Podcast #5 – Francis Bouygues, l’épopée du “Roi du béton”

Mariola Gluzicki
26/02/2021
Modifié le 16/05/2022 à 16:24

Francis Bouygues est l’entrepreneur du BTP le plus connu du grand public. Mais difficile de savoir si cette notoriété découle des chantiers réalisés par son groupe ou du rachat de TF1.

Raconté par Muriel Carbonnet – Production & réalisation : Sivagami Casimir

Francis Bouygues naît en 1922 à Paris. Son père est ingénieur de l’armement, puis, ingénieur conseil. Le jeune Francis suit ses traces et sort diplômé de l’Ecole centrale de Paris (1946). Après un passage rapide dans une entreprise de travaux d’entretien, puis chez Dumont et Besson, l’une des entreprises les plus prestigieuses de Paris, il fonde à 29 ans l’Entreprise Francis Bouygues avec des capitaux familiaux. Et, en 1953, la société décroche son premier gros contrat : la construction des bureaux d’IBM Europe à la Défense. 

L’entrepreneur investit le marché immobilier privé et impose une méthode originale : acquérir un terrain, emprunter des fonds et faire financer les travaux par les acquéreurs, avant même la construction des fondations. 

En 1959, pour soutenir le développement de son entreprise, Francis Bouygues s’associe à René Augereau qui lui apporte un important soutien financier. Des filiales régionales apparaissent. Pour valoriser et fidéliser la main d’œuvre, Francis crée l’ordre des Compagnons du Minorange. On est en 1963.

L’innovation qui paie

Le Parc des Princes a été livré au début des années 70.  [©Bouygues Construction]
Le Parc des Princes a été livré au début des années 70. [©Bouygues Construction]

Francis a toujours misé sur l’innovation. Un bureau d’études, un bureau des méthodes et une filiale spécialisée dans la préfabrication, entre autres, permettent à l’entreprise de se démarquer de la concurrence. En 1967, l’arrivé de Pierre Richard en tant que directeur scientifique permet à l’entreprise de combler son retard dans le domaine du béton précontraint. 

Bouygues introduit de nouvelles méthodes de management, se dote d’une organisation hiérarchique, recourt aux nouvelles techniques de planification et adopte, dès 1972, l’informatique.

Le développement de l’entreprise nécessite d’importants investissements. La décision d’une introduction en bourse est prise en juin 1970. Bouygues devient SA et augmente ses activités de génie civil avec, en particulier, la construction du Parc des Princes. 

L’année 1972 marque le début de l’activité internationale. C’est aussi l’année de la création du logo Bouygues. En 1974, c’est Bouygues Off-Shore qui voit le jour. Malgré cette croissance fulgurante, Francis Bouygues garde une forte emprise sur le groupe. Atteint d’un cancer en 1976, il doit se retirer de l’entreprise pour quatorze mois. En 1978, Bouygues assure la construction du terminal II de l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. 

TF1 et la Leçon de piano

Dans les années 80, le développement du groupe est assuré par la croissance externe et la diversification. Francis se renforce dans l’immobilier et se positionne sur le marché de l’ingénierie conseil, via le rachat de l’Américain HDR. Il fait l’acquisition de plusieurs sociétés : Saur, ETDE, Screg, Colas et Sacer, Dragages, Smac Acieroïd. Bouygues devient n° 1 mondial de la construction. 

A partir de 1985, le groupe se diversifie à travers une nouvelle filiale : Bouygues Loisirs. Le point d’orgue est évidemment la reprise de TF1 en 1987. En parallèle, Bouygues marque les esprits avec la construction du Pont de l’Ile de Ré, de la Grande Arche de la Défense ou du Tunnel sous la Manche. 

Travaux de construction de la Grande Arche de la Défense.  [©Bouygues Construction]
Travaux de construction de la Grande Arche de la Défense. [©Bouygues Construction]

En 1989, Francis se retire du groupe et passe la main à son fils Martin, tout en restant l’administrateur. Le groupe réalise alors 57 MdF (8,7 M€) de chiffre d’affaires et emploie presque 70 000 personnes. L’année suivante, l’homme s’engage dans la production de longs métrages, à travers Ciby 2000. Il produit Une époque formidable, Talons aiguilles, ou encore La leçon de piano qui a remporté la Palme d’Or du Festival de Cannes en 1993 et trois Oscars l’année suivante. 

Francis Bouygues disparaît au cours de l’été 1993.

[Source : Service communication de Bouygues Construction et “Francis Bouygues. L’ascension d’un entrepreneur”, de D. Barjot, Revue d’histoire, 1992.]