Trait pour trait signé Yann Lestrat

Muriel Carbonnet
20/09/2022
Modifié le 20/09/2022 à 14:01

L’artiste rennais Yann Lestrat propose une réinterprétation de La ligne et le point du jour, une œuvre tout en ardoises de François Morellet.

L’œuvre Trait pour trait réutilise les ardoises de La Ligne et point du jour de François Morellet, “détruite”, à Rennes. [©Yann Lestat]
L’œuvre Trait pour trait réutilise les ardoises de La Ligne et point du jour de François Morellet, “détruite”, à Rennes. [©Yann Lestrat]

L’artiste Yann Lestrat propose une réinterprétation de La ligne et le point du jour, une œuvre de François Morellet (1926-2016). Cette commande publique de 1989 se trouvait sur 4 pignons d’immeubles sans fenêtres, qualifiés de murs aveugles, du boulevard Clémenceau, à Rennes. François Morellet avait alors représenté l’horizon par une ligne horizontale (“la ligne”). Alors que la course quotidienne du soleil était figurée par une ligne courbe (“le point du jour”). Cette œuvre, constituée de plaques d’ardoise, a été démontée en 2018, en raison de la transformation des bâtiments.

Un hommage à François Morellet

La Ligne et le point du jour, commande publique de 1989 se trouvait sur 4 pignons d’immeubles sans fenêtres, du boulevard Clémenceau, à Rennes. [©Florian Kleinefenn,1993]
La Ligne et le point du jour, commande publique de 1989 se trouvait sur 4 pignons d’immeubles sans fenêtres, du boulevard Clémenceau, à Rennes. [©Florian Kleinefenn,1993]

Fin 2018, Pedro Pereira, alors responsable du bureau des Arts visuels à la Ville de Rennes, a proposé par mail à l’ensemble des artistes du territoire rennais et alentours, la mise à disposition, pour qui voudrait, des ardoises restantes (une cinquantaine). Cette proposition ne s’est accompagnée d’aucune demande ni exigences particulières : l’usage en serait libre. En janvier 2019, « j’ai finalement pris possession de l’ensemble des ardoises disponibles, motivé par mon très fort attachement à l’œuvre et à la pensée de François Morellet. Nourri par une fréquentation ponctuelle, mais régulière de l’artiste et de ses proches. Plutôt que d’essayer d’incorporer ce matériau à mon travail, j’ai commencé à réfléchir à une éventuelle ré-installation dans l’espace public. Ceci, sous une forme susceptible de transmettre la mésaventure qu’elle a connue et qui rendrait une sorte d’hommage à la façon, dont François Morellet appréhendait et conduisait sa pratique de l’art. C’est-à-dire avec beaucoup d’humour, d’ironie et d’auto-dérision. Durant cette phase de réflexion, j’ai fait part à quelqu’un du démontage, en parlant d’une “œuvre à terre”. Je me suis ensuite dit qu’il pourrait peut-être y avoir un intérêt à prendre cette expression à la lettre, pour voir si on pouvait aboutir à une sorte de pirouette porteuse de sens. Et ce, plastiquement intéressante et faisant écho au talent bien connu de François Morellet pour les jeux plastiques liés au langage et aux mathématiques ».

Une œuvre à 90°

Yann Lestat a donc imaginé la transposition et la recomposition de l’œuvre pour le square de Normandie, toujours à Rennes. Il a réutilisé les ardoises originelles et en a ajouté de nouvelles. Ceci, avec le soutien de la famille Morellet, pour remplacer celles détériorées ou manquantes. La nouvelle installation s’appelle Trait pour trait. Elle rend hommage à François Morellet, tout en revisitant son travail d’abstraction géométrique. Les paires de lignes subsistent et sont dorénavant encastrées dans le sol, et non plus sur les façades. Elles sont visibles de près. Cette nouvelle perception se télescope avec l’ancienne, restée en mémoire.

M. C.