Thomas Houseago : Le plâtre se fait presque humain

Rédaction
21/03/2019
Modifié le 30/07/2020 à 14:15

Jusqu’au 14 juillet 2019, le musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente une première rétrospective - “Almost Human” - de l’artiste britannique Thomas Houseago

A travers le prisme de la figure humaine, l’artiste britannique Thomas Houseago (né en1972) investit le musée d’Art moderne de la Ville de Paris jusqu’au 14 juillet prochain. Dans trois salles qui s’ouvrent sur la Tour Eiffel, les sculptures monumentales en plâtre, argile et armatures béton retracent l’itinéraire de l’enfant de Leeds depuis les années 1990.

Des sculptures anthropomorphes de ses débuts, en passant par des silhouettes de monstres, qu’ils soient sculptés ou peints, jusqu’à une salle dédiée à une performance où il ne reste que les traces de l’artiste, celui-ci est aujourd’hui l’un des rares sculpteurs reconnus de sa génération.

Les figures humaines

La première salle reprend les débuts de Thomas Houseago. Tout s’explique par son parcours. En effet, à son arrivée au Central Saint Martins College de Londres, à 19 ans, il puise ses influences chez Henri Moore, Francis Picabia ou Jacob Epstein. Les formes du corps humains émergent peu à peu de ses sculptures en plâtre, jusque-là plus architecturales.

Il se rend à Amsterdam, aux Pays-Bas, puis, à Bruxelles, en Belgique. Il côtoie le artistes Marlene Dumas ou Jan Dibbets. C’est là que se dégage son style. Nouveau départ en 2003, pour Los Angeles, où, après quelques années comme ouvrier en bâtiment, il parvient à se faire une place. Dans cette salle, les techniques du plâtre se côtoient, et les sculptures anthropomorphes semblent chercher l’équilibre. On trouve des matériaux bruts et une technique ancrée dans le dessin.

La seconde salle est une salle de transition où se mêlent des êtres hybrides, passerelles entre les œuvres figuratives et les ensembles architecturés et immersifs, qui constituent aujourd’hui la plus grande partie de sa production. L’année 2010 marque un tournant dans la carrière de l’artiste. Comme le montrent les œuvres de cette salle, son univers s’illustre par la noirceur et les thématiques reflétant des démons, qui ont longtemps pu l’habiter.

L’atelier

A l’extérieur, dans un bassin, face à la Tour Eiffel, on peut admirer un “Ghost” en bronze, qui s’élève vers le ciel. Ensuite, la troisième salle est une immersion au sein de “l’atelier” de Thomas Houseago. L’installation “Cast Studio” représente le retour à une œuvre beaucoup plus performative. L’artiste l’a également voulu participative.

D’ailleurs, il y met en scène son corps. « D’une manière générale, on peut dire qu’il y a deux approches de l’acte de sculpter : l’un consiste à enlever les traces de la main et du geste, l’autre souligne ce geste », souligne Thomas Housegao. Sur une estrade d’argile crue se sont déroulées différentes actions, dont le plâtre ne restitue que les traces. Comme dans son atelier.

Des photographies de Muna El Fituri, sa compagne, et un film co-réalisé avec Thomas Houseago marquent leur première collaboration d’envergure. Ces éléments visuels permettent de mieux saisir l’implication physique nécessitée par la réalisation de cette œuvre, mais aussi de mieux appréhender l’atmosphère de création dans laquelle évolue le sculpteur.

Muriel Carbonnet