Pascal Pistacio : Eurêka !

Muriel Carbonnet
10/12/2019
Modifié le 08/07/2020 à 11:01

Après l’exposition “Qui vivra, verra”, voici “Eurêka !” qui rassemble une trentaine de sculptures en plâtre. Découverte de l’univers de Pascal Pistacio.

“Eurêka !” est le tout nouvel intitulé de l’exposition du sculpteur Pascal Pistacio. Non, ce n’est pas le cri que, selon la légende, le savant grec Archimède aurait lancé au moment où il comprit les lois qui régissent la poussée que les objets subissent. Selon leur densité, quand ils sont plongés dans l’eau ou tout autre liquide. Mais bien plutôt une exposition qui s’inscrit dans le présent, Pascal Pistacio ayant “trouvé”, malgré les aléas de la vie, la force de continuer ses sculptures en plâtre. Qui s’élèvent de la galerie Six, boulevard Saint-Michel, à Paris.

Quand le plâtre prend forme

Le sculpteur utilise le plâtre, « Il n’y a pas de dessin préparatoire et il n’y a plus rien de cérébral, mon cerveau est désormais dans mes mains, lorsque je sculpte le plâtre. Les pièces sont en devenir. Il arrive ce qu’il doit arriver. La matière prend vie ». Ses sculptures sans socle tiennent par équilibre, un équilibre en mouvement et étudié. Un équilibre qui fait vibrer les formes des corps. Renoncer au socle, c’est essentiellement renoncer à tout positionnement définitif, afin de laisser la forme se développer. Ses œuvres jouent toutes avec la gravité. Ses corps mutilés, dansants ou handicapés (ou les trois en même temps…)… sont fragiles, mais toujours ludiques. Et en même temps, ils dégagent une force silencieuse, une certaine rêverie. On l’aura compris, la figure est son sujet unique et obsessionnel, mais toujours en mouvement. Inlassablement, il tente de faire advenir une présence au monde. Pascal Pistacio réalise des sculptures minimalistes – dont certaines ne font pas plus de 6 cm – et d’autres aux dimensions  monumentales – jusqu’à 4 m de hauteur. Mais elles sont toujours ouvertes vers l’extérieur. Ce ne sont pas des volumes pleins, mais bien plutôt des corps presque abstraits, aux bras trop longs, aux jambes coupées, aux seins trop lourds, aux visages disloqués… Les vides, cet entre-deux de la ligne, ont leur importance. Ses sculptures ne sont pas sans référence aux figures d’Henri Matisse. Elles virevoltent dans l’espace, gracieuses ou massives…