Mon œuf en bois aux Pays-Bas

Muriel Carbonnet
20/02/2020
Modifié le 23/07/2021 à 12:03

Aux Pays-Bas, l’observatoire TIJ en forme d'œuf de sterne, réalisé en bois et posé sur le sable, constitue le point de vue idéal pour admirer la nature et les oiseaux.

L'observatoire TIJ est posé sur le sable comme un œuf de sterne. [©Katja Effting]
L’observatoire TIJ est posé sur le sable comme un œuf de sterne. [©Katja Effting]

Au Sud-Est des Pays Bas. Il est là. Posé sur un banc de sable. Il est en bois et peut accueillir des observateurs, spécialistes ou non, de la faune et la flore locales. Lui, c’est l’observatoire TIJ en forme d’œuf. Sa partie basse étant inondée lors des marées, elle a été conçue en bois modifié Accoya, choisi pour sa grande résistance et son caractère imputrescible. Les architectes Ro & AD et Rau l’ont conçu pour la réserve naturelle de Scheelhoek, à Stellendam. A destination des ornithologues amateurs observant les sternes qui nichent au large des côtes de l’île de Scheelhoek, l’observatoire prend sa forme à partir d’un œuf de sterne.

Autrefois fermé par la route, ce bras de la mer du Nord bénéficie depuis 2018 de la mise en place d’un barrage, avec l’ouverture d’écluses qui permettent à l’eau de mer de rentrer dans la lagune, afin d’en diminuer l’envasement. Ceci, pour rétablir un éco-système plus propice à la biodiversité. La réserve se compose de grands bancs de sable, qui sont autant de lieux de nidification pour de nombreuses espèces d’oiseaux, telles que la sterne pierregarin, la spatule ou la sterne cendrée. 

Un œuf en partie inondable

La partie basse de la structure, souvent inondée, est réalisée en bois Accoya, tandis que le haut est fabriqué en épicéa. Le toit est en chaumes de roseaux, prélevés sur place. [©Katja Effting]
La partie basse de la structure, souvent inondée, est réalisée en bois Accoya, tandis que le haut est fabriqué en épicéa. Le toit est en chaumes de roseaux, prélevés sur place. [©Katja Effting]

La partie inférieure de l’œuf, qui est inondée plusieurs fois par an lors des grandes marées, est en bois Accoya, réputé pour être imputrescible et sans entretien. La partie supérieure, qui reste sèche tout l’année, est en pin. Son toit est couvert de chaumes de roseau, récoltés près du site. Le sol à l’intérieur de l’œuf est fait à partir d’un CLT. Situé à 2,5 m au-dessus du niveau de l’eau, il offre aux visiteurs un point d’observation idéal sur les îles environnantes, les écluses et les bancs de sable dans lesquels les oiseaux peuvent nicher. « Nous choisissons toujours le bois Accoya, parce que nous sommes de grands adeptes de ce bois. Accoya est fabriqué à partir de bois à croissance rapide et a aussi un niveau de durabilité de classe 1. Le bois Accoya peut être utilisé à l’extérieur sans aucun problème », indique Ad Kil, architecte associé.

Une structure de type Zollinger tout en légèreté 

La structure Zollinger est constituée de 417 poutres qui ont été assemblées sur place. [©Katja Effting]
La structure Zollinger est constituée de 417 poutres qui ont été assemblées sur place. [©Katja Effting]

Pour concevoir et réaliser le complexe de la structure en bois du bâtiment, les deux cabinets d’architectes néérlandais ont été assistés de l’agence finlandaise Geometria, avec laquelle ils avaient déjà collaboré, notamment sur le projet d’une tour d’observation Pompejus, toujours aux Pays-Bas, elle-aussi réalisée en bois Accoya. 

Pour reproduire parfaitement la forme d’un œuf, le cabinet Geometria a utilisé une modélisation assistée par ordinateur, pour créer une structure en bois de type Zollinger, constituée de poutres relativement petites, assemblées en nid d’abeille. Ici, les poutres en bois Accoya ont une longueur allant de 1,70 à 2 m, pour une largeur de 12 cm, sur une hauteur de 27 à 30 cm.

L’avantage d’une telle structure est à la fois sa légèreté et sa facilité d’usinage, puisque les 471 poutres de l’observatoire ont été transportées et assemblées sur place, sur la base d’un dessin très précis, car chaque pièce est unique, comme pour un puzzle géant.

Des fixations tout en bois

Les poutres de la structure sont fixées entre elles, grâce à des chevilles en bois, qui relient les poutres de manière invisible. Ces chevilles sont en épicéa, un bois qui se dilate avec l’humidité, ce qui rend la construction encore plus solide. Leurs dimensions varient de 40 mm à 40 cm, en fonction de la connexion à effectuer. Au total, des milliers de chevilles ont été utilisées, de même que de la colle à bois et des boulons de bois.

L’œuf offre aux visiteurs un point d’observation idéal sur les îles environnantes, les écluses et les bancs de sable dans lesquels les oiseaux peuvent nicher. [©Katja Effting]

Le deuxième étage est accessible par un escalier circulaire dans une ouverture centrale. [©Katja Effting]

L’accès à l’observatoire se fait par un tunnel recouvert de sable pour fournir un habitat aux sternes ou aux échassiers. Ce tunnel permet aux visiteurs de ne pas déranger les oiseaux nicheurs. [©Katja Effting]

En fin de vie, l’observatoire pourra être démonté et réutilisé, ou recyclé. Le bois Accoya est l’un des rares matériaux de construction, bénéficiant de la certification Cradle to Cradle (C2C) de niveau gold. Et ceci, pour la 5e année consécutive. Cette certification indique que le bois provient de forêts gérées de manière durable (certification FSC), que son processus de fabrication utilise de l’énergie renouvelable à plus de 50 % et que le taux de réutilisation des matériaux est de 100 %, démontrant ainsi qu’Accoya s’intègre parfaitement dans le cycle C2C.  

Le bois Accoya a également reçu une certification C2C platine pour le volet santé, soit la meilleure distinction possible, après avoir démontré que le produit ne contenait aucune trace de produit chimique toxique.