Podcast #8 – Mur de Berlin, plus de trente ans déjà…

Mariola Gluzicki
09/11/2021
Modifié le 16/05/2022 à 16:01

Jeudi 9 novembre 1989. Les Berlinois se ruent vers les postes frontières qui traversent le Mur… Dans les jours qui suivent, le “Mur de la Honte” disparaît sous les coups des pioches et des marteaux.

Raconté par Nadia Zanoun – Production & réalisation : Sivagami Casimir

Coup de théâtre ! Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, les forces armées de la République démocratique d’Allemagne déploient des barbelés pour bloquer les rues et les voies ferrées qui mènent à Berlin-Ouest. Des maçons empilent les parpaings, sous la surveillance de policiers et de soldats.

Le Mur de Berlin, projet ultra secret du gouvernement Est-allemand, voit le jour. L’allégorique “Rideau de fer” qui sépare le bloc des pays de l’Est de l’Ouest devient ici un mur de béton.

D'une longueur de 140 km, dont 43 km à l'intérieur même de Berlin, le Mur coupait près de 193 rues, lignes de tramways y compris... [©ACPresse/Frédéric Gluzicki]
D’une longueur de 140 km, dont 43 km à l’intérieur même de Berlin, le Mur coupait près de 193 rues, lignes de tramways y compris… [©ACPresse/Frédéric Gluzicki]

« Avec la construction du mur de protection antifasciste, nous avons stabilisé la situation politique en Europe. Nous avons consolidé la paix », déclarait Erich Honecker, secrétaire du comité central pour les questions de sécurité. En réalité, il s’agit de contenir l’exode massif des habitants vers la République fédérale d’Allemagne. Depuis 1949, entre 2,5 à 3,5 millions d’Allemands sont partis à l’Ouest. Maillon faible de dispositif de contrôle ? La frontière urbaine de Berlin. En effet, il suffit de prendre le métro pour passer à l’Ouest. Cette fois-ci, tous les moyens de transport entre les deux Berlin sont interrompus. Et des troupes soviétiques se tiennent prêtes au combat aux postes frontières des Alliés. 

De fer et de béton

D'une hauteur visible de 3,60 m et épais de 15 cm, les éléments composant le Mur étaient enfuis dans le sol à 2,10 m de profondeur. L'ouvrage, était aussi pourvu d'un système très complet de fils de fer barbelés, de fossés, de chemins de ronde et de miradors. [©ACPresse/Frédéric Gluzicki]
D’une hauteur visible de 3,60 m et épais de 15 cm, les éléments composant le Mur étaient enfuis dans le sol à 2,10 m de profondeur. L’ouvrage, était aussi pourvu d’un système très complet de fils de fer barbelés, de fossés, de chemins de ronde et de miradors. [©ACPresse/Frédéric Gluzicki]

Long de 140 km, dont 43 km à l’intérieur même de Berlin, le Mur coupe 193 rues. A partir de 1972, il devient même infranchissable. La dernière génération du Mur est constituée d’éléments préfabriqués en béton ne pouvant plus être enfoncés par des véhicules. D’une hauteur visible de 3,60 m, épais de 15 cm et larges de 1,20 m, ces éléments sont enfouis dans le sol à 2,10 m de profondeur. L’ouvrage est aussi pourvu d’un système très complet de fils de fer barbelés. Mais aussi, de fossés, de chemins de ronde et de miradors. Quelque 14 000 gardes et 600 chiens sont affectés à la surveillance de l’ensemble du dispositif. Seuls vingt-cinq points de passage permettent la circulation. Treize par la route, quatre par voie ferrée et huit par voie d’eau. 

Durant vingt-huit ans, la Porte de Brandebourg fut prisonnière du Mur, coincée dans le no man’s land séparant les deux Berlin. [©ACPresse/Frédéric Gluzicki]

Plus de 100 000 citoyens de la RDA ont tenté de fuir leur pays par la frontière intra-allemande ou par le Mur de Berlin. Près de 5 043 personnes ont réussi à franchir le Mur et au moins 136 ont été tuées entre 1961 et 1989, lors de tentatives d’évasion.

Une chute non annoncée

Checkpoint Charlie
Situé au croisement de Friedrichstrasse et de Zimmerstrasse, le fameux Checkpoint Charlie a vu Soviétiques et Américains se défier durant près de 30 ans. [©ACPresse/Frédéric Gluzicki]

Jeudi 9 novembre 1989. Le lendemain de la démission collective des dirigeants du parti, tous les citoyens de la RDA sont autorisés à circuler librement. Et à quitter le pays selon l’annonce faite à la télévision Est-allemande. Information aussitôt relayée par les médias de la République fédérale et de Berlin-Ouest. Des milliers de Berlinois se mettent alors en chemin. Sans ordre concret, mais sous la pression de la foule, le point de passage de la Bornholmer Strasse est ouvert peu après 23 h 00. Dès le lendemain, les habitants entament la destruction du mur à l’aide de pioches et marteaux.

Le Mur a disparu du centre-ville en novembre 1990, le reste un an plus tard. Seules, six sections ont été conservées. Aujourd’hui, une double rangée de pavés et des plaques en fonte portant l’inscription Berliner Mauer 1961-1989 immortalisent le tracé historique du Mur.

Vestiges du Mur de Berlin
Quelques mois après la chute, les vestiges du Mur étaient encore présents dans Berlin… [©ACPresse/Frédéric Gluzicki]

La partie la plus connue, située entre la gare de l’Est et le pont de l’Oberbaum, le long de la Spree, mesure 1,3 km. Appelée East Side Gallery, elle comporte 106 peintures murales, réalisées en 1990, œuvres de 118 artistes du monde entier. La plus longue fresque à ciel ouvert du monde ! Fortement dégradée, elle avait retrouvé ses couleurs et ses inscriptions grâce au projet “Write the Wall”. Ce dernier rassemblait les artistes de l’époque. Mais aussi des créateurs anonymes…

Retrouvez aussi l’article sur “Mur(s) de Berlin : Le béton de la liberté”

Mariola Gluzicki