Huger ou quand tradition rime avec innovation !

Rédaction
14/02/2018
Modifié le 14/05/2019 à 12:18

Jean-Luc Huger est maçon dan la Sarthe. Très tôt, il décide de se spécialiser dans la construction neuve et la rénovation sur la base de matériaux naturels. Découverte.

Jean Luc Huger devant sa maison… neuve ! [©Entreprise Huger]

Jean Luc Huger devant sa maison… neuve ! [©Entreprise Huger]

Jean-Luc Huger est maçon dan la Sarthe. Très tôt, il décide de se spécialiser dans la construction neuve et la rénovation sur la base de matériaux naturels, qu’il s’agisse de la structure ou des finitions. La démarche est globale, quitte à remettre en cause certaines “évidences” validées en construction neuve.
Alors jeune entrepreneur, Jean-Luc Huger décide à la fin des années 1980 de se spécialiser dans l’habitat traditionnel. Il se tourne d’abord vers la restauration, adhère à l’association des Maisons Paysannes de France et suit dans la foulée des stages de mise en œuvre de matériaux traditionnels… C’est à ce moment qu’il décide de construire sa propre maison sur la base d’une architecture du XVIIIe siècle. La réalisation de la bâtisse et des dépendances nécessitera trois ans de travaux menés en parallèle de l’activité de son entreprise. Cet investissement va se transformer en “show-room”, véritable vitrine de son savoir-faire à destination de futurs clients, qui recherchent des entrepreneurs, capables de travailler ces modes constructifs. La maison et ses dépendances serviront aussi de laboratoire, afin de tester les enduits, les badigeons et les peintures, et surtout le montage de murs en béton de chanvre. A tous les niveaux, Jean-Luc Huger profite de cette construction pour remettre au goût du jour des techniques anciennes, qui, si elles donnent satisfaction, sont ensuite exposées et proposées à la clientèle.

Tradition et innovation
Depuis quelques années, cette spécialisation trouve déjà des débouchés en restauration et en rénovation. La Sarthe, en général et le Perche, en particulier sont des régions de chanvre, de chaux, de pisé, de pans de bois… des techniques, qui nécessitent un savoir-faire pointu. Dans ces contrées verdoyantes, les particuliers sont nombreux à vouloir restaurer, rénover ou agrandir des maisons anciennes, dans le respect de l’architecture, en prenant aussi en compte les possibilités de mixage (ou non) entre des matériaux anciens et d’autres… plus contemporains. Notamment, pour les planchers, qui font souvent appel à un solivage en chêne, Jean-Luc Huger utilise des bardeaux de terre cuite mis en place sur les solives. Ils sont utilisés comme coffrages perdus, pour être ensuite recouverts d’un enduit plâtre, puis d’une chape de béton de chaux. Autre exemple, les cloisons qu’il réalise sont de véritables colombages remplis d’un mélange de chanvre et de chaux (BCB, à Besançon – 25). De plus, pour donner aux toitures une certaine inertie thermique, gage d’économies d’énergie, mais aussi d’un confort d’été satisfaisant, l’entrepreneur a recours à des lambris en chêne, dont la sous-face constitue le plafond des pièces, le plus souvent des chambres. Au-dessus de ce “coffrage”, une épaisseur d’environ 20 cm d’un mélange de chanvre et de chaux apporte à la toiture à la fois isolation thermique et inertie.

En rénovation comme en construction neuve, le maintien de techniques traditionnelles, spécialité de l’entreprise Huger. [©Entreprise Huger]

En rénovation comme en construction neuve, le maintien de techniques traditionnelles, spécialité de l’entreprise Huger. [©Entreprise Huger]

Logique et simplicité
En construction neuve, Jean-Luc Huger a fait dorénavant le choix de traiter le gros œuvre avec des blocs de chanvre (“Biosys” de Vieille Matériaux, à Etalans – 25), le seul système neuf permettant d’être en phase avec les autres matériaux qu’il affectionne : enduits à la chaux, chanvre, plâtre, terre… « Je privilégie l’homogénéité des matériaux naturels, respirants et conservant toutes leurs caractéristiques dans le temps. C’est aussi vrai aussi bien pour les finitions intérieures et extérieures, réalisées à base de peintures à l’huile de lin, d’enduits à la chaux, de laits de chaux ou de badigeons », explique Jean-Luc Huger. Ce dernier estime que des structures suffisamment respirantes et homogènes permettent des conditions de vie saines, sans avoir recours à une VMC. Et dans le cadre de constructions, très économes en énergie. Sa démarche contribue à alimenter le débat entre les partisans de constructions très isolées et très étanches et ceux qui veulent prendre un peu de recul, par rapport à des réglementations thermiques successives, qui, du point de vue de Jean-Luc Huger, ont tendance à s’éloigner… du bon sens ! Les commandes sont ainsi au rendez-vous, le seul problème récurrent étant de trouver du personnel motivé, surtout assez formé et stable dans la durée…

Gérard Guérit