Dans la sphère grand public, le béton continue à être malmené, car, pour certains, il est de bon ton d’en dénoncer les méfaits, par amalgame. Le SNBPE s’insurge contre cette situation injuste.
Article paru dans Béton[s] le Magazine n°121.

Bétonisation. Quel vilain mot et utilisé avec tellement d’abus ! Il y a déjà quelques mois, Alain Plantier, président de l’Unicem, avait rédigé un plaidoyer pour bannir ce terme. Et faire reconnaître la contribution du béton à l’aménagement durable des territoires.
Mais voilà, taper sur le béton est de bon ton. L’ouvrage “Désarmer le béton et ré-habiliter la terre”, signé par l’architecte et militante Léa Hobson, s’y emploie avec force. Au grand désarroi de la filière béton, dont le SNBPE est l’un des porte-étendards. « Nous regrettons une fois de plus ce type de situations. Dans cet ouvrage, le béton est littéralement diabolisé, présenté comme la source de tous les maux. A l’inverse, ses atouts pourtant essentiels, en particulier pour faire face aux conséquences des aléas climatiques, sont passés sous silence, résume Jean-Marie Modica, président du SNBPE. De la même manière, béton et construction sont souvent amalgamés comme s’il s’agissait d’une seule et même chose. »
C’est totalement faux !

A vrai dire, ce qui attriste le plus la profession est l’aura donnée à cet ouvrage dans les médias grand public. « Et sans que nous puissions préciser notre point de vue. Car personne n’a eu la curiosité de nous laisser parler. Pourtant, nous ne sommes pas fermés au débat, à la discussion. Mais comme nous n’avons pas de livre à vendre, je crains que nous n’intéressions personne… D’autant que les propos de Léa Hobson soulèvent des questions intéressantes, importantes sur les impacts environnementaux et sociaux de la construction. Des points de vue que nous partageons ou qui méritent débat. Mais nous ne sommes pas d’accord pour que le béton soit réduit à un unique symbole négatif, car c’est totalement faux ! »
Une des solutions possibles
Aujourd’hui, au nom de la profession, le SNBPE souhaite donc rappeler certaines réalités. « Le béton n’est pas responsable des politiques urbaines et d’aménagements du territoire. Le béton n’est pas la construction. Le béton constitue juste une des solutions possibles. Libre à chaque prescripteur de choisir le matériau qu’il estime le meilleur, le plus durable, le plus économique, le plus vertueux », insiste Jean-Marie Modica. Et de poursuivre : « Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Il y a seulement le bon matériau pour le bon usage ».

Toutefois, en matière de construction, le béton offre bien des arguments positifs. « Il est inégalé en termes de solidité, de durabilité et de sécurité pour les ouvrages d’art, les bâtiments collectifs, les équipements essentiels. Les alternatives comme la terre ou le bois ne répondent pas toujours aux mêmes exigences normatives : résistance mécanique, sécurité incendie, stabilité, durabilité. »
Sur l’ensemble du territoire, il existerait un parc immobilier vacant suffisant pour loger tous ceux qui en ont besoin. « Sauf que sa répartition géographique ne répond pas à cette attente. Puis, chaque année, la population augmente, de nouveaux demandeurs de logements arrivent sur le marché. Construire est donc une nécessité, quel que soit le matériau à mettre en œuvre. » Il ne faut pas oublier que : « Le béton a permis à une large population d’accéder à un logement sain et durable, à une époque où les bidonvilles étaient légion aux portes des grandes villes ».
Des terres rendues aux agriculteurs
Bien entendu, il est possible de multiplier les cultures de chanvre pour la construction, mais il faut veiller que cela ne devienne pas une concurrence à la culture alimentaire. D’autant que le béton joue un rôle essentiel dans la transition écologique. C’est là une autre réalité. « Il contribue à la résilience climatique grâce à son inertie thermique et à sa résistance aux aléas naturels. Il permet d’édifier des ouvrages hydrauliques ou des infrastructures liées aux énergies renouvelables », insiste Jean-Marie Modica.

Et de reprendre sur un sujet connexe : « Il y a bien longtemps que les granulats utilisés dans les bétons ne sont plus issus du lit majeur des rivières. Le sable, nous ne l’extrayons pas, mais nous le fabriquons par concassage de granulats. Et l’exploitation des carrières s’inscrit dans une démarche environnementale et de biodiversité stricte. Les sites sont toujours réhabilités et les terres, rendues aux agriculteurs ou aux territoires pour divers usages. » Ainsi, les professionnels appellent à une vision globale du cycle de vie des matériaux.
Neutralité carbone en 2050
Par ailleurs, les acteurs du béton soutiennent les démarches de “zéro artificialisation nette”.
« Nous sommes pour une densification raisonnée, en phase avec les besoins et les attentes de la population, insiste Jean-Marie Modica. Nous sommes pour la réutilisation des friches, pour la réhabilitation des constructions existantes. » Et si démolition il doit y avoir, la filière béton fait un grand usage des granulats issus du recyclage de ces matériaux. « En France, l’essentiel des routes et voiries circulées ne sont pas réalisées en béton. Décrier le béton quand on parle de l’autoroute A 69, pour ne citer que cet exemple, n’est pas objectif. Surtout que le béton coulé au sol n’est pas nécessairement imperméabilisant : il peut être drainant, conçu pour laisser respirer les sols, laisser s’infiltrer les eaux de ruissellement. »
Une filière locale et non délocalisable
Le BPE emploie plus de 60 000 personnes en France. Par essence, il est une filière territoriale et non délocalisable, qui soutient l’économie locale. Œuvrer pour un moratoire sur la construction neuve est préparer le terrain à des conséquences économiques et sociales majeures.

Enfin, il y a le volet “décarbonation”. « De longue date, le secteur du béton agit pour réduire son empreinte carbone. Il développe des ciments toujours moins carbonés, tels les CEM II/C-M, les CEM III, les CEM VI, pour permettre de formuler des bétons à empreinte carbone réduite. La profession a mis en place une feuille de route pour atteindre sa neutralité carbone à l’échéance de 2050 », rappelle Jean-Marie Modica. Et de conclure : « L’objectif sociétal n’est pas de renoncer au béton, mais de repenser son usage, de réduire son empreinte et de l’intégrer dans une économie circulaire plus vertueuse ».
Frédéric Gluzicki
Article paru dans Béton[s] le Magazine n°121.
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