Eqiom : Une démarche environnementale très globale

Rédaction
28/11/2022
Modifié le 20/12/2022 à 15:29

Eqiom représente 1 500 salariés, dont 500 pour la seule partie “bétons”. Quelque 120 centrales permettent d’assurer un service de proximité.

Article paru dans le n° 103 de Béton[s] le Magazine.

Christophe Bignolas, président d’Eqiom Bétons. [©ACPresse]
Christophe Bignolas, président d’Eqiom Bétons. [©ACPresse]

Comme pour la plupart des acteurs du béton, les dirigeants d’Eqiom doivent faire face au défi de la décarbonation. Christophe Bignolas, directeur général d’Eqiom Bétons, en détaille les modalités : « Près de 90 % de l’empreinte carbone de 1 m3 de béton provient du ciment, d’où l’intérêt de développer trois grands axes. D’une part, utiliser un clinker bas carbone, voire zéro carbone. Puis, viser à réduire la part de clinker dans le ciment. Enfin, diminuer le pourcentage de ciment dans le béton, jusqu’à des limites réalistes, en termes de normes et de résistance des matériaux ».

Lire aussi : La certification RSE “Exemplarité” pour Eqiom Bétons

Cette politique environnementale se décline aussi au niveau des centrales, implantées pour certaines, dans ou à proximité, de centres urbains denses. Comme souvent, les dirigeants ont dû mettre au point des solutions qui satisfassent toutes les parties : la production de béton prêt à l’emploi, la circulation des toupies, mais aussi celle des riverains. En parallèle, Eqiom s’intéresse au développement des véhicules électriques, au remplacement du gazole par du bio-fioul, aux progrès de l’hydrogène… Toutes les pistes qui peuvent permettre de participer, à terme, à la réduction des pollutions en milieu urbain.

Ces démarches sont complétées par des développements importants au niveau des économies d’énergie en production. En remplaçant le coke de pétrole et le charbon par des déchets combustibles, par ailleurs difficiles à valoriser. Toujours au niveau de la production, l’avenir s’écrit au travers du programme K6, qui devrait permettre d’atteindre la neutralité carbone par captage du CO2.

Intégrer des centrales dans des sites urbains

L’intégration de centrales à béton dans un site urbain nécessite des approches très fines, en termes travail visuel et de limitation des nuisances.
[©Eqiom]
L’intégration de centrales à béton dans un site urbain nécessite des approches très fines, en termes travail visuel et de limitation des nuisances. [©Eqiom]

Plusieurs centrales à béton Eqiom sont situées dans des sites urbains et le long de voies navigables, dans une logique de proximité des chantiers et d’acheminement des sables et graviers par voie d’eau. De telles implantations nécessitent des approches très fines, tant au niveau de l’intégration dans le site que de la limitation des nuisances. Des paramètres liés à la sécurité doivent aussi être pris en compte. En effet, certains de ces sites sont situés sur des quais en partie ou en totalité accessibles au public, dans un contexte de mutualisation des espaces.

Lire aussi : Christophe Bignolas, à la tête d’Eqiom Bétons

Par exemple, l’intégration dans le site de Pais-Tolbiac se traduit par des équipements de hauteur limitée, des volumes discrets et des teintes “pastel” qui permettent de se fondre dans le décor. L’organisation linéaire du process favorise l’intégration le long des quais de la Seine, les différentes zones inaccessibles au public sont délimitées pour éviter toute intrusion, incident ou accident. Récemment, un trottoir pavé a même été mis en place le long de la centrale, pour assurer une continuité totale aux joggeurs du quartier.

Les contraintes de bruit et d’empoussièrement sont traitées de longue date. Tout ce qui est produit passe par un filtre dépoussiéreur. Les malaxeurs sont encapsulés. Les camions ne doivent pas utiliser leurs avertisseurs sonores… « Ces sujets sont acquis et ne sont dorénavant plus un problème », indique Christophe Bignolas.

Réutiliser les bétons de déconstruction

L’implantation d’une centrale au milieu d’un espace laissé public impose des mesures de prévention spécifiques.
[©Gérard Guérit]
L’implantation d’une centrale au milieu d’un espace laissé public impose des mesures de prévention spécifiques. [©Gérard Guérit]

En majorité, les bétons de déconstruction sont réutilisés en remblaiement de carrière et en application routière. La direction d’Eqiom a développé l’économie circulaire autour de plusieurs axes. Tout d’abord, la maîtrise des impacts industriels sur les sites de production. Puis la mise en place d’une logistique qui privilégie le transport par bateau. Enfin, le développement d’une offre de solutions constructives durables.

L’ensemble des process de conception et de production est concerné. En particulier pour ce qui concerne la production de bétons bas carbone, mais aussi vis-à-vis de l’utilisation des granulats recyclés. Dans ce cadre, Eqiom a implanté en Ile-de-France une plate-forme de valorisation des bétons issus de chantiers de démolition de la région.

« Le vrai défi est de voir comment nous pourrions atteindre 100 % de revalorisation des bétons de déconstruction et ceci, de façon réaliste, explique Christophe Bignolas. Lorsque qu’il y a incorporation dans des ouvrages plus techniques, tels ceux du bâtiment, il est nécessaire de prendre en compte que ces bétons de déconstruction peuvent être moins bons au plan qualitatif que des granulats neuves. De par leur composition, forme et teneur en fines, impliquant un dosage en ciment plus important. Une démarche qui va à l’encontre du but recherché en termes de décarbonation. Nous estimons qu’il est possible d’intégrer jusqu’à 10 % de bétons recyclés dans le BPE. Sachant que leur utilisation n’est pas possible pour tous les bétons. » Par ailleurs, le recyclage concerne les eaux de lavage (malaxeurs, toupies, équipements…) qui sont traitées, filtrées et réintroduites dans le circuit de fabrication. En général, chaque centrale possède deux circuits d’eau, dont un dédié à la récupération des eaux pluviales.

Capter le CO2 très en amont

Plate-forme de recyclage des bétons de déconstruction de Gennevilliers (92).
[©Eqiom]
Plate-forme de recyclage des bétons de déconstruction de Gennevilliers (92). [©Eqiom]

La politique environnementale d’Eqiom se veut offensive à tous les niveaux. La recherche de la neutralité carbone passe par des projets très importants au niveau des unités de production. A ce jour, trois sites – Lumbres dans le Nord, Herning, en Alsace, et Rochefort-sur-Nenon, dans le Jura – sont en cours de modernisation. L’objectif est de diminuer de façon importante la consommation des fours qui utilisent, en temps normal, du coke de pétrole et du charbon. Des combustibles plus intéressants au niveau économique que le gaz ou le fioul. « Nous arrivons ainsi à réduire de 70 % notre consommation de ces combustibles fossiles, explique Christophe Bignolas. La méthode consiste à les remplacer par des déchets difficilement valorisables , comme les papiers, les résidus de l’industrie, les solvants… La seule contrainte est de devoir  adapter les brûleurs. »

Les avantages sont nombreux : utilisation de combustibles locaux, de combustibles plus économiques, d’une empreinte carbone moindre du fait d’une part de biomasse. Cela permet aussi l’intégration des concepts d’économie circulaire… Sans oublier que l’on évite ainsi que ces déchets soient brûlés, par ailleurs, dans un incinérateur.

Lire aussi : K6, le programme Eqiom de séquestration du CO2

Néanmoins, ces installations, même optimisées, restent émettrices de CO2. Le programme dénommé K6 va beaucoup plus loin, puisqu’il vise à liquéfier et à stocker le CO2dans des sites de séquestration en mer du Nord. Un dossier de candidatures a été déposé au niveau de l’Union européenne. Sept projets ont été retenus. Le seul pour la France est celui d’Eqiom.

Gérard Guérit

Article paru dans le n° 103 de Béton[s] le Magazine.