Care Promotion : “La RE 2020 est une bonne réglementation”

Frédéric Gluzicki
06/02/2024
Modifié le 05/04/2024 à 14:21

Pour François Correia, associé-fondateur de Care Promotion, la RE 2020 est une bonne réglementation. Elle influence de façon positive la manière de construire des logements.

Article paru dans Béton[s] le Magazine n°110

Associé-fondateur de Care Promotion, François Correia en est aussi le directeur général adjoint. [©ACPresse]
Associé-fondateur de Care Promotion, François Correia en est aussi le directeur général adjoint. [©ACPresse]

Qui est Care Promotion ?

Nous sommes un promoteur immobilier, aujourd’hui implanté en Ile-de-France, en Normandie et sur l’Arc alpin. Nous sommes spécialisés dans les opérations immobilières résidentielles à destination des particuliers et des acquéreurs institutionnels.  Nous ne réalisons pas de maisons individuelles, mais déployons notre intelligence dans le logement collectif.

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Notre nom “Care” est un acronyme correspondant aux initiales du nom des fondateurs. Mais qui véhicule une image positive, celle du “prendre soin”. Nous intégrons cette valeur dans chacune de nos opérations et l’appliquons à toutes les parties prenantes. C’est aussi dans ce cadre que nous avons développé notre Label Santé+. Celui-ci appuie notre volonté de proposer de beaux projets où le “bien-vivre ensemble” est une valeur cardinale et qui participent à l’embellissement de nos villes.

Quelles ont été les conséquences, pour Care Promotion, de l’entrée en application de la RE 2020 ?

A vrai dire, aucune ! En fait, dès le début de l’aventure Care Promotion, nous avons intégré des exigences environnementales fortes. Nous avons donc labellisé nos opérations en E+C, à l’époque de la RT 2012. Cela nous a conduits à étudier et à comprendre le principe de fonction des analyses de cycles de vie ou ACV. Nous avons pris conscience que chaque matériau a un impact carbone plus ou moins important. Dès lors que la RE 2020 a été instaurée, nous savions comment les choses fonctionnaient.

La RE 2020 a-t-elle modifié ou fait évoluer votre vision sur le matériau béton ?

Absolument ! Avant l’arrivée de la RE 2020, nous construisions en nous appuyant sur des modèles établis. Nous coulions du béton à la banche sans nous poser de questions. Aujourd’hui, nous nous interrogeons. Comment décarboner ? Comment construire les façades, les cloisons intérieures ? Nous constatons une évolution du modèle constructif. Le béton offre des performances, mais présente aussi des limites au plan environnemental. Ainsi, réaliser une opération en béton à 100 % apparaît inadéquat. Le bois permet de réduire l’impact carbone très vite. Toutefois, il nécessite de cumuler beaucoup trop des solutions techniques pour être efficace en plancher. Le béton, lui, apporte une réponse simple et efficace. En façade, c’est le contraire. Là, c’est le bois qui tire son épingle du jeu.

Nous le voyons bien, l’heure est à la mixité des matériaux : la bonne ressource au bon endroit. Et en plus, elle doit être exploitée à proximité des chantiers. Par exemple, les équipes de Care Promotion sur l’Arc alpin favorisent le bois, car la ressource est locale…

Vous avez deux programmes en cours qui voient la mise en œuvre de l’offre Caméléo de Rector. Comment avez-vous découvert cette solution constructive ? Que vous apporte-t-elle ?

Une opération est toujours un travail commun entre un promoteur, un architecte et des bureaux d’études. Nous sommes tous à l’affût des innovations, en veille technologique. Caméléo de Rector nous a été suggérée par le bureau d’études Pouget Consultants. Ce système poteaux-planchers permettait de répondre aux exigences environnementales : RE 2020 – seuil 2025 pour l’opération Emblème, à Saint-Cyr-l’Ecole, dans les Yvelines, et C2 et BBC Effinergie pour le programme Sycomore, à Bussy-Saint-Georges, en Seine-et-Marne. Sur cette dernière construction, nous avons coulé près de 30 % de béton en moins comparé à une opération semblable d’il y a quatre ans. En plus, nous avons privilégié des bétons à empreinte carbone réduite.    

D’une manière plus large, quelles sont les attentes des acheteurs, en termes de matériaux de construction ? Sont-ils sensibles aux efforts faits, en termes de performances thermiques et environnementales ?

L’acheteur particulier reste peu intéressé par la nature des matériaux utilisés. Son attente est de profiter d’un logement pérenne. Il regarde aussi les performances environnementales, thermiques en particulier. Les diagnostics de performance énergétique deviennent des sujets prégnants.

Les gros investisseurs privés tout comme les bailleurs sociaux cherchent de la rentabilité sur le long terme, pouvant aller jusqu’à 30 ans. Ils s’intéressent donc aux critères de RSE et sont sensibles à l’image de marque qu’ils véhiculent à travers leurs choix de matériaux et de techniques constructives.  

Le fait de construire des habitations plus performantes permet-il de les vendre plus cher ? Qu’est-ce qui fait le prix d’un logement ?

C’est le marché qui fait le prix du logement… Ainsi, il nous est impossible de vendre plus cher un logement plus performant. A contrario, le manque de performance thermique ou environnementale aboutit toujours à une décote !

Pour résumer, le prix d’un logement se divise en deux éléments centraux : le coût construction proprement dite et celui du foncier, qui en constitue la grande proportion. A cela s’ajoute, dans une moindre mesure, le niveau de prestations proposées…

La RE 2020 a beaucoup été décriée. Mais est-elle, selon vous, une bonne ou une mauvaise réglementation ?

La RE 2020 est une bonne réglementation. Nous savions que le RT 2012 devait évoluer… Le côté positif de la RE 2020 est qu’elle s’inscrit sur des objectifs de performances. Ceci, avec les seuils successifs. Une telle progression permet à toute la filière de s’organiser. Nous avons une vision à dix ans, ce qui est déjà très bien.

Par contre, cette réglementation n’est pas forcément arrivée au bon moment, la crise actuelle en est le témoignage. Mais notre véritable inquiétude vient de l’absence totale d’une vraie politique du logement en France ! Le besoin est réel sans qu’une vision claire, avec des actions concrètes, ne soient mis en œuvre pour favoriser l’accession en bon père de famille.

Comment appréhendez-vous les seuils 2025, puis 2028 ou 2031 de la RE 2020 ?

D’une manière pragmatique et optimiste, car nous pouvons avoir une vision à plus long terme. Ainsi, si nous tentons de construire aujourd’hui des logements en nous alignant sur les seuils de 2028 ou 2031, nous serons trop chers. Pour les industriels, les choses sont différentes. Nous sentons les fortes énergies déployées pour mettre au point les solutions nouvelles en mesure de répondre à ces attentes futures. Tout en s’inscrivant dans un bilan économique viable.

Propos recueillis par Frédéric Gluzicki

Retrouvez le dossier en intégralité ici

Article paru dans Béton[s] le Magazine n°110

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