La FFB alerte sur une troisième année de crise

Arnaud Le Brun
06/10/2025
Modifié le 06/11/2025 à 16:10

Selon la FFB, l’activité du bâtiment vit une troisième année de recul. Le secteur reste plombé malgré quelques signaux positifs.

Article paru dans Béton[s] le Magazine n°120

Olivier Salleron continue d’alerter sur la crise que traverse le secteur du bâtiment. [©Arthur Maia]
Olivier Salleron continue d’alerter sur la crise que traverse le secteur du bâtiment. [©Arthur Maia]

Suite à la censure du gouvernement Bayrou, la Fédération française du bâtiment (FFB) tire la sonnette d’alarme. « Nous voici à nouveau dans une situation d’incertitude politique.  Comme en 2024, la censure a balayé le budget 2026 qu’il préparait. Or, ce dernier comprenait plusieurs mesures indispensables pour assurer la reprise du secteur, toujours dans la crise », précise Olivier Salleron, président de la FFB. Selon les estimations de la fédération, l’activité du bâtiment entame sa troisième année de crise. En effet, de fin 2022 à septembre 2025, la chute cumulée atteindrait 9,5 %. Quant au volume pour 2025, la baisse s’établirait à 3,4 %. Pourtant, plusieurs mesures avaient été prises. Les conditions de crédit se sont assouplies entre mi-2024 et mi-2025. Et le plan de rachat des stocks des promoteurs par Action Logement et CDC Habitat était acté. De plus, la loi de finances 2025, tardive, semblait offrir un répit. Mais la reprise reste fragile. « A fin mars, le logement neuf se redresse. Mais dans les faits, on ne l’observe pas encore en termes d’activité. Cette dernière a été marquée par la chute de nouvelles opérations en 2024. »

Pour 2025, la baisse attendue s’élève 5,7 %, hors effet de prix. En revanche, les mises en chantiers et permis de construire progressent de 9,3 % et 16,2 % en glissement annuel sur 7 mois à fin juillet 2025. Ces mouvements s’observent dans l’individuel, comme dans le collectif. « On peut espérer 300 000 mises en chantier cette année, soit 20 000 de plus qu’en 2024. Mais ce niveau demeure parmi les plus faibles depuis le début des années 1990. »

Des segments dans le rouge

Côté maisons individuelles diffus, les ventes bondissent de 39,1 %, portées par l’élargissement du prêt à taux zéro. A l’inverse, la promotion immobilière chute de 12,5 % sur deux trimestres à fin juin. Quant à l’activité en résidentiel neuf, elle reculerait de 8 % en volume sur 2025. « Aucune amélioration ne se dessine pour l’ensemble, avec des surfaces autorisées sans réelle tendance en glissement annuel sur sept mois à fin juillet. De fait, elles s’affichent à + 3,4 %. Parmi les grands segments, les bureaux s’effondrent à -16,7 %. Freinés par le contexte pré-municipales, les bâtiments administratifs reculent de – 3 %. Les commerces, quant à eux, progressent légèrement de 2,6 %). »

Mais la véritable mauvaise nouvelle vient toutefois de l’amélioration-entretien qui bascule dans le rouge. La FFB espérait une modeste croissance de + 0,6 % en mars. Elle craint désormais un repli de – 0,8 %. « Les rabotages de MaPrimeRénov et les coupes dans les primes CEE pèsent lourd. » De fait, en glissement annuel sur les 2 premiers trimestres 2025, l’activité fléchit de 1 %. Cette dernière a été pénalisée par le recul de 1,4 % de la rénovation énergétique du logement.

L’emploi et les entreprises fragilisées

En ce qui concerne l’emploi, même topo. Le bâtiment a perdu 6 000 postes en 2023 et 2 900 en 2024. Les pertes de créations d’entreprises non-salariées ont limité la casse. Toutefois, 30 000 à 35 000 pertes supplémentaires sont attendues en 2025. Au global, sur 2022-2025, la baisse resterait sous 5 %, bien loin des – 9,5 % de l’activité. Cette adaptation partielle génère une perte de productivité structurelle. Ceci, dû aux défaillances dans le bâtiment en 2024, qui ont bondi de 22,5 %.  Une accalmie est visible en 2025, avec – 1,7 % en glissement annuel sur le premier semestre 2025. Dans le même temps, les créations d’entreprises reculent de 8,6 % dans la construction. Pour la FFB, le principal combat des prochains mois portera sur la reprise du marché et la fédération rappelle que « disposer d’un gouvernement opérationnel est une urgence. Sans la reprise du bâtiment, aucune relance durable de la croissance française n’est possible », conclut Olivier Salleron.

Article paru dans Béton[s] le Magazine n°120

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