Béton Grand Cru

Article paru dans Béton[s] le Magazine n°120

Ah, septembre ! Le mois où les vendanges battent leur plein, où le raisin se transforme en nectar et où l’on commence à se demander si l’on pourrait vraiment vivre sans vin (spoiler : “non”). Mais attendez, un “intrus” s’invite à la fête : le béton ! Oui, je sais, vous vous dites “Oui et alors ?”. Nous sommes ici dans la rubrique “Paue Café”, où l’on parle du béton autrement ! Et justement, le béton s’invite ici dans les caves des vignerons sous la forme de cuves à vin. Oui, oui, vous avez bien lu ! Le vin et le béton, une présence aussi surprenante qu’un vin rosé au cœur de l’hiver, mais diablement efficace ! Ces cuves en béton représentent une véritable révolution dans l’univers viticole.

La bataille de fûts est lancée !

L’apparition des cuves en béton remonte pourtant aux années 1950, où elles sont alors devenues les précieuses partenaires des vignerons en quête de qualité. Mais aussi, parce que le bois manquait après la Seconde Guerre mondiale. Grâce à leur neutralité et à leurs propriétés physiques, les cuves en béton préservent la pureté des crus, à l’instar d’un bon sommelier qui cultive la saveur d’un vin, en le servant à la bonne température. Pour faire vivre de nouvelles sensations organo-leptiques¹ ! Mais leur popularité a faibli face à l’essor des cuves en acier inoxydable dans les années 1970-1980. Ces deux types de cuves sont devenus les concurrents directs des traditionnels fûts en bois, qui avaient longtemps été les favoris des vignerons. Bien que l’élevage en fût soit très apprécié pour sa capacité à transférer des arômes (et à faire parler le bois), il demande un travail acharné. Avec leur capacité limitée, les barriques en bois nécessitent plus de remplissages et d’espaces de stockage. En plus, le bois, étant un matériau vivant, laisse passer l’air, entraînant ainsi plus d’oxydation et des pertes de vin. La bataille des cuves inox vs béton était lancée ! Mais après plus de 20 ans de passage à vide, ces cuves redéfinissent les standards de vinification et ouvrent la porte à une nouvelle ère de créativité et de respect de l’environnement. Elles sont désormais de retour sur le devant de la scène, comme un bon vieux vin sorti tout droit, après plusieurs années, de la cave secrète de votre grand-père.

De formes souvent ovoïdes, encore mieux !

Elles se distinguent par leur design innovant, presque poétique, avec des formes ovoïdes (d’un œuf de Pâques grandeur XXXL si vous préférez), de tulipe… Et pouvant même être peintes de façon originale. Ces cuves imposantes, atteignant jusqu’à 2,30 m de hauteur et contenir jusqu’à 18 hl, ne sont pas seulement un régal pour les yeux. Leur esthétique favorise un mouvement naturel des liquides, créant un vortex qui maintient les lies² en suspension. Ce phénomène de micro-oxygénation permet au vin de s’épanouir, d’optimiser les arômes et de révéler des saveurs plus complexes. Mais ce n’est pas tout ! La forme ovoïde réduit aussi les interventions fréquentes des vignerons, simplifiant ainsi le processus de vinification. Ces cuves favorisent l’action des levures et diminuent la nécessité d’ajouter du soufre, permettant un élevage beaucoup plus naturel. Fabriquées souvent en Bfup, sans liants ni adjuvants synthétiques, ces cuves témoignent d’une approche artisanale, qui garantit qualité et respect de l’environnement. Ainsi, les vignerons peuvent alors se concentrer sur ce qui compte vraiment : produire des vins qui reflètent leur terroir. Alors, prêt à lever votre verre à cette belle alliance ? Santé !

¹Ensemble des propriétés d’un vin identifiées par examen sensoriel : couleur, olfaction, rétro-olfaction, sensations physiques.
²Résidu de levures mortes qui sédimentent normalement au fond du contenant à l’issue de la fermentation.

Article paru dans Béton[s] le Magazine n°120

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