Hors site et impression 3D, des leviers pour relancer le BTP

Arnaud Le Brun
11/12/2025

Face à la crise du logement, le hors site et l’impression 3D deviennent des leviers majeurs pour aider le BTP à gagner en productivité et en qualité.

L’impression 3D permet de fabriquer en atelier des éléments répétitifs avec une qualité constante [©ACPresse]
L’impression 3D permet de fabriquer en atelier des éléments répétitifs avec une qualité constante [©ACPresse]

Dû à la crise du logement et à l’instabilité économique, le secteur de la construction traverse une zone de turbulence. De nombreux acteurs alertent sur l’urgence d’adopter de nouvelles méthodes industrielles. A l’image d’Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB) : « Nous allons perdre 25 000 équivalents temps plein et plusieurs milliers d’entreprises d’ici la fin de l’année, faute de mesures concrètes ». Un constat alarmant qui illustre la fragilité de la filière privée de visibilité. Pour pallier ces difficultés, la préfabrication hors site et l’impression 3D béton apparaissent comme des leviers majeurs. Complémentaires, elles offrent une production automatisée en atelier, limitent la dépendance à la main-d’œuvre et améliorent la maîtrise des coûts. Ainsi, Bain & Company, cabinet international de conseil en stratégie et management, estime un gain de temps de 20 à 40 % sur les chantiers grâce au hors site. Quant à la fabrication additive, elle permet de fabriquer en atelier des éléments répétitifs avec une qualité constante. De plus, elle réduit les déchets d’environ 30 % par rapport aux méthodes traditionnelles. 

Des procédés pour améliorer la productivité et la qualité

Par conséquent, transformer les méthodes de travail est un impératif pour le BTP. Mais aussi pour réduire les délais et sécuriser les chantiers. « La préfabrication hors site n’est plus une option, souligne Pascal Andries Pdg de Orisha Construction. C’est une réponse concrète aux besoins de productivité et de qualité. » Et l’impression 3D s’inscrit dans cette dynamique. Elle permet de réaliser en atelier des murs techniques, des pièces structurelles ou des éléments architecturaux, livrés ensuite sur site. « Le renouveau du secteur passera par une adoption plus rapide des nouvelles technologies, déclare Adrien Bron, associé construction chez Bain & Company. Mais aussi par une industrialisation de la chaîne de valeur. » Et la fabrication additive répond directement à ce besoin. Elle relie la conception numérique et la fabrication physique, sans passer par les étapes lourdes du coffrage. L’optimisation de ce temps et des ressources ouvre la voie à une production plus agile. Ceci, afin de répondre à l’urgence de construire plus vite et mieux.

Un outil pédagogique

Redorer l’image de la construction en particulier auprès des jeunes est devenu un enjeu primordial pour la filière. L’impression 3D joue ici un rôle pédagogique de premier plan. « Former les futurs ingénieurs aux outils numériques est indispensable, précise Joël Cuny directeur de l’ESTP. Les nouvelles méthodes constructives répondent à cette attente et accompagnent cette transformation. » Les écoles et universités préparent déjà une génération d’ingénieurs et techniciens capables de concevoir et piloter ces procédés constructifs. Une évolution capitale, puisqu’aujourd’hui, selon Action Logement et la FFB, 17 % des étudiants abandonnent leur cursus faute de logement. La compétitivité future du secteur dépend ainsi d’un investissement important dans l’innovation et la formation. La question est de savoir si les résistances culturelles et organisationnelles freineront cette transformation…

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