Teralta ouvre une usine pionnière dédiée aux ciments moins carbonés

Frédéric Gluzicki
12/05/2025
Modifié le 12/05/2025 à 15:53

A La Réunion, Teralta inaugure une toute nouvelle chaîne de production dédiée à la fabrication de ciments à empreinte carbone réduite. Une première !

L’usine cimentière de Teralta dans sa nouvelle configuration. [©Teralta]
L’usine cimentière de Teralta dans sa nouvelle configuration. [©Teralta]

C’est une toute nouvelle chaîne de production qui vient de sortir de terre sur le site du Port, à la Réunion. L’installation est directement connectée à l’historique usine cimentière de Teralta, filiale du groupe familial niçois Audemard depuis 4 ans maintenant. Son objectif est de produire, sur l’île, une offre inédite de ciments à empreinte carbone réduite. « Avec cette notre nouvelle usine, nous franchissons une étape importante dans notre développement. Nous sommes fiers de formuler les ciments du futur qui contribueront à soutenir les acteurs du BTP dans leur démarche environnementale. De quoi aussi permettre d’économiser l’équivalent d’une année d’émissions de CO2 générés par 30 000 véhicules. C’est une contribution concrète de Teralta sur son territoire en matière de réduction carbone et d’innovation », résume Yannick Sinama, directeur de Teralta Ciment.

Tels les déchets internes ou la pouzzolane

D’un montant de 10 M€, l’investissement a permis la construction d’un ensemble de production autonome. S’articulant autour d’un mélangeur à sec Arcen MEH 6000 à simple arbre horizontal. D’une capacité de production de 70 t/h, cet équipement bénéficie d’une cuve en acier haute résistance. Il y a en plus un système pneumatique de nettoyage. Il est connecté en amont à quatre silos de stockages de matières premières, d’un contenant unitaire de 107 m3. En aval, deux silos de capacité identique (107 m3) permettent le stockage des produits finis. Le tout est raccordé à l’unité d’ensachage déjà existante au sein de l’usine historique.

La nouvelle ligne de production Teralta s’insère dans l’usine déjà existante. [©Teralta]
La nouvelle ligne de production Teralta s’insère dans l’usine déjà existante. [©Teralta]

A partir du premier semestre 2026, une unité de micronisation viendra compléter sur cette installation. Elle sera dédiée à la valorisation de matériaux locaux, tels la pouzzolane ou les déchets internes issus de la démolition. Cette micronisation s’effectuera toujours sur le site du Port, mais côté traitements des granulats. « Elle nous permettra de gérer plusieurs modules de finesses pour formuler tantôt des ciments, tantôt des mortiers », reprend Yannick Sinama.

Un mélangeur à sec signé Arcen

Construction des infrastructures en béton de la nouvelle ligne de production. [©Teralta]

Pose du 5e des 6 nouveaux silos de l’usine. [©Teralta]

Manutention de l’un des nouveaux silos de l’usine. [©Teralta]

Dépourvue de four, l’usine cimentière de Teralta assure une production par mélange. En fait, sur l’île de La Réunion, il n’y a aucune cimenterie à proprement parler. Matière première centrale, le clinker est donc importé par bateau et provient de pays tiers… Il permet déjà la fabrication locale d’un CEM I, entre autres…

La nouvelle chaîne de production Teralta s’inscrivant dans une démarche d’économie circulaire et d’innovation durable. Elle intègre dans son process industriel des ressources inédites. Outre le CEM I (qui devient ici matière première), un laitier de haut fourneau et des cendres volantes alimentent le mélangeur Arcen. Ces matériaux sont importés de pays non européens. Ainsi, depuis le 1er mai, Teralta produit un CEM II/B-V 32,5 N CE, baptisé Terakaz. Ce dernier devrait bénéficier de la marque NF d’ici juin 2025. A la même période sera mis en production le Terabat, un CEM II/A-S 42,5 N CE. Dont la marque NF est attendue pour la rentée 2025… Enfin, dès la mise en place du microniseur, viendra le temps des premiers CEM IV signés Teralta.

Limiter l’extraction de nouvelles ressources

En effet, cette extension permettra de transformer la pouzzolane naturellement présente à La Réunion ! « Ce matériau va non seulement réduire notre dépendance aux matières premières importées, mais aussi limiter l’impact carbone de notre production grâce à un circuit très court », explique Yannick Sinama. Et de renchérir : « L’autre innovation majeure du microniseur est l’intégration de fines de béton recyclé issues de la déconstruction de bâtiments. Ces matériaux seront valorisés et intégrés dans le process de fabrication de nos ciments, limitant ainsi l’extraction de nouvelles ressources et réduisant les déchets du secteur du BTP sur l’île ». Tous ces matériaux de substitution seront réactivés avec des formulations spécifiques permettant de réduire l’utilisation du clinker, fort générateur de CO2.

Rayons X et essais de fluorescence

L’ensemble de production autonome s’articulant autour d’un mélangeur à sec Arcen MEH 6000. [©Teralta]

Palettisation des sacs de ciments. [©ACPresse]

La nouvelle ligne de production est raccordé à l’unité d’ensachage déjà existante au sein de l’usine historique. [©ACPresse]

Echantillon de ciment à analyser.

Echantillon de ciment à analyser.

Le laboratoire a bénéficié d’investissements, avec l’ouverture d’une section dédiée aux ciments à empreinte carbone réduite. [©Teralta]

Le développement et la formulation des ciments dits de “nouvelle génération” sont réalisés dans le laboratoire Teralta, au Port. En parallèle de la construction de la nouvelle ligne de production, ce laboratoire a bénéficié d’investissements, avec l’ouverture d’une section dédiée aux ciments à empreinte carbone réduite. « A présent, nous disposons d’une machine à rayons X pour nos essais “ciments” pour le suivi la qualité de notre production. De même, nous réalisons nous-même les essais de fluorescence avec des personnes dûment formées pour effectuer ces opérations. »

Transformation en profondeur du secteur du BTP

La nouvelle ligne haute performance ne se limite pas à la seule production de ciments moins carbonés. Elle ouvre la voie à une évolution des formulations de bétons, eux-aussi, plus vertueux.  Ainsi, en maîtrisant l’ensemble de la chaîne de production – du ciment au béton -, Teralta contribue à une transformation en profondeur du secteur du BTP réunionnais. Ce projet témoigne de la capacité des acteurs économiques locaux à innover pour répondre aux enjeux environnementaux, tout en renforçant l’indépendance et la résilience de l’île face aux défis climatiques.

La nouvelle ligne de production Teralta est en service depuis quelques mois... [©Teralta]
La nouvelle ligne de production Teralta est en service depuis quelques mois… [©Teralta]

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