BPE et granulats : l’Unicem confirme la baisse historique des volumes en 2025

Lucas Simonnet
19/12/2025

Lors de sa conférence de presse économique annuelle, l’Unicem a présenté les chiffres du secteur. Un bilan qui reste morose, mais qui présente quelques indices sur une reprise de la croissance.

L'Unicem rend un rapport sur le secteur de la construction.
“On n’a jamais aussi peu produit de BPE qu’en 2025” [@ACPresse]

L’exercice 2025 pour le béton prêt à l’emploi et les granulats s’achève sur un nouveau recul de l’activité. Selon le bilan présenté par l’Unicem lors de sa conférence de presse économique du 11 décembre, la filière enregistre une 4e année consécutive de baisse, portant les volumes à des niveaux jamais atteints jusque-là.

En 2025, la production nationale de granulats recule de 1,5 %, pour s’établir autour de 300 Mt. Le seuil le plus bas depuis 40 ans ! Du côté du béton prêt à l’emploi, la situation reste encore dégradée. Après une chute de 11 % en 2024, les livraisons de BPE devraient céder 4 % supplémentaires cette année, à environ 32 Mm³. Sur quatre ans, le constat est sévère : – 21 % en volume pour le BPE et – 15 % pour les granulats. Une contraction durable qui confirme la fragilité structurelle de l’approvisionnement en béton pour la construction.

Un redressement du bâtiment trop lent pour irriguer le BPE selon l’Unicem

Le redémarrage progressif du logement individuel, soutenu par la détente des taux de crédit et par l’extension du Prêt à taux zéro, a permis une amélioration sensible des demandes de permis et des mises en chantier en 2025. Toutefois, ce regain d’activité, partant de niveaux historiquement bas, n’a pas encore produit d’effet d’entraînement suffisant sur les volumes de béton.

Quant au logement collectif, il reste pénalisé par la fin du dispositif Pinel et par l’effondrement de l’investissement locatif des particuliers. Résultat : la diffusion de la reprise vers le BPE demeure partielle et différée. Ceci, du fait des délais incompressibles entre autorisations, démarrage des chantiers et consommation effective de béton.

Travaux publics : Un débouché toujours sous tension pour les granulats

Côté granulats, l’activité des travaux publics n’a pas joué son rôle de stabilisateur en 2025. Les incertitudes budgétaires, conjuguées à la fin de cycle électoral et à la prudence accrue des collectivités, ont pesé sur les investissements d’équipements. Des matériels pourtant déterminants pour la demande en matériaux.

Malgré une certaine résilience en début d’année, les prises de commandes se sont essoufflées, limitant le potentiel de rebond. Par ailleurs, la montée en puissance de l’économie circulaire, recyclage des matériaux inertes et réemploi sur site, contribue à contenir la demande en granulats naturels. Pour autant, cela ne compense pas la baisse globale des volumes.

Ciment : Une activité toujours orientée à la baisse

Le secteur du ciment n’échappe pas à la dégradation générale. En 2025, la production cimentière enregistre un nouveau recul, estimé à près de 5 % sur l’année, prolongeant la forte baisse observée en 2024. Les indices d’activité montrent que le repli demeure marqué, tant en valeur qu’en volume. Ce qui traduit la faiblesse persistante des débouchés dans le bâtiment comme dans les travaux publics.

Comme pour le BPE, la lente reprise du logement neuf n’a pas encore permis de réactiver la demande. Tandis que le ralentissement des chantiers d’infrastructures limite les besoins en liants hydrauliques. A ces facteurs conjoncturels s’ajoutent des enjeux structurels propres à la filière cimentière. A savoir, les investissements lourds liés à la décarbonation, la hausse des coûts de production. Mais aussi les contraintes réglementaires, qui renforcent la pression sur un secteur déjà fragilisé par la contraction des volumes.

Un “atterrissage” en fin d’année 2025 selon l’Unicem

Les indicateurs conjoncturels montrent néanmoins un ralentissement du rythme de décroissance sur la fin de l’exercice. A l’automne, l’activité du BPE ne recule plus que d’environ 4 %. Tandis que la production de granulats tend à se stabiliser sur les derniers mois. Un signal “d’atterrissage“, mais qui ne saurait être interprété comme un véritable point bas conjoncturel.

Pour 2026, l’Unicem anticipe une stabilisation, voire une légère progression, des volumes de BPE, portée par la montée en charge progressive des chantiers de logement. En revanche, les granulats resteraient exposés à un nouveau risque de repli, la contraction attendue des travaux publics continuant de peser sur la demande.

Une filière sous pression

Au-delà des résultats annuels, l’Unicem alerte sur une tendance de fond : la construction pèse de moins en moins dans l’économie française. Autre problème, elle mobilise de moins en moins de matériaux minéraux, à investissement constant. En 25 ans, la quantité de granulats produite par milliard d’euros investis a reculé d’environ 33 %, ce qui montre à la fois l’évolution des techniques constructives, et la montée des contraintes économiques et réglementaires.

Dans ce contexte, l’Union nationale appelle à restaurer au plus vite un environnement politique, budgétaire et réglementaire lisible. Il s’agit là d’une condition indispensable pour permettre au secteur du béton et des granulats de sortir d’une crise, qui s’inscrit désormais dans le temps long et même dans l’histoire.

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