appuie sur cinq axes technologiques. Qui lui permettent à la fois de produire les poutres en auge nécessaires au projet. Mais aussi de le faire avec précision et productivité. Premier élément technologique, l’unité de détente hydraulique synchronisée et l’équipement de précontrainte. Ce système permet de tendre et de détendre les torons utilisés pour la production des poutres en auge. Caractéristique fondamentale pour garantir la résistance structurelle des éléments produits et le fonctionnement sûr des lignes. L’unité permet d’effectuer automatiquement l’opération de détente. Grâce à un système de contrôle qui assure un mouvement asservi et synchronisé des vérins de détente.

Autre élément, le système de vibration. Il assure le compactage du béton une fois coulé dans le moule. Améliorant ainsi la qualité et la durabilité des éléments produits. Il  intègre une gestion centralisée qui permet la configuration du système via une interface simple actionnée à partir d’un écran tactile. Les vibrateurs peuvent être regroupés pour être actionnés simultanément depuis la télécommande. Les opérateurs peuvent désactiver ou réaffecter les vibrateurs au sein de chaque groupe pour ajuster les paramètres. Tout cela permet une opération à distance simple, ainsi qu’un système très flexible.

Rendre à Alexandrie sa beauté originelle

L’installation locale compte aussi un système rétractable du noyau interne. En cherchant à améliorer l’efficacité du système, un noyau interne capable de rétractation hydraulique a été incorporé pour permettre le démoulage des pièces. Grâce à lui, la production reste efficace et rapide, sans risque d’endommager les éléments préfabriqués, tout en minimisant la main-d’œuvre nécessaire. Bien entendu, l’usine compte aussi un système de précontrainte de grande capacité. La tension totale de ce système atteint 1900 t, une exigence critique pour les grandes structures.

Enfin, une série d’accessoires de facilitation et de précision agrémentent l’installation comme le pousseur des torons, l’outil de levage et le crochet de levage. Ces éléments supplémentaires optimisent la manutention des matériaux et garantissent des opérations sûres. Ce qui permettra de proposer aux Alexandrins une alternative à la voiture. Et ainsi désengorger les rues de la cité. De quoi rapprocher l’Alexandrie moderne, de la vision de son fondateur.

Repère

Maître d’ouvrage : National Authority for Tunnels (Egypte)
Maîtrise d’œuvre : Egis – Engineering Consultants Group
Groupement d’entreprises : Colas Rail – Orascom Construction
Délai : Livraison en 2026
Coût : 1,83 Md€

Article paru dans Béton[s] le Magazine n° 116.

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