La saison 2 du Grand Paris des écrivains est lancée

Muriel Carbonnet
08/10/2021

Le Grand Paris des écrivains saison 2 est toujours une collection de courts métrages. Ceux-ci donnent à entendre la voix d’écrivains contemporains sur des images de la ville aujourd’hui. L’occasion de retrouver mêlés architecture, documentaire, fiction, littérature et poésie.

Le Grand Paris des écrivains saison 2 est toujours une collection de courts métrages. Ceux-ci donnent à entendre la voix d’écrivains contemporains sur des images de la ville aujourd’hui.
Le Grand Paris des écrivains saison 2 est toujours une collection de courts métrages. Ceux-ci donnent à entendre la voix d’écrivains contemporains sur des images de la ville aujourd’hui.

Pour la deuxième saison de la manifestation “Le Grand Paris des écrivains”, le Pavillon de l’Arsenal (Paris IVe) propose dix nouveaux courts métrages documentaires avec les voix off d’écrivains contemporains : Laurent Binet, Patrice Blouin, Laurence Cossé, Marie Darrieussecq, Faïza Guène, Philippe Jaenada, Camille Laurens, Jean-Charles Massera, Emmanuelle Pireyre et Marie Richeux. Ces films courts ont été produits par Année Zéro et le Pavillon de l’Arsenal. Et tournés par Stefan Cornic.

Diffusés chaque mercredi, à partir du 6 octobre 2021, les dix nouveaux épisodes dévoilent le paysage de la métropole que nous traversons quotidiennement sans toujours bien la regarder : le ballet des passants, le flux de véhicules. Mais aussi, les enseignes lumineuses, l’architecture remarquable ou insignifiante. Ou encore, les arbres et herbes folles qui se frayent un chemin dans le bitume… Les films ralentissent le temps et révèlent le Paris d’aujourd’hui, en pleine période de métamorphose.

Le principe de cette manifestation est simple : un écrivain contemporain (différent pour chaque film) choisit avec le réalisateur, un bâtiment, un quartier, un axe, une zone du Grand Paris. Il ou elle écrit alors un texte, du style littéraire de son choix, en lien avec l’espace retenu. La caméra capte l’esprit du lieu. Au montage, des correspondances se tissent entre l’histoire racontée en voix off par l’écrivain et les images tournées. Les films expérimentent une autre manière de dépeindre le Grand Paris, en prenant des chemins de traverse. Ceux que la rêverie des écrivains nous invite à emprunter. Ceux que le Grand Paris en devenir offre à découvrir.

Premier épisode

« J’aime bien la gare Saint-Lazare. Ou plutôt non, je ne l’aime pas trop »,explique le romancier Philippe Jaenada. [©Stefan Cornic]
« J’aime bien la gare Saint-Lazare. Ou plutôt non, je ne l’aime pas trop »,explique le romancier Philippe Jaenada. [©Stefan Cornic]

Le 6 octobre était diffusé le premier opus de la série : “La gare Saint-Lazare” (Paris VIIIe) par Philippe Jaenada. La voix rauque du romancier évoque tour à tour son rapport à cette gare, presque insignifiante, mais aussi le quartier élégant dans lequel elle s’insère : la rue de Turin, la rue de de Constantinople, la rue de Rome… Si ces rues font voyager vers d’autres destinations lointaines, les trains de cette gare ne desservent que la banlieue et la Normandie… On déambule ainsi de la gare aux rues adjacentes, jusqu’au récit d’un fait divers tragique qui a ébranlé la France dans les années 1960. Une chute digne d’un vrai roman, comme Philippe Jaenada sait si bien le faire. 

« J’aime bien la gare Saint-Lazare. Ou plutôt non, je ne l’aime pas trop. Comme tout le monde. Personne n’aime vraiment la gare Saint-Lazare. Elle ne mène pas loin, elle n’a pas le prestige, la charge romantique, le pouvoir propulseur de ses grandes homologues parisiennes. Elle n’évoque rien de spécial, ni le soleil et la Méditerranée, Train bleu, PLM, ni crêpes et les petits ports bretons, ni les pubs de Londres, ni même la choucroute. Ce qu’elle évoque, elle, c’est la petite et grande banlieue, le travail, les trains bondés le soir, au mieux les week-ends en Normandie, la porte à côté – c’est plus pratique en voiture, non ? On ne peut même pas la détester, comme les gares RER, parias ferroviaires. Tout le monde s’en fiche un peu, de la gare Saint-Lazare. On l’emprunte, voilà, avec un mélange d’indifférence et de lassitude. C’est justement pour ça que je l’aime bien, j’ai une certaine tendresse, comme pour un vieux chien boiteux. Car elle a eu son époque de gloire, quand Deauville semblait loin. Mais sa lumière n’a pas survécu aux années 1960. Elle est restée piégée dans le passé. Ou je l’aime bien comme on aime un bâtard sans classe, sans atout, sans éclat […] »

Nous reviendrons chaque mercredi sur l’écrivain et le court métrage mis en avant, dont voici les dates :

Emmanuelle Pireyre : Les Arcades-du-Lac – Mercredi 13 octobre
Marie Darrieussecq : La Porte d’Orléans – Mercredi 20 octobre 
Patrice Blouin : Apollo Minor – Mercredi 27 octobre
Faïza Guène : Quatre-chemins – Mercredi 3 novembre 
Marie Richeux : Meudon-La-Forêt – Mercredi 10 novembre
Laurence Cossé : L’Arche de la Défense – Mercredi 17 novembre 
Camille Laurens : Le Père-Lachaise – Mercredi 24 novembre 
Jean-Charles Massera : Val Fourré – Mercredi 1er décembre 
Laurent Binet : Le dernier trajet de Roland Barthes – Mercredi 8 décembre