A Firminy, matali  crasset dans les pas de Le  Corbusier

Muriel Carbonnet
07/07/2025
Modifié le 07/07/2025 à 16:01

Au cœur de la 13ᵉ Biennale internationale de design de Saint‑Etienne, l’exposition “Nos pieds d’argile”, signée matali crasset, investit les volumes uniques de l’église Saint‑Pierre, œuvre monumentale de Le  Corbusier.

La designeuse matali crasset investit les volumes uniques de l’église Saint‑Pierre, œuvre monumentale de Le  Corbusier. [© Antony Lanneretonne, ferme HI bride ]
La designeuse matali crasset investit les volumes uniques de l’église Saint‑Pierre, œuvre monumentale de Le  Corbusier. [© Antony Lanneretonne, ferme HI bride ]

Jusqu’au 11 janvier 2026, au cœur de la 13ᵉ Biennale internationale de design de Saint‑Etienne (42), l’exposition “Nos pieds d’argile, à la recherche d’une habitalité pragmatique”, signée matali crasset, investit les volumes uniques de l’église Saint‑Pierre. L’œuvre monumentale de Le  Corbusier, achevée en 2006. Cet évènement instaure un dialogue ancré entre design et architecture brutaliste. Construite sur un socle, inachevé pendant des décennies, avant d’être reprise par l’architecte José Oubrerie, cette église emblématique allie une volumétrie conique singulière et une matière brute  : le béton. Ponctué de gradins périphériques en béton, ce cadre imposant devient le support du parcours stratégique imaginé par matali crasset. La designeuse invite à repenser notre manière d’exister, de circuler, de soutenir et d’agir ensemble.

Trois temps, trois scénarii, trois actes pour repenser notre rapport au monde

Un espace collectif en forme de dôme – le Terrain des communs – est constitué de tabourets mobiles autour d’une structure. [©matali crasset]
Un espace collectif en forme de dôme – le Terrain des communs – est constitué de tabourets mobiles autour d’une structure. [©matali crasset]

L’exposition s’articule autour de trois temps, trois scénarii, trois actes pour réinterpréter notre rapport au monde vivant. Un espace collectif en forme de dôme – le Terrain des communs – est constitué de tabourets mobiles autour d’une structure. De son côté, une cabane, clin d’œil à “Walden ou la vie dans les bois” de l’écrivain Henry David Thoreau, arbore les dessins d’espèces animales locales. En particulier d’oiseaux observés durant le confinement. Invitant les visiteurs à questionner leurs liens au territoire, comme des médiateurs de défense écologique. Enfin, un démonstrateur habitable érigé sur pilotis de 1 m de haut – baptisé “Maison de la restitution” – symbolise une économie circulaire. A savoir le bois, les déchets organiques et les eaux grises, qui sont pensés comme matières à rendre. Comme une micro‑architecture inspirée des habitats néolithiques, une véritable interaction sensible entre l’homme et la terre. En point d’orgue, deux “ fantaisies ” – des œuvres poétiques et inattendues – prolongent les scénarii, offrant une respiration, un rire ou un détour face à des sujets sérieux.

Une vision pragmatique éclairée par la conscience de la fragilité

La designeuse invite à repenser notre manière d’exister, de circuler, de soutenir et d’agir ensemble. [©matali crasset]
La designeuse invite à repenser notre manière d’exister, de circuler, de soutenir et d’agir ensemble. [©matali crasset]

matali crasset engage une démarche hybride entre anthropologie, sciences sociales et design. Elle déplace le design “hors‑sol”, pour le relier à ce qu’elle nomme “le terrain ”. L’exposition propose ainsi un design sensible, expérimental et participatif, loin de l’objet, tourné vers le vivant, l’écologie relationnelle et la co‑construction. Elle interroge aussi la relation au béton : symbole de progrès moderniste, matériau malléable, mais « lourd de conséquences écologiques ».

matali crasset revendique une habileté à l’habitabilité et à la rénovation de ces architectures, plutôt qu’une approche destructrice. Conçue dans les salles basses cloisonnées de l’église, la scénographie s’articule tout autour du gradin circulaire, véritable trame de continuité. Chaque étape permet à la fois un déplacement et un repos, un moment de contemplation, d’écoute, ou de participation active. Une exposition à découvrir sans modération…

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