L’écluse de Berendrecht : Anvers, l’endroit des plus grandes écluses du monde

Rédaction
14/05/2021
Modifié le 30/01/2024 à 16:24

Le port d’Anvers, en Belgique, a débuté les travaux de la nouvelle plus grande écluse du monde. Sachant que le lieu est déjà connu pour ses deux précédents records dans le domaine. Zoom sur celle qui va perdre son titre, l’écluse de Berendrecht.

Le Main Ore lors de la traversée inaugurale de l’écluse de Berendrecht. [©DR]

Dimanche 16 décembre 1989, par un « temps doux, légèrement brumeux et ensoleillé », selon La Libre Belgique, sous l’œil du roi des Belges, Baudoin, le super vraquier/navire-citerne Main Ore, d’une capacité de 275 000 t entre dans le port d’Anvers par l’écluse flambant neuve de Berendrecht. C’est un moment solennel, celle-ci entre officiellement dans le livre des records comme la plus grande écluse du monde, détrônant l’écluse de Zandvliet, sa voisine de 10 m…

L’histoire devrait se répéter dès 2016, l’écluse de Berendrecht devant se faire détrôner à son tour par sa petite sœur, elle aussi construite, à Anvers : l’écluse de Deurganck. Une écluse qui ne battra son aînée que par sa profondeur de 17,80 m. Pour le reste, ce sera une copie conforme. L’écluse de 1989 étant un modèle du genre.

650 000 m3 de béton

L’écluse de Berendrecht depuis sa porte continentale. [©DR]

A l’époque, aucun ouvrage de ce type n’avait la capacité de laisser passer les plus gros navires, ceux de 65 m de large. Avec ses 68 m de large, ses 500 m de long et ses 13,50 m de profondeur, Berendrecht est un monstre de la marine marchande. Rien que pour le chenal d’accès, il a fallu couler 70 000 m3 de béton armé. Ce n’est rien en comparaison du fond du sas, constitué de dalles de béton épaisses de 1 m, posées sur une couche drainante de 60 cm. L’étanchéité du dispositif a été assurée par des joints de dilatation, assurant leur lien. Même principe pour les bajoyers. Des blocs distincts ont été composés d’une base lourde et d’un mur formant la paroi. Au total, ce sont 580 000 m3 de béton qui constitue l’imposante structure. L’ensemble des dalles ayant été préfabriqué sur les docks. Mais sur ce chantier, il n’y eu pas eu que la quantité de béton écoulée qui a été exceptionnelle, sa composition l’a été tout autant. En Belgique l’écluse de Berendrecht a été un chantier pilote pour l’incorporation de bétons concassés dans les formules. Entre 1982 et 1989, ce ne sont pas moins de 200 000 t de granulats issus du recyclage qui ont servi. Au départ, ceux-ci étaient utilisés à hauteur de 40 à 50 %. Mais face à la diminution de la résistance au fendage et l’augmentation de l’absorption d’eau, les calculs ont été revus à la baisse, jusqu’à 20 %. Norme encore en vigueur. Ainsi, l’écluse de Berendrecht n’a pas seulement changé le visage du port d’Anvers, mais aussi celui de la construction belge.

Projet type pour les bétons concassés

Les Anversois s’apprêtent donc à rentrer pour la troisième fois consécutive dans le livre des records avec leurs écluses, ce qui constitue en soi un autre record. Un fait qui ne doit pourtant rien au hasard. Le port d’Anvers, le 2e d’Europe, est un port de haute mer bien reculé dans les terres de Belgique. Les super vraquiers empruntent le cours de l’Escaut pendant une quarantaine de kilomètres pour accoster le long des docks. Mais, face à la marée, les bateaux ont un temps plus que réduit pour faire l’aller-retour mer-port. D’où une situation quotidienne d’embouteillage. La construction régulière de nouvelles voies d’accès et de nouvelles écluses étant nécessaire pour maintenir la place de leader du port. C’est ainsi que Deurganck viendra porter main-forte à ses grandes sœurs Zandvliet et Berendrecht.

Yann Butillon

Vous avez aimé cet article, et avez envie de le partager ?

Réagir à cet article