Jacques Tissinier : A l’ombre des Cathares

Rédaction
18/01/2017
Modifié le 06/04/2020 à 16:43

Il vient de l’Aude et est installé en Ile-de-France depuis plus de 40 ans. Il a fait les beaux jours de l’art urbain des années 1970 à 1990. Rencontre avec l’artiste Jacques Tissinier.

Il vient de l’Aude et est installé en Ile-de-France depuis plus de 40 ans. Il a fait les beaux jours de l’art urbain  des années 1970 à 1990. Rencontre avec l’artiste Jacques Tissinier.

Du haut  de ses 80  ans, Jacques  Tissinier  est  toujours  très  prolixe  sur  son travail. D’abord peintre, puis sculpteur, il a voué son œuvre à un destin signalétique, à l’art urbain et autoroutier : les “Tissignalisations”. Il signe d’abord aux abattoirs de Pamiers (09) une première œuvre murale signalétique en laque sur métal (1968), déplacée récemment vers la verrière de l’ancien hôpital de la ville. Et les abris bus de Port Barcarès (66),  en acier émaillé au four (1969). Puis, il “s’attaque” aux autoroutes et aux bâtiments publics avec des œuvres, qui rivalisent de force, d’élan : véritables signes incontournables placés au carrefour de notre quotidien. Dans le secteur des Corbières (11), on peut encore découvrir  l’aire  “la plus  fluviale”  de  Port-Lauragais  (31),  “la plus  festive”  du  Belvédère d’Auriac (11)  et “la plus fortifiée” celle de la forteresse de Salses (66).  Enfin, selon Vinci Autoroutes (ex-Autoroutes du Sud de la France, Cofiroute, Escota et Arcour), l’aire “la plus  énigmatique”, celle de Pech Loubat (11). Cette sculpture monumentale en béton, baptisée “Les Chevaliers cathares”, a été installée en 1980, en bordure de l’autoroute des Deux Mers sur le territoire de Narbonne. Elle regroupe trois “chevaliers” en béton de 13 m de haut chacun, qui « évoquent le souvenir cathare ». Surplombant l’A61, cet ensemble propose une  vision  conceptuelle  des  chevaliers  cathares.  Les silhouettes,  épurées,  ressemblent peut-être davantage à des robots sentinelles géants, qui veillent… Un véritable observatoire. Jacques Tissinier a signé également en 1998,  le mur d’enceinte des établissements Sika, au Bourget (93),  toujours visible. Sur 86 m de long, se déroule une sculpture minérale monumentale en bas-reliefs, dont les éléments esthétiques qualifient l’image de marque de Sika : la métamorphose d’un triangle magique. Ces éléments sont en béton architectonique constitué de granulats de silex des carrières de Seine-Maritime et désactivé au démoulage. Une préfabrication assurée par Cibetec. C’est le président directeur général de Sika France à l’époque, Robert Diez, venant d’ASF et ayant apprécié les Chevaliers cathares, qui avait sollicité l’artiste pour cette création.

M. C.

Le nom de Tissinier dérive du mot tisserand “Tesseyres”, en languedocien. Au XIIe siècle, à l’époque de la croisade contre les Albigeois, les Cathares étaient communément appelés les tisserands à la robe de lin blanc, propageant les idées de l’hérésie.

Dans les années
1980-1990, l’art
autoroutier a connu
son heure de gloire à la
faveur de la commande
publique et de la règle
du “1 %” qui réservait,
sur un chantier, une
somme destinée à
la réalisation d’une
oeuvre décorative. Ici,
l’aire de Maillé de
l’A10 (mémorial à la
Résistance, 1977).

Les stations
Madeleine et Pyramide
de la ligne 14 du métro
parisien, c’est un peu
la chapelle Sixtine
de Jacques Tissinier.
Cette “Tissignalisation
n° 14”, 1997, est une
installation, mettant en
oeuvre 2 600 disques
d’acier coloré.

En 1998,
Jacques Tissinier
a également signé
le mur d’enceinte
du site Sika, d’une
longueur de 86 m, au
Bourget (93), qui est
toujours visible.

 

Cette sculpture
des Chevaliers
cathares est
directement à l’origine
de la chanson “Les
Chevaliers cathares”
de Francis Cabrel
dans laquelle il [les]
évoque qui « pleurent
doucement Au bord de
l’autoroute ».

 

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