SNBPE : « Le béton n’est pas la construction ! »

Frédéric Gluzicki
14/11/1970
Modifié le 17/11/2025 à 15:40

Dans la sphère grand public, le béton continue à être malmené, car, pour certains, il est de bon ton d’en dénoncer les méfaits, par amalgame. Le SNBPE s’insurge contre cette situation injuste.

Article paru dans Béton[s] le Magazine n°121.

Jean-Marie Modica, président du SNBPE.
Jean-Marie Modica est le président du Syndicat national du béton prêt à l’emploi (SNBPE). [©ACPresse]

Bétonisation. Quel vilain mot et utilisé avec tellement d’abus ! Il y a déjà quelques mois, Alain Plantier, président de l’Unicem, avait rédigé un plaidoyer pour bannir ce terme et faire reconnaître la contribution du béton à l’aménagement durable des territoires. Mais voilà, taper sur le béton est de bon ton. L’ouvrage “Désarmer le béton et ré-habiliter la terre”, signé par l’architecte et militante Léa Hobson, s’y emploie avec force, au grand désarroi de la filière béton, dont le SNBPE est l’un des porte-étendards.

« Nous regrettons une fois de plus ce type de situations. Dans cet ouvrage, le béton est littéralement diabolisé, présenté comme la source de tous les maux. A l’inverse, ses atouts pourtant essentiels, en particulier pour faire face aux conséquences des aléas climatiques, sont passés sous silence, résume Jean-Marie Modica, président du SNBPE. De la même manière, béton et construction sont souvent amalgamés comme s’il s’agissait d’une seule et même chose. »

A vrai dire, ce qui attriste le plus la profession est l’aura donnée à cet ouvrage dans les médias grand public. « Et sans que nous puissions préciser notre point de vue, car personne n’a eu la curiosité de nous laisser parler. Pourtant, nous ne sommes pas fermés au débat, à la discussion. Mais comme nous n’avons pas de livre à vendre, je crains que nous n’intéressions personne… »

Une des solutions possibles.

Aujourd’hui, au nom de la profession, le SNBPE souhaite donc rappeler certaines réalités. « Le béton n’est pas responsable des politiques urbaines et d’aménagements du territoire. Le béton n’est pas la construction. Il constitue juste une des solutions possibles. Libre à chaque prescripteur de choisir le matériau qu’il estime le meilleur, le plus durable, le plus économique, le plus vertueux », insiste Jean-Marie Modica. Et de poursuivre : « Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Il y a seulement le bon matériau pour le bon usage ».

Toutefois, en matière de construction, le béton offre bien des arguments positifs. « Il est inégalé en termes de solidité, de durabilité et de sécurité pour les ouvrages d’art, les bâtiments collectifs, les équipements essentiels. Les alternatives comme la terre ou le bois ne répondent pas toujours aux mêmes exigences normatives. En termes de résistance mécanique, sécurité incendie, stabilité, durabilité. »

Bien entendu, il est possible de multiplier les cultures de chanvre pour la construction. Cependant, il faut veiller que cela ne devienne pas une concurrence à la culture alimentaire. D’autant que le béton joue un rôle essentiel dans la transition écologique. C’est là une autre réalité. « Il contribue à la résilience climatique grâce à son inertie thermique et à sa résistance aux aléas naturels. Il permet d’édifier des ouvrages hydrauliques ou des infrastructures liées aux énergies renouvelables. »

Neutralité carbone en 2050.

Par ailleurs, les acteurs du béton soutiennent les démarches de “zéro artificialisation nette”.

« Nous sommes pour une densification raisonnée, en phase avec les besoins et les attentes de la population, insiste Jean-Marie Modica. Nous sommes pour la réutilisation des friches, pour la réhabilitation des constructions existantes. » Et si démolition il doit y avoir, la filière béton fait un grand usage des granulats issus du recyclage de ces matériaux. « En France, l’essentiel des routes et voiries circulées ne sont pas réalisées en béton. Décrier le béton quand on parle de l’autoroute A 69, pour ne citer que cet exemple, n’est pas objectif. Surtout que le béton coulé au sol n’est pas nécessairement imperméabilisant : il peut être drainant, conçu pour laisser respirer les sols, laisser s’infiltrer les eaux de ruissellement. »

Enfin, il y a le volet “décarbonation”. « De longue date, le secteur du béton agit pour réduire son empreinte carbone. Il développe des ciments toujours moins carbonés, tels les CEM II/C-M, les CEM III, les CEM VI, pour permettre de formuler des bétons à empreinte carbone réduite. La profession a mis en place une feuille de route pour atteindre sa neutralité carbone à l’échéance de 2050 », rappelle Jean-Marie Modica. Et de conclure : « L’objectif sociétal n’est pas de renoncer au béton, mais de repenser son usage, de réduire son empreinte et de l’intégrer dans une économie circulaire plus vertueuse ».

Frédéric Gluzicki

Article paru dans Béton[s] le Magazine n°121.

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