Modifié le 11/08/2020 à 16:03

Depuis le boulevard périphérique parisien et la porte de Gentilly, le nouveau concept Jo & Joe ne passe pas inaperçu. Ses 8 niveaux dans un environnement de constructions plutôt basses, ses façades en aluminium anodisé tranchent sur un entourage immédiat plutôt banal et typique de l’entre-deux-guerres.

Périmètre de protection, réglementation incendie et durabilité

L’ensemble des structures en CLT s’articule autour d’un noyau central en béton. [©Agence Viguier]
L’ensemble des structures en CLT s’articule autour d’un noyau central en béton. [©Agence Viguier]

Le projet fait face à l’Eglise des Portugais, bien connue des automobilistes qui entrent dans Paris par l’Autoroute A6. L’édifice est classé, ce qui a nécessité quelques adaptations, sans oublier les riverains, qui voyaient au départ d’un mauvais œil cette construction susceptible de “faire masse”, autour d’un bâti environnant de hauteur limitée. Autant pour des raisons esthétiques que de vieillissement et de réglementation incendie, l’architecte a fait le fait le choix d’habiller les façades de panneaux en aluminium anodisé /irisé. Cette finition, a prioritrès résistante dans la durée, fait de plus varier l’aspect des façades en fonction de la luminosité et de l’orientation du soleil. Dorée le jour, cette peau extérieure prend une teinte bleutée à la nuit tombante.

Les panneaux de façade sont approvisionnés par la route, manutentionnés avec la grue du chantier et assemblés à l’aide de tirefonds. [©Agence Viguier]
Les panneaux de façade sont approvisionnés par la route, manutentionnés avec la grue du chantier et assemblés à l’aide de tirefonds. [©Agence Viguier]


L’esthétique est une réussite. Cet habillage apporte une légèreté visuelle bienvenue, mais il propose aussi d’autres atouts. Dans cet environnement urbain très pollué, avec la proximité immédiate du boulevard périphérique, il est probable que ces façades très lisses conserveront très longtemps et sans entretien l’aspect du neuf. Olivier Delgrange, directeur de projet pour AccorInvest, précise : « Réglementairement, il n’était pas possible non plus de laisser les structures bois apparentes. Les règlements visant à limiter la transmission du feu par les façades imposent la création d’une coupure à chaque niveau, ce qui a été rendu possible par cette technique, les profilés de “coupure” mis en place à chaque niveau permettant de plus d’alléger visuellement l’ensemble ».
Jean-Paul Viguier confirme que de nombreuses discussions et adaptations ont eu lieu pour éviter d’avoir à demander des Atex, sources de retard, en particulier pour la mise au point des panneaux de façade, pour lesquels ont quand même été pratiqués des essais (concluants) de prise au vent.

CLT, lamellé-collé… et béton

A chaque niveau (sauf aux derniers étages), les panneaux en CLT restent apparents en plafond. [©Agence Viguier]
A chaque niveau (sauf aux derniers étages), les panneaux en CLT restent apparents en plafond. [©Agence Viguier]

Le CLT (Cross Laminated Timber), que l’on peut traduire par “bois lamellé croisé” est à l’honneur dans ce bâtiment, puisqu’il est utilisé pour la structure porteuse, les murs et les planchers. Ces panneaux sont composés d’éléments de bois massif encollés par couches et croisés entre eux, toujours en nombre impair, assemblés et collés par pression latérale.
D’une part, le CLT permet de grandes portées et des résistances élevées pour des sections limitées. Et comme tout système de construction bois, il apporte une légèreté bienvenue sur un sol de portance médiocre. D’autre part, s’ajoutent à cela tous les atouts de la filière sèche : rapidité d’exécution, transfert d’une partie des tâches en atelier et nuisances réduites pour les riverains.

Certaines configurations impliquent l’emploi d’éléments en acier. [©Agence Viguier]
Certaines configurations impliquent l’emploi d’éléments en acier. [©Agence Viguier]


Pour être précis, il faut plutôt parler s’une structure “bois/béton”, puisque le noyau central, qui intègre les ascenseurs et les escaliers de service, est en béton, une solution quasiment incontournable avec 8 niveaux, et donc obligatoirement un ou plusieurs ascenseurs. 
Si l’on excepte les fondations, les infrastructures, le rez-de-chaussée et le noyau central réalisés en béton, il n’aura fallu que 3 mois pour mettre en place les sept niveaux en bois (structures, façades et planchers), fabriqués par la société basque  Egoin et mis en œuvre par l’entreprise Lorraine le Bras, sous-traitant de l’entreprise générale Demathieu et Bard. 
Au total, cette opération aura nécessité 18 mois de travaux, finitions comprises. De l’avis du maître d’ouvrage, les techniques retenues ont permis de réduire les délais de six à huit mois, comparativement à une solution “tout béton”, sans oublier la suppression des autres contraintes déjà citées.

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