FFB : 100 000 emplois menacés

Yann Butillon
12/04/2023

La FFB craint la suppression de 100 000 emplois dans le secteur de la construction, si rien n’est fait par le gouvernement pour endiguer la crise du logement neuf. Il faut réagir dans les deux mois à venir, selon Olivier Salleron, président de la FFB.

La FFB d'Olivier Salleron craint la suppression de 100 000 emplois face à la crise du logement neuf.[©FFB]
La FFB d’Olivier Salleron craint la suppression de 100 000 emplois face à la crise du logement neuf.[©FFB]

Lors de sa conférence quadrimestriel, Olivier Salleron, président de la FFB a fait un constat, mais alarmiste… « Ce n’est pas faute d’avoir prévenu, mais nous sommes aujourd’hui en plein dans une nouvelle crise. Celle du logement neuf. Le ressort est cassé. Et cette crise, si des mesures concrètes ne sont pas prises dans les deux mois, coutera 100 000 emplois fin 2024. » Le ton est grave, le constat, tout autant !

Lire aussi : Logements neufs : Une crise historique pour la FFB

Fin février, en glissement sur trois mois, les mises en chantiers avaient reculé de – 1,1 %. Mais si l’on se concentre sur le logement neuf, la baisse était de – 8,6 %. Les autorisations reculaient, elles, au global, de – 26 %. Fin décembre, les constructeurs promoteurs relevaient un ralentissement de – 28,3 % de leur activité. Et un taux d’annulation en très forte hausse.

Des perspectives mauvaises

« Sans changement, la perspective est mauvaise. Pour les logements neufs, nous sommes sur une chute de – 20 % pour l’année 2023. Et une stabilisation à un niveau historiquement bas en 2024. Les mises en chantiers seraient en baisse de – 25 %. Les projections ciblent 274 000 unités construites pour 2024, soit un niveau équivalent à la crise des années 1990. » Cependant, le temps est compté. Compte tenu des délais d’activation des différents aides possibles, si rien n’est fait d’ici juin, l’activité de construction de logement devrait plongée de – 25 % d’ici fin 2024.

Le non résidentiel neuf n’est pas vraiment en meilleure santé, non plus. Si pour les surfaces commerciales, les mises en chantier sont en recul global de – 14,5 % en 2022, il y a des fortes disparités selon les secteurs. Ainsi, les hôtels font un bond de + 31,9 %, alors que l’industrie baisse de – 32,8 %. Même s’il est vrai que la construction pour le secteur industriel avait atteint un niveau haut historique en 2021. En revanche, les autorisations affichent un + 7,9 %, porté par l’ensemble des secteurs.

Enfin, l’amélioration-entretien affiche une progression globale de + 2,1 %. « Là encore, il y a des bémols à mettre, reprend Olivier Salleron. Nous devrions être à un niveau de + 5 % si l’on veut respecter les objectifs d’économie d’émissions carbone des bâtiments. D’autant que la rénovation énergétique n’est qu’à + 1,8 %. Tout ceci dans le cas où il n’y a pas de majoration des aides. »

Le gouvernement attendu au tournant par la FFB

La FFB en appelle donc au gouvernement pour relancer un cercle vertueux autour du logement neuf. Une demande qui se veut urgente. « Nous devons agir vite. D’abord avec un assouplissement des obligations du Haut Conseil de la stabilité financière. » En clair, il faut ouvrir les vannes du crédit pour permettre aux primo-accédants de financer leurs projets en matière de logement. « Il faut aussi un assouplissement du ZAN. » Le Zéro Artificialisation Nette oblige les collectivités à réduire de moitié les constructions sur de nouvelles parcelles sur dix ans. « Il faut respecter la règle. Aujourd’hui, nous sommes plus sur de la zéro construction que sur une division par deux. »

En complément, la FFB souhaite « le rétablissement d’une quotité du PTZ à 40 % dans les zones B2 et C2. Ainsi qu’un crédit d’impôt RE 2020 sur les annuités empruntées. » Mais aussi, à court terme, l’établissement d’un dispositif équivalent au Pinel 2022. Et sur le moyen terme, la mise en place d’un statut du bailleur privé. Enfin, du côté de la rénovation énergétique, « il faut un investissement dans MaPrimeRenov de 1 Md€ sur cinq ans. Une simplification des demandes uniques MPR-CEE. Ce qui permettrait de donner un vrai élan à la rénovation énergétique ».

Des promesses et des attentes

La FFB se dit aussi en attente du plan Jules Ferry de rénovation des établissements scolaires. « Il semblerait que 30 Md€ seraient investis sur 10 ans, ce qui nous paraît être un bon signal. » Olivier Salleron a tenu à rappeler qu’il a bien conscience « que ces mesures ont un coût certain. Mais il faut aussi rappeler que le logement contribue à hauteur de 50 Md€ au budget de l’état. C’est donc un investissement sur l’avenir. »

Enfin, sur le front des prix matériaux, si de nombreux secteurs ont entamé une décrue à l’été 2022, la crise de l’énergie est passée par là, et de nouveaux secteurs ont entamé une augmentation de coûts. C’est le cas des tuiles, des céramiques, mais surtout du BPE. « Nous attendons les résultats de la mise en place de l’observatoire des prix des matériaux mis en place par le Ministère de Bruno Lemaire. Et nous ne pouvons que pousser les industriels à y participer », conclut Olivier Salleron. Pour résumer, il est urgent d’agir.

Et suivez-nous sur tous nos réseaux sociaux !